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After All Springville Disasters and Amusement Parks : un ravissement hilarant pour petits et grands

After All Springville Disasters and Amusement Parks : un ravissement hilarant pour petits et grands

03 March 2023 | PAR Eleonore Carbajo

Brest en fête pour une programmation artistique éclatée dans divers lieux culturels de la ville. Au programme, le spectacle After All Springville Disasters and Amusement Parks, mis en scène par Miet Warlop, à la Maison du Théâtre.

Simples objets ou créatures humaines ?

Une maison en carton trône au centre de la scène, piquant la curiosité des enfants présents dans la salle. Sur le mur extérieur à droite de la maison, l’on voit dépasser des jambes dans ce qui semble être l’encadrement d’une fenêtre, ainsi qu’un ballon de baudruche qui gonfle et qui gonfle. Il n’en faut pas plus pour que l’imagination fasse son travail, avant même que ne commence le spectacle. Pourtant, loin de nous l’idée de prédire les événements d’une absurdité sans nom qui se succèdent dans cette pièce aussi drôle que belle à regarder.

Mise en scène par Miet Warlop, les planches de la Maison du Théâtre brestois n’ont sans doute pas encore vues passer des événements si anormaux se dérouler depuis longtemps. Avec un répertoire de pièce aussi divers que cohérent et “circulaire” comme elle aime à le rappeler, Miet Warlop nous fait voyager dans un univers imaginaire… jusqu’à ce que l’on finisse par se reconnaître en lui.

Qu’en est-il dès lors de s’identifier à des créatures parfaitement objets, mais qui nous semblent pourtant tout à fait proches et profondément humaines dans leurs attitudes ? C’est le défi réussi de cette création d’où sort de cette maison en carton – ce décor rudimentaire mais pourtant parfaitement adéquat – une pagaille de Choses. Un compteur électrique qui renferme un personnage aux allures humaines, un carton doté d’une longue-vue à travers laquelle il évolue dans l’espace tout en laissant transparaître les jambes d’une jeune fille, ce n’est pas grand-chose, mais c’est là. Une table aux jambes longilignes, perchée sur des escarpins noirs ? Soit. Un géant de plus de trois mètres qui parle une langue inconnue ? Lui-même. Ces personnages, Miet Warlop et leurs interprètes font le pari que vous n’arriverez pas à échapper à leur charme et à leur sensibilité si particulière. Un tremblement, une curiosité enfantine, une démarche de sportif et le tour est joué, ces objets n’ont semblent-ils jamais été aussi humains et attendrissants.

Le triomphe de l’absurde dans une mise en scène spectaculaire

Au milieu de ce tumulte, la maison, l’homme, qui fait une entrée fracassante dès les premières secondes du spectacle, comme vomi par l’habitation elle-même dans un vol plané hallucinant par-dessus la fenêtre. Il évolue entre toutes ces bizarreries, trouvant refuge dans le logis, mais participant aussi à leur mutilation. La maison engloutit et recrache, comme le générateur de l’absurdité de cette création théâtrale. Car le grand atout du spectacle, au-delà du travail scénographique, c’est l’exploit sportif de l’interprète de la table qui porte une somptueuse vaisselle pendant tout le long de la pièce sans faiblir, mais aussi des deux “siamois” qui synchronisent leurs mouvements dans une posture acrobatique qui n’en a pas l’air, pendant toute la durée du spectacle. La mise en scène est à la hauteur de l’interprétation des comédiens ; spectaculaire, elle nous plonge dans l’univers de la créatrice, et nous fait tressaillir de joie à chaque événement étincelant. La magie opère véritablement, comme en témoigne cet aperçu du spectacle quelques mois auparavant à Strasbourg.

Côté effet sur le public, le résultat est sans appel : il n’y a pas besoin de tendre l’oreille pour se rendre compte de l’entrain des enfants présents dans la salle qui gloussent de plaisir à chacune des interventions des créatures. L’effet comique semble irrésistible, pour les petits comme pour les grands, notamment les répliques de ce drôle de géant sportif qui parle dans un charabia incompréhensible – d’ailleurs seule prise de parole de cette pièce dont la gestuelle se suffit à elle-même.

Pourtant, se succèdent sur scène une série de catastrophes, comme en témoigne le titre même du spectacle. Ces désastres à l’échelle individuelle semblent fédérer ce petit groupe hétérogène et maladroit, à l’exception du plus humain d’entre eux. Explosion, incendie, chaque créature part en fumée, s’effondre tragiquement. La maison, une véritable bombe à retardement d’une catastrophe qui signe la fin du spectacle, explose de l’intérieur sous la pression d’une gigantesque structure gonflable. À la fin du spectacle, c’est le premier rang du public qui semble lui-même englouti dans cette mise en scène spectaculaire et grandiosement absurde.

C’est une troupe souriante, dont on découvre enfin les traits du fait de leurs travestissements en objets durant la performance, qui vient saluer un public charmé sous un tonnerre d’applaudissements !

Visuel : EC

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Eleonore Carbajo

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