World
Ile Maurice, l’Inde du Nord, le Bangladesh à l’honneur de la collection Ocora Radio France

Ile Maurice, l’Inde du Nord, le Bangladesh à l’honneur de la collection Ocora Radio France

22 July 2017 | PAR Jean-Christophe Mary

Depuis 1957, Radio France présente une collection de disques spécialisée dans ces musiques que l’on nomme « traditionnelles. Ces archives sonores sont le fruit d’ expressions musicales authentiques collectées sur le terrain, d’enregistrements de concerts, ou en studio de musiciens ressuscitant d’anciennes traditions musicales. Découverte.

Ile Maurice. Fanfan. Séga Ravanne
Après feu Ti Frère, Fanfan porte aujourd’hui haut le flambeau du séga ravanne traditionnel : avec verve et inspiration, c’est la vie telle qu’elle s’écoule.
Composé de musique et de danse, de langue créole, le séga représente l’expression collective de la cohérence, de l’identité des esclaves noirs. Véritable « cri de ralliement », cette musique traditionnelle symbolisait leur résistance. Il s’agissait pour les esclaves d’oublier la misère et de soulager leurs corps meurtris, en se livrant à une chronique de la souffrance quotidienne. Rituel nocturne à l’origine, le séga est progressivement devenu un divertissement et les ségatiers sont ainsi considérés aujourd’hui comme des détenteurs de la mémoire orale.

Comme Ti Frère, figure « tutélaire » du séga traditionnel, Louis-Gabriel Joseph dit Fanfan, né en 1930, s’inspire du modèle musical européen avec la présence de couplets et de refrains qu’il interprète entièrement en soliste, en s’accompagnant d’une ravanne qu’il fabrique lui-même et qui se confond, selon lui, avec les battements de cœur du peuple. Les ségas de Fanfan, traitent de thèmes de la vie quotidienne dans le climat social, économique et politique des années soixante-dix à l’Ile Maurice.

Le séga se joue avec plusieurs instruments notamment la ravanne, un tambour plat avec une peau de cabri tendue sur un cercle de bois. Le séga tambour, séga typique ou, encore, séga ancien s’est surtout maintenu dans la communauté afro-mauricienne, souvent regroupée sur la côte de la Rivière Noire et de Mahébourg peu avant l’indépendance de l’île Maurice en 1968.

Inde du Nord. Ram Narayan. L’art du sarangi
Ram Narayan en 1971, est un musicien en parfait équilibre entre fougue, inventivité mélodique et rigueur classique dans les raga Baïragi, Madhuvanti, Kir­vani et Shankara.
Ram Narayan a commencé à étudier le sarangi à l’âge de six ans avec le Pandit Udeilaji. Il acquit rapide­ment une grande renommée comme accompagnateur de la plupart des grands chanteurs de l’Inde ou comme soliste à All India Radio et dans les « Music Conferences ». Considéré comme l’un des plus grands joueurs de sarangi encore vivant de l’Inde, il a contribué par son immense talent à sa reconnais­sance définitive comme instrument de musique classique.
Le sarangi, surnommé «l’instrument aux cent couleurs » aurait été inventé, selon la légende par Ravana, le roi-démon du Ramayana. Formé d’une caisse massive, en bois de teck, recouverte d’une peau de chèvre, il est doté, dans sa forme actuelle, d’un manche très large et porte généralement trois grandes chevilles pour les cordes en boyau et trente-cinq chevilles pour les cordes sympa­thiques. Les trois cordes mélodiques sont tou­chées par la lunule des ongles de la main gauche (et non par la pulpe des doigts).
Dans cet enregis­trement de 1971, l’accompagnement aux tabla est assuré par Suresh Talwal­kar qui a adopté le style du frère aîné de Ram Narayan, le célèbre tabliste Chatur Lal.

Bangladesh. Farida Parveen – Chants de Lalon Shah
Dans le cœur de myriades de Bengalis, et particulièrement de Bangla­dais, Farida Parveen est la Reine des Chants de Lalon, elle qui a tant contribué à la diffusion des poèmes et de la pensée de ce Lalon Shah – poète, mystique, réformateur social, figure syncré­tique et universelle qui a notam­ment inspiré Rabindranath Tagore…

Erigé en mythe national par les indépendantistes du siècle dernier, Lalon Shah est une icône de la culture bangladaise. Symbole d’un humanisme qui rejette toute discrimination de naissance, il prône une quête du divin au cœur de soi dans son corps physique comme subtil, au fil de ses quelques huit cents poèmes. Il continue de faire l’objet d’un culte, à travers les nombreux films qui lui sont consacrés, auxquels Farida Parveen a d’ailleurs collaboré.

Né en 1954, Farida Parveen est rapidement remarquée pour sa puissance vocale et s’impose sur la scène musicale bangladaise. Depuis 40 ans, elle est ainsi devenue la messagère privilégiée de Lalon à travers le monde. Dotée d’une culture urbaine et de connaissances musicales classiques, elle a su donner une nouvelle vigueur à l’interprétation des Lalon geeti, les poésies chantées de Lalon Shah.
visuel : couverture d’album

[Chronique] Roger Waters : « Is This the Life We Really Want ? »
“D’un feu sans flammes”, un fresque magistrale de Greg Hrbek sur les traumatismes de l’Amérique du 21e siècle
Jean-Christophe Mary

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration