Musique
Un samedi à la Fête de l’Humanité 2019

Un samedi à la Fête de l’Humanité 2019

16 September 2019 | PAR Pierre-Lou Quillard

Soleil de plomb sur la Courneuve en ce samedi 15 septembre 2019. C’est notre deuxième journée sur la Fête de l’Humanité. C’est le cœur du festival, le plat de résistance si l’on ose dire…  Le public est encore plus que jamais au rendez-vous. La circulation sur les vastes allées du festival n’est pas toujours fluide. Le chiffre de 200 mille personnes sur site est probablement atteint. Au village du Monde, les associations de divers pays d’Amérique latine, des Antilles, d’Afrique et du Moyen-Orient proposent leurs multiples spécialités : Tajine aux olives marocain, poulet Yassa sénégalais, bananes plantin, Falafel libanais, poulet coco… Les papilles et les estomacs en profitent avant le début des concerts et des festivités de l’après-midi.

On refait le monde !

La Fête était cette année encore une véritable tribune pour tous les combats : marches des fiertés LGBTQI+, référendum populaire ARP contre la privatisation des aéroports de Paris que les citoyens français ont financé avec leurs impôts, combat contre les violences faites aux femmes, manifestations et événements pour le climat, pour la liberté de la presse, libre et indépendante, déambulations contre la fermeture des services publiques et des nombreuses maternités en France… Étonnement, la thématique des gilets jaunes n’a pas tant monopolisé les débats et les espaces de revendications sur la Fête. Ici ou là, quelques références, on en parle forcément, mais le rouge reste plus qu’omniprésent. Et les vraies questions concernent celles des luttes pour la justice sociale autant que pour le climat présenté comme « le défi du siècle ». Sur la fête, près de 30 événements sur le climat sont organisés (conférences, débats, marches, projections…). Une thématique qui fait d’autant plus sens à moins de 10 jours du sommet mondial de l’ONU sur le climat qui s’ouvre à New-York le 23 septembre. Pourtant, malgré certains efforts, la Fête de l’Huma est loin d’être un festival durable. Avec des centaines de stands et de tentes auto-gérées par les sections du PC et près de 200 000 personnes sur site chaque jour, le tri des déchets et le recyclage des gobelets est loin d’être respecté. Les poubelles non triées s’amoncellent. Dommage que les paroles ne soient pas suivies des actes en direct !

 

Pendant ce temps là, sur scène…

C’est le premier concert du samedi après-midi. Sur la P’tite Scène, un homme se présente, la barbe hirsute et les cheveux longs coiffés en chignon. Il s’appelle Govrache. Une voix envoûtante et chaleureuse nous emporte dans un slam poétique émouvant. Une larme perle sous l’œil. II faut l’écouter pour le croire. Govrache est une perle insoupçonnée qu’il faut aller très vite écouter.

 

Sur la Grande Scène s’enchaîne les têtes d’affiches de cette édition. Marc Lavoine démarre le bal en enchaîne ses succès que le public connaît par cœur. Fils de parents communiste, il reprend le déserteur de Boris Vian sous un soleil aveuglant. Lui qui vendait l’Humanité Dimanche avec sa mère quand il était petit a tenu à soutenir le journal cette année.

27 ans qu’ils n’étaient pas venus à la Fête de l’Huma. Séparés depuis 2001, les Négresses vertes se sont reformées cette année pour fêter les trente ans de leur premier album. Revoilà l’été sous le soleil de la Courneuve (et non de Bodega) pour ce groupe qui n’a pas perdu de son énergie. Changement de registre : Soprano, le rappeur au chapeau, ancien membre des Psy 4 de la Rime, est arrivé dans les canons de confettis aux sons de hip-hop zouké et, plus étonnant, d’un quatuor à cordes qui l’accompagne sur scène. Succès dans le public de convertis.

Puis on est allé voir les Zoufris Maracas ! Après des balances interminables, ils ont régalé le public de leurs rythmiques manouches ou teintes créoles… Un concert aux clameurs plaintives des trompettes et aux cordes pincées des guitares acoustiques, joyeux jazzeux en voyage sur le riff.

Mais le clou du spectacle, c’est le groupe le plus attendu de la soirée : les Shaka Ponk !  Pour leur dernier concert d’une longue tournée, le groupe entend bien profiter du moment en compagnie des 80 000 spectateurs qui les acclament. La foule compacte, le terrain de jeu préféré de Frah, le chanteur emblématique et un peu barré du groupe qui se jette dans son public sans modération, ce qui lui a d’ailleurs valu de se casser un coude il y a quelques mois. Mais il est fier de faire un doigt d’honneur à la caméra des assurances… Rien ne l’empêchera de nager dans cette marée humaine galvanisée tandis que la sublime Sam, la chanteuse survoltée du groupe à la voix stridente entonne les premiers couplets de Smells like teen Spirit de Nirvana. Une reprise dans la lenteur aussi sensuelle que magique. Puis les guitares se déchaînent.  La foule entonne « I’m Picky » et autres standards du groupe formé depuis 2003 ! Mais le show est aussi visuel.  Une tête de singe dans les décombres d’une citée perdue dans une jungle rétro-futuristes, des décors ultra soignés peuplés d’avatars, de gorilles mécaniques et du singe Goz, mascotte mythique du groupe. Le discours écolo du groupe qui s’est fait fortement entendre avec la prise de parole du chanteur durant les Victoires de la Musique 2019 résonnent avec le message pro-climat porté sur toute la Fête.

Pour le plaisir, on vous met cet extrait d’ALCALINE :

Ce n’est qu’un au revoir ! 

Notre Fête de l’Huma s’arrête ici. On ne pourra malheureusement pas revenir dimanche pour la dernière journée de cette édition 2019 au son du Concert de soutien à l’Humanité, de Youssou Ndour ou de Kassav. Une édition réussie qui a bénéficié d’un temps idyllique et d’un public qui a répondu présent pour soutenir le journal en difficulté. On s’étonne presque que les organisateurs n’aient pas fait monter plus le prix du billet pour récolter plus de fonds. De 28 euros pour les militants du PC à 35 euros en moyenne pour les 3 jours et 40 euros sur place, la Fête de l’Huma est restée fidèle à son idéal communiste de partage en restant très abordable quand la plupart des grands festivals de l’été pratiquent des prix allant de 40 à 70 euros la journée unique de festival.

Bref, on espère tous que ce n’est qu’un au revoir et que la Fête reviendra à la Courneuve le deuxième week-end de septembre 2020, aussi belle, aussi grande, aussi engagée, aussi généreuse… On y croit !

 

Visuels : ©PLQ-Droits résérvés

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Pierre-Lou Quillard

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