Musique
Rencontre avec Marc Fichel, auteur/compositeur

Rencontre avec Marc Fichel, auteur/compositeur

18 June 2012 | PAR La Rédaction

Dans un café du XXème arrondissement de Paris, Marc Fichel a accepté de se faire interviewer par une pigiste débutante, fan de ses chansons. Marc Fichel est un passionné, dont les yeux pétillent dès qu’on parle musique. Trentenaire tranquille, son objectif dans la vie est de faire ce qu’il a envie et de s’en donner les moyens, tout en gardant le recul nécessaire pour pouvoir se réaliser dans ses deux passions : travailler à Rungis et la musique ! Rencontre avant la sortie de son premier album « en dur » dans les bacs…

Vous avez une double vie, exportateur de pommes de terre à Rungis et auteur/compositeur, dont les chansons, « BB déprime » et « Ma vie dans les Halles », passent en radio (Chante France ! – 90.9) et sur W9. Double vie, parce difficile de vivre uniquement de la musique ?

Pas du tout. Mon métier est exportateur de pommes de terre. Je faisais écouter ma musique, mes chansons à mes amis. Cela leur plaisait et c’est eux qui m’ont conseillé de mettre ma musique sur Internet « c’est le seul moyen de voir si ça plait ou pas ». J’ai dit oui. J’ai commencé à faire plein de petits concerts, cela se passait super bien, mais pour moi, c’était du domaine de l’amateurisme, je ne comptais pas en faire mon métier.
Mes chansons sur Internet ont été repérées par Danièle Molko, productrice entre autres de Véronique Sanson, avec sa société « ABACABA », et créatrice des Francofolies.
Entre temps, avec un ami, on fait le clip pour « Mon BlackBerry déprime », on le poste sur « Youtube », et là, un retour de 300 000 vues !
En parallèle, j’ai été repéré par le site d’auto-financement « KissKissBankBank », qui permet aux internautes de miser sur toi s’ils aiment tes chansons. L’objectif doit etre atteint en 3 mois, on l’a atteint en un seul ! Du coup, on a pu enchaîner pour faire ce qu’on appelle un EP, un six titres, disponible sur ITunes. ( Ndlr :  « C’est ma vie dans les Halles », « Comme un gimmick », « Piano Voix », « Blackberry déprime », « La fille aux yeux qui parlent », « L’ange qui passe »)
Voilà comment cela s’est passé !

Comment avez-vous été amené à jouer de la musique ?
Par mon père principalement. Mon père est mélomane et musicien. C’est vrai que je ne sais pas lire ni écrire les notes de musique, mais on s’amusait à faire de la musique ensemble, à faire des bœufs. Les premières chansons que j’ai entendues sont de Ray Charles, Polnareff et Cat Stevens. J’ai été élevé dans cet univers.

Haut le niveau ! Et vous avez commencé à composer vers quel âge ?
En fait, je pensais que tout le monde composait, j’étais persuadé que toutes les personnes musiciennes composaient. Un jour, pendant un cours de maths au lycée, je chantais une chanson que j’avais en tête. Mon ami à côté de moi m’a dit que c’était une super chanson. Par pudeur, je n’ai pas osé dire que c’était de moi. Jean-Jacques Goldman venait de sortir son album avec Frédérick et Jones, alors je lui ai dit que c’était une de ses dernières chansons. Non pas que je me compare à Jean-Jacques Goldman !
C’est là que je me suis rendu compte que je faisais quelque chose qui n’existait pas, qui ressemblait mais qui était différent.
J’ai tellement été élevé par le fait qu’il fallait faire des études, monter sa boîte, que la musique restait vraiment un hobby. Jamais je n’aurais pensé à en faire mon métier !

Vous avez commencé à faire des concerts… ?
Depuis quatre, cinq ans…
(Ndlr : Au sentier des halles , Sunset sunside, Au Divan du Monde…)

Aujourd’hui, vous vous sentez amateur ou professionnel ?
Là, je commence à me sentir professionnel. Mais je me sentirai tout à fait professionnel le jour où je ne ferai plus que de çà.

Le jour où vous passerez chez Drucker ?!!
C ‘est un rêve…. Aujourd’hui, on passe en radio et sur W9, et c’est déjà pas mal !
Tu deviens professionnel quand tu assumes ton métier à 100% et j’ai beaucoup de respect pour ceux qui font çà, parce que c’est compliqué.

Ce serait dur de quitter Rungis ?
Ce sera surement un problème de le gérer dans ma tête, oui. Mais ce ne sont que de belles énergies !

Les personnes qui écoutent vos chansons vous situent dans la filiation « chanson française populaire », Michel Berger, Véronique Sanson. Mais dans quelle lignée musicale vous reconnaissez-vous ? Quelle filiation ?
Je me reconnais beaucoup dans Michel Berger et son univers, ses mélodies. On me dit que je suis plutôt mélodiste. Maintenant pour moi, qu’on écoute du hard-rock ou de la chanson classique, une bonne chanson est une chanson qui se retient. Après, on a le droit de ne pas aimer.
C’est comme çà que je compose. Comme je ne peux pas lire la musique, ni l’écrire, si je ne l’enregistre pas, il faut qu’elle reste dans ma tête. Quand je suis en concert, tout est dans ma tête !
La seule façon de savoir si je suis content de ce que j’ai fait, c’est de la laisser reposer dans ma tête deux ou trois jours. Si au bout de trois jours, je m’en rappelle toujours et que je la fredonne, je me dis alors qu’elle est peut-être efficace et à ce moment-là, je l’enregistre.

