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[Interview]: Los Van Van, Juan Carlos Formell: “Nous allons continuer à exploiter les nouveaux sons, la modernité tout en respectant l’authenticité de la musique cubaine.”

[Interview]: Los Van Van, Juan Carlos Formell: “Nous allons continuer à exploiter les nouveaux sons, la modernité tout en respectant l’authenticité de la musique cubaine.”

13 June 2014 | PAR Marie Charlotte Mallard

Samedi 7 Juin, l’ambiance était à la fête dans la ville d’Enghien les bains, où toute la journée ont résonné les sonorités cubaines. Fanfare, Dj Set, et groupes de musiques latines ont investi la ville qui à cette occasion avait aménagé une piste de danse dans ses jardins. Une journée festive préparant au concert du soir, et à la venue du mythique groupe cubain Los Van Van dont le concert sur la scène flottante réunit plus de 12000 pour un concert exceptionnel à l’occasion des 45 ans du groupe et en hommage à son fondateur décédé en mai dernier Juan Formell. A cette occasion nous avons pu rencontrer son fils de Juan Carlos Formell, héritier de sa musique à qui il revient maintenant la tâche de continuer à faire vivre et évoluer la musique des Van Van dans le monde entier.

Los van van fait partie du patrimoine cubain, de l’histoire de la musique comme de la danse qu’il a révolutionnée et véritablement fait évoluer. La proximité physique avec le public était très importante pour Juan Formell qui tenait à rester accessible, quelle influence cette proximité, ce lien a-t-il eu sur l’élaboration de vos compositions? Certains titres vous sont-ils venus directement de ce lien avec les gens ?

Mon père était très connu et reconnu comme une sorte de  chroniqueur de la vie cubaine. Tout, dans ses chansons traite de la vie cubaine, de la vie actuelle des gens. Ça a créé un lien très fort entre lui et le public. De plus, ces textes sont accompagnés d’un mélange des anciennes musiques populaires traditionnelles, le conjunto et de la musique internationale. Le jazz, le rock ont en encore plus accentué ce lien et fait en sorte que tout le monde s’y retrouve. Mais pour moi, le plus important dans ses chansons et ses compositions ce sont réellement les textes. Ce sont eux qui sont connectés avec les réalités de la vie cubaine, les gens s’y reconnaissent. Mon père aimait partager la vie des gens, les rencontrer quotidiennement et avoir leur sentiment sur ses chansons. C’est maintenant ma responsabilité à moi et mes frères de maintenir ce lien avec leur public. Tout le monde à Cuba attend de voir comment ça va se passer, comment nous allons évoluer, et réussir à maintenir ce lien avec le public et ce que nous allons faire musicalement.

Vous parliez de l’importance des textes dans la musique de votre père, de manière générale dans la musique cubaine ils sont le témoignage de événements passés, de l’expérience, les vôtres sont souvent très recherchés et revêtent ironie et double sens, est-ce important de porter un message ?

Oui bien sûr. Mon père s’est imposé comme un porte-parole de toutes les difficultés de la vie cubaine, du quotidien de ce pays. Cette ironie, il la tient directement du peuple cubain, de ces gens qu’il côtoie et rencontre dans la vie.  Il les représente dans tous ses textes, c’est pour cela aussi que le public se sent proche. Parfois les gens ne sont pas au courant de tout, ils sont au courant de la politique, des grandes affaires internationales, des choses officielles mais le groupe racontait surtout les petits détails de la vie. Le peuple cubain se sent représenté par ce groupe, tout le peuple cubain, quel qu’il soit ! A nos concerts il y a des vieux, des jeunes, qui se retrouvent, qui retrouvent leur vies, leurs expressions dans nos textes et qui par notre musique se réunissent qu’importe d’où ils viennent. Mais vous savez, pour mon père l’important était avant tout de donner de la joie à son peuple.

Parlez-moi du Songo, quelque chose que les Van Van ont inventé et de sa dérive vers la Timba ? Quelle est la différence entre ces deux genres ?

Le Songo est le genre inventé par mon père et en particulier par les  Van Van. Le traitement du rythme, de la mélodie, sans oublier la ligne de basse tellement importante, c’est particulier aux Van Van. De là, nous sommes arrivés à la Timba, par des musiciens comme José Luiz Cortes qui est le directeur de NG la banda, qui a fait partie des Van Van et par Chucho Valdez également. Dans la Timba, il y a un mélange du Songo, de la Charanga, de l’Habaneira qui vient du rythme oriental, de la Santeria,  et de l’Abacua. Toutes ces personnes ont créé la Timba cubana, mais en réalité puisque tout est parti du Songo, mon père est un peu le père de cela aussi, car au Songo sont venues s’ajouter les influences des autres orchestres….

Etre ancré dans la tradition et avoir un pied dans la modernité est -ce  ce qui vous caractérise, alors vers quoi vont évoluer les Van Van ? Je pense notamment à des genres hybrides comme l’electro-swing …

Ils vont continuer internationalement, ils vont continuer à exploiter les nouveaux sons, les nouveaux formats, les nouvelles formes d’expressions, et évidemment la nouvelle technologie mais tout en gardant le côté populaire de Cuba. Mes frères et moi sommes les garants de cela maintenant ! Nous nous devons de rester en lien avec notre peuple. A Cuba nous cherchons toujours des nouveautés, des nouveaux, sons, nous cherchons toujours à développer les choses par rapport à ce qu’on entend. Notre mission c’est de réussir à tendre vers la modernité tout en respectant l’authenticité de la musique et de la culture cubaine.

Pour mon père, être Van Van c’était être meilleur cubain, parce qu’il essayait véritablement de représenter la meilleure partie de Cuba, tant sur le plan intellectuel que populaire en jouant avec différentes formes d’expressions, musicales, textuelles et corporelles. Il cherchait toujours à tirer le meilleur parti de la culture cubaine pour aller de l’avant. Nous allons continuer ce travail et chercher toujours plus loin. C’est important pour nous de respecter cet héritage.

J’ai conscience du fait que ce soit un révolutionnaire dans le cadre artistique de Cuba, conscience qu’il a essayé d’apporter quelque chose de nouveau mais surtout de donner de la joie à son peuple. La mission de mon père et maintenant nous autres Van Van, est toujours de porter ce mode de penser.

Quel regard portez-vous sur le travail de votre père ?

De la fierté et du respect. Il a participé à faire connaître notre musique, notre culture partout dans le monde, joué dans les plus grandes salles et surtout donné de la joie tout en racontant les réalités de la vie cubaine!

Quelles sont vos chansons favorites et selon vous les plus emblématiques ?

Sandunguera, qui s’appelle réellement Por ensimo de nivel, et Te pone la cabeza mala. Il y a beaucoup de chansons et j’ai une affection particulière pour quasiment toutes. Dans les nouvelles, je dirais Chapeando que j’aime beaucoup et Soy todo.

Visuels: © Antoine Anzieu

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Marie Charlotte Mallard
Titulaire d’un Master II de Littérature Française à la Sorbonne (Paris IV), d’un Prix de Perfectionnement de Hautbois et d’une Médaille d’Or de Musique de Chambre au Conservatoire à Rayonnement Régional de Cergy-Pontoise, Marie-Charlotte Mallard s’exerce pendant deux ans au micro d’IDFM Radio avant de rejoindre la rédaction de Toute la Culture en Janvier 2012. Forte de ses compétences littéraires et de son oreille de musicienne elle écrit principalement en musique classique et littérature. Néanmoins, ses goûts musicaux l’amènent également à écrire sur le rock et la variété.

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