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Sharitah Manush : Delhicatessen Pop, coup de coeur musique

Sharitah Manush : Delhicatessen Pop, coup de coeur musique

13 May 2011 | PAR Pascal

On se demande chaque jour ce que peut bien être la pop music depuis les Beatles, depuis les costards et les tenues hallucinantes de George Clinton et de son Funkadelic façon Sgt. Pepper, depuis les tentatives, toutes réussies d’alliance entre la guitare et le sitar de Ravi Shankar, les basses les plus inventives de James Jamerson, depuis les bruits mis en boucle de Depeche Mode, depuis l’efficacité sans égale de Daft Punk, depuis la ligne claire des Cure, les ouvertures africaines d’un Peter Gabriel toujours en quête, l’intensité psychodramatique de Radiohead ou Blur, depuis que le métier de producteur équivaut à celui de réalisateur en fait. Quand est-on passé d’un style simple, de thématiques identifiables aux essais des formules 1 electro ? On ne sait plus qualifier ce qui relève de la pop ou d’une dénomination complexe autre… La culture est un mouvement, une bibliothèque en perpétuelle expansion dans laquelle on perçoit des couloirs labyrinthiques dont, seuls le goût, la connaissance et une bonne dose de technologie permettent d’en sortir. Avec brio, Sharitah Manush au nom ésotérico-migratoire, s’envole et plane au-dessus de la mêlée de la profusion de productions ave talent, sitar et gong à l’appui. Sharitah Manush est notre grain de folie, donc notre trio coup de cœur du mois, notre Delhicatessen pop.

Il faut que vous le sachiez. Nous ne sommes pas toujours de tendres oreilles à la plume lisse du côté des enceintes de notre bureau. Nous pouvons être arrogants, impertinents, savants, de délicieux imbéciles prétentieux face aux productions pour le moins « non produites » de nombreux groupes. Quand le 45-tours de Sharitah Manush est arrivé sur notre bureau, jaune poussin saturé avec un graphisme vert, orange, blanc, digne du Magical Mystery Tour, notre sang a fait bien plus d’un tour. Puis, brainstorming instantané : Gong (le groupe de Steve Hillage et Benoît Moerlen des années 70), sitar, Peter Gabriel, George Harrisson, Ringo Starr, secte, mystique, humour, réverb’, psycho, kafkaïen, Pink Floyd, baba-cool, new tendance, rebirth, Kevin Ayers, Haduk Trio, Guillaume Atlan. Là, nous nous sommes dits : ces trois musiciens ont un truc magique !

Manu (Eko Ranger XII, sitar, electronic, chant), Sonia (percussions, electronic), Antoine (basse) sont Bordelais. Donc, point de parisianisme. Ligne de basse très ronde et hypnotique entre Pink Floyd et les jerks psychédéliques de Nino Ferrer (“La Maison près de la fontaine”, “Le Sud”, “Mirza”) et l’humour façon Gong (“A Flying Teapot”, “Shamal”, “Gazeuse”) dont naquit le prodigieux producteur Steve Hillage.

Il y a ce côté Bollywood avec les guitares au phasing saturé, tel qu’à une époque (80) le grand fabricant américain d’électronique musicale EMU en produisait avec notamment le « mutron » qui donne au maximum de son emphase, un son de flotte sortant du robinet dont abusaient les Aphrodite’s Child (666), Procol Harum, voire Soft Machine dans ses premiers albums, et qui fit le son psychorock.

Il y a cet esprit obsessionnel avec une vision Zabriskie Point mais en plan resserré et l’esprit assez concis, finalement pas du tout planant et longuet et c’est ce qui en fait l’intérêt. Une sorte de musique narrative très pertinente qui n’isolerait qu’une image, un sens, un vrai choix esthétique et c’est ce qui me plaît. Ils vont à l’essentiel.

Il n’y a pas d’attente de par les morceaux courts et les choix de sons très efficaces donnant un sens finalement à l’opposé des sons d’une secte Mandarom. Ici, on vous incite à refuser l’Apocalypse. C’est cette option personnelle qui est jubilatoire, un discours bref, une obsession passagère et incisive sur une musique ou l’electro tient à la fois des feuilletons américains, de films tel le premier Eastwood (Un shérif à New-York, la scène du toit avec le rassemblement junkie), sauf qu’ici nous sommes du côté shérif.

Le 45 tours Green Horses/Shining Star : intelligent, musical, cultivé et séduisant. Rien de plus, tout en Delhicatessen pop.

 

Pascal Szulc

 

www.myspace.com/sharitahmanush

 

 

 

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