Les personnes à qui j’ai fait écouter vos chansons sont unanimes : nouveau, frais, entraînant, dansant… Même quand les thèmes ne sont pas joyeux, comme « BB déprime », votre musique reste dans la tête et apporte du soleil pour toute la journée. Avez-vous ce même écho ?
Effectivement. Je veux donner du plaisir aux gens, mais rien est calculé, j’écris ce que je ressens. Je suis quelqu’un qui voit toujours le bon côté des choses, c’est peut-être ce qui en ressort. Et en même temps, je suis un grand angoissé ! Frédéric Zeitoun, qui travaille pour Télématin, m’a écrit des paroles, j’ai composé la musique. Il m’a bien compris, la chanson commence par « J’suis névrosé ashkénaze « , ça veut tout dire ! Je l’ai chantée au « Divan du Monde » en mars dernier, sous le nom de « Pléonasme ». (à voir sur « Youtube »).
J’aime bien mettre des paroles dures sur des mélodies gaies.
Quand tu écoutes « BB déprime », les paroles ne sont pas gaies ! Elles sont même déprimantes ! Mais la mélodie est légère et tu oublies les paroles. « La Bourse a dévissé »… tu n’as pas de femme, tu es tout seul avec ton BB, personne ne te parle… Tu n’es pas heureux, mais la mélodie entraîne !

Vous êtes un chanteur engagé et…
Ah bon ?… non, pour moi, un chanteur engagé, c’est au niveau politique, et je suis apolitique.

Vous vous engagez pour les enfants avec  la chanson « L’ange qui passe »,( Ndlr : Marc chantera le 7 juillet prochain sur la Pinède de Juan-lès-Pins pour soutenir l’association de Michèle Laroque et aider les enfants malades. «  La Nuit des Hits 2012 ».) Vous parlez de la 2nde Guerre Mondiale dans « Quand j’entends »…
A niveau-là, oui… j’aime bien défendre à mon petit niveau des causes qui me tiennent à cœur. « L’ange qui passe », c’est pour une jeune danseuse de 20 ans qui est partie. Pascale Schembri m’a envoyé les paroles et j’ai composé la musique.

Vous n’écrivez pas forcément vos chansons ? Elles ne sont pas autobiographiques ?
Pas forcément. « BB déprime », oui, c’est une chose qui m’est arrivée. « Quand j’entends », le sujet me concerne.. Ce qui est bien, c’est que les gens s’y retrouvent. C’est vachement important pour moi de pouvoir partager !

La chanson avec Nourith, chantée en hébreu… ?
« Piano Voix », une histoire d’amour que j’ai vécue. Danièle Molko nous a mis en contact. Nourith a aimé la chanson et a accepté de la chanter avec moi.

Les autres titres de l’EP… ?
« La fille aux yeux qui parlent », oui… Cette chanson parle beaucoup aux filles !

Vous nous avez comprises !
Elles aussi… c’est peut-être pour cela que je ne suis pas marié ! « Comme un gimmick »… c’est une chanson gaie ecrite en studio.

Vous chanteriez en Roumain ? Vous êtes originaire de Roumanie, c’est ça ?
Ma mère est née en Roumanie. Mon père est né en France, avec des origines allemandes et lituaniennes. Je suis né en France et j’ai travaillé 2 ans en Roumanie, parlant la langue, en tant que Trader pour un grand groupe céréalier. C’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai tourné dans un film d’Arcady « Des Chiens et Des Loups ». J’avais un petit rôle, mais une super expérience ! Ecrire en roumain, je n’y ai jamais pensé. Je ne trouve pas que le roumain soit une jolie langue à chanter, même si un groupe roumain a réussi à faire un tube il y a quelques années. ils ont réussi !
Mais, why not !

Vous écrivez de nouvelles chansons ? Ces six chansons existent depuis déjà deux ou trois ans…
Oui, ces chansons ont fait leur vie sur Internet, maintenant en radio.
Oui, j’écris de nouvelles chansons et on rentre en studio cet été pour faire le vrai album, le dur, celui qui sera dans les vrais bacs !

« On » ? Vous parlez de vos musiciens ? De votre équipe ?
De mon équipe !
Je suis seul et je m’accompagne de musiciens. Ceux que vous avez vus sur les vidéos de « Youtube » sont des amis qui ont fait leur route depuis et qui avaient un job.
Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir rencontrer et de travailler avec des personnes comme Xavier Hamont, musicien de Bénabar, ou un réalisateur comme Manu Rodier musicien de Julie Zenatti, Vincent Bidal qui tourne avec Ayo, Florent Pagny et Laurent Compignie, ingénieur du son du dernier album de Véronique Sanson.

D’autres auteurs écrivent pour vous?
« L’ange qui passe » écrit par Pascale Schembri et « Pleonasme » de Frédéric Zeitoun, qui seront également sur l’album.
Je compose également des musiques avec des auteurs, pour d’autres projets.

Des concerts à venir ?
Je participe à la manifestation « Play me, I’m yours », le 5 juillet prochain à 12h30 à Rungis (3).
Une quarantaine de pianos seront installés dans Paris du 22 juin au 8 juillet et des musiciens joueront leur musique. A la base, cette manifestation devait se dérouler qu’à Paris intra-muros, les organisateurs