Musique
Une deuxième soirée soufie au Festival des Musiques Sacrées de Fès

Une deuxième soirée soufie au Festival des Musiques Sacrées de Fès

11 June 2022 | PAR Yaël Hirsch

Après une interruption de trois ans due à la pandémie, la 26e édition du Festival des musiques sacrées de Fès, évènement fédérateur entre les spiritualités et les cultures se déroule du 9 au 12 juin sur plusieurs sites de “l’Athènes de l’Afrique”. C’est Son Altesse Royale la Princesse Lalla Hasnaa du Maroc qui a ouvert le festival et Toute La Culture est sur place pour s’imprégner de musique et de sacré. Ce vendredi de nuit, c’est de la musique soufie des soeurs Roohani (Inde du Nord) et de la Tariqa Darkawiya qui nous a fait vibrer.

Les puissantes Roohani Sisters et leurs guests

Arrivés avec un peu de retard à Fès, nous avons commencé par … le dernier concert de cette journée du vendredi qui a promené les festivaliers sur pas moins de quatre sites de la ville, avec quatre ambiances spirituelles différentes. C’est toujours par 39 degrés à 21h (!) et devant l’impressionnante porte du Bab el Makina (1886) habillée de lumière sublime et changeante que nous avons découvert le festival, avec une assemblée nombreuse. Venues d’Inde du Nord, interprétant à deux voix puissantes des chants traditionnels soufis, chantant dans leur langue et composant elles-mêmes leurs propres poèmes et calligraphies mystiques, Jagriti Luthra Prasanna et Neeta Pandey Negi, alias les Roohani Sisters étaient de rouge vêtues et entourées de 16 musiciens dont d’incroyables flûtistes et percussionnistes pour transmettre leur héritage et leur création au public marocain du festival. Syncope des rythmes, puissance des voix, nous avons aussi été embarqués par la générosité des artistes qui traduisaient certaines paroles, en expliquaient l’esprit en arabe, en anglais et en français ; “La musique soufie cherche à unir celui qui écoute au divin”. Présentant leurs musiciens de manière puissante et enveloppante, les deux chanteuses demandaient énormément au public d’interagir en battant des mains et en dansant. La mezzo-soprano française d’origine iranienne Ariana Vafadari qui proposait un tout autre type de voix et la danseuse de Kathak (danse traditonnelle d’Inde du Nord, très épurée) Rinku Bhattacharya Das qui nous a éblouis par deux fois, véritable apparition de grâce en bleu profond. Le public a communié et chanté avec un chant en l’honneur d’Ali, successeur du prophète pour les chiites. Après deux heures de flot sacré, le concert s’est interrompu et avec un petit vent agréable, nous avons pu rencontrer le directeur artistique du festival, Bruno Messina.

Nuit soufie

L’heure était à la promenade et à la rêverie dans la Medina et le temps de se perdre dans les rues, de trouver la bonne porte, de boire beaucoup d’eau et de manger un délicieux sandwich chaud dans la rue, nous sommes arrivés à la salle de la préfecture, elle aussi illuminée de lumières bleues et roses, et sommes entrées dans un cocon majestueux de bois et de tapis pour participer à une nuit soufie qui avait lieu hier soir comme chaque soir du festival. Hier, c’était les 12 hommes de la Tariqa Darkawiya qui chantaient devant un public très mélangé en âge et origines, certains assis sur le côté, d’autres à moitié allongés sur de grands tapis verts et volontiers déchaussés. Tout le monde ondulait jusqu’au final où une grande partie du public s’est levé pour une danse qui était proche d’une transe. Un moment d’une grande beauté et d’une grande pureté qui est venu clore notre première nuit à Fez et nous rend impatients de vivre la suivante…

Alors que le thème du Festival des musiques sacrées porte cette année sur L’architecture et le Sacré, la journée du 11 juin commence par un colloque sur la question au Forum du Festival avant que les concerts ne se succèdent jusqu’à celui de Ibrahim Maalouf et ses musiciens au Bab el Makina…

visuels (c) YH

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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