Sale pub, coup de pute ?
Orelsan acte II : Nouvelle polémique autour du rappeur.
Monsieur François Bonneau, président de la région Centre qui finance le Printemps de Bourges à hauteur de 380 000 euros, avait exigé dans un communiqué qu’Orelsan soit déprogrammé du festival, sous peine de « poursuites judiciaires à l’encontre des organisateurs du festival ». Les titres ”Sale Pute” ou encore ”St Valentin” ont heurté l’opinion publique (et notamment des associations), en raison de propos dégradants envers les femmes. Dans ce sens, Daniel Colling, le président du Printemps de Bourges, a également qualifié ”d’inacceptables” les propos du jeune chanteur caennais, mais précisé qu’il ne serait cependant pas déprogrammé, les titres n’étant pas produits sur scène.
Après réflexion, François Bonneau a décidé de ne pas financer LE concert d’Orelsan. Sur France 3, le 7 avril, il déclarait : « Je vais voir Daniel Colling pour lui préciser dans quelles conditions la région ne participera pas au financement de ce spectacle. »
L’album d’Orelsan avait pourtant obtenu de bonnes critiques lors de sa sortie (février 2009), comme celles de Libération, de 20 minutes ou encore de Marianne, qui soulignent le côté « artistique » de ”ses paroles crues dépeignant une génération désabusée, gâtée par le haut-débit mais ruinée par le RMI (Myriam Perfetti)”. Le rappeur affirme lui, que ”c’est une injustice, parce que je suis jeune, que c’est du rap, et qu’on est en France”. Le ministre de la Culture, Christine Albanel, et la secrétaire d’Etat à la Solidarité, Valérie Létard, ont toutefois « exigé » à la demande de certains internautes la suppression de ces chansons des plateformes de partage de vidéo. La logique voudrait simplement que les personnes sensibles ne les regardent pas…
Une question reste en suspens : pourquoi cette polémique est aujourd’hui à son apogée alors que l’album, sur lequel ne figurent aucune des deux chansons incriminées, est sorti le 16 février 2009 ?
Après la loi Hadopi, c’est la seconde fois en peu de temps que l’Etat s’en prend à Internet, son contenu, la liberté qu’il représente, et la sanction frappe désormais les festivals qui ont toujours été des tribunes pour les artistes. Pour rappel, en d’autres temps furent incriminés Baudelaire, pour « offense à la morale publique et religieuse », Sade pour avoir déclaré notamment que le meurtre est un plaisir*. Aujourd’hui le support n’est pas le même, l’expression est différente. Orelsan n’est ni Sade ni Baudelaire. Si c’est trop d’honneur que de comparer le rappeur en herbe à ces piliers de la culture, rappelons que des polémiques semblables ont touché NTM, Polnareff à titre d’exemple, considérés alors avec dédain, et qu’ils sont aujourd’hui des symboles de notre époque…
En tant que président, Daniel Colling assume, et déclare « Aussi scandaleux et odieux que soit le texte de cette chanson, le Printemps de Bourges estime qu’il n’a pas à être complice d’un véritable tribunal populaire qui tente de se substituer à la justice dans un Etat de droit”. Il fait aussi remarquer que le clip n’a fait l’objet depuis deux ans d’aucune mesure d’interdiction.
* Citation de Sade « Aussi le meurtre est un plaisir. Je dis plus ; il est un devoir ; il est un des moyens dont la nature se sert pour parvenir aux fins qu’elle se propose sur nous. »
Sources : Mourad Guichard, Libération, 06/04/2009; dépêche AFP du 04/04/2009; Catherine Berra, France 3, 07/04/2009, Blog de Thomas Clément,
Orelsan donne des explications :
Et au nom de la liberté de la diffusion de l’information, voici le clip de la chanson polémique ”Sale Pute” de Orelsan, lecteur sensible s’abstenir !!!
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