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Rokia Traoré fait vivre le Mandé au Festival d’Avignon

Rokia Traoré fait vivre le Mandé au Festival d’Avignon

25 July 2017 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Pour le 71e Festival d’Avignon, la chanteuse Rokia Traoré se transforme en griot, dans la cour du Musée Calvet. Un moment suspendu, au rythme de sa voix, de la Kora, du Ngoni et du vent dans les feuilles du vieux platane. 

25 juillet. Depuis 19 jours Avignon est studieuse, pleine de spectateurs amateurs et professionnels qui courent les (bons) spectacles. Il arrive un moment où il faut alléger le mouvement, le rendre beau et suspendre le temps.  La commande faite à Rokia Traoré arrive à point nommé. Ce concert-récit est inscrit dans le focus sur l’Afrique Subsaharienne dans lequel on a pu voir l’excellent Kalakuta Republik de Serge Aimé Coulibaly et qui sera clôturé par Femme noire d’Angélique Kidjo, Isaach de Bankolé dans la Cour d’Honneur ce soir et demain ( il reste de la place)

Hier, c’était la dernière de Dream Mandé-Djata. Sur scène, Rokia Traoré est assise, dans une robe ivoire aux manches imposantes. A cour, Mamadyba Camara joue de la Kora, à jardin, Mamah Diabaté joue du Ngoni, cette guitare en bois aux allures de violon. Ce spectacle, qui sera repris du 30 août au 2 septembre au Zürcher Theater Spektatel à Zürich, nous embarque dans un conte fondateur de la culture malienne, puisque de cette histoire est tirée d’un air qui est joué dans les mariages.

Rokia, conteuse assise et lumineuse nous raconte en français et chante, grâce à des chants classiques mandingues, l’histoire de l’empereur Soundiata Keïta  pour qui le chasseur-prédicateur a prévu un mariage avec une femme mélancolique, au dos blessé. De cette étrange union naîtra un fils diminué qui pourtant sera un roi puissant et juste.

La musique sert de toile de fond au récit, elle est douce belle, comme écrite d’une seule traite, sans coupure. Dream Mandé est un hommage à l’art multiséculaire des griots, il est aussi un réquisitoire politique essentiel qui oeuvre pour la réhabilitation d’une histoire africaine non coloniale.

La morale de cette histoire est évidement très politiquement correcte. La beauté de l’âme doit être la plus grande et un roi ne doit jamais oublier ses devoirs.  Une petite leçon qui devrait être jouée tous les jours à l’Elysée tant que l’Elysée existera.

Dans les douces lumières magnifiées par la cour classée du Musée Calvert, Dream Mandé restera comme un enveloppement salutaire et bienveillant.

Visuel :  (c) Christophe Raynaud De Lage

Bilan du 71e Festival d’Avignon
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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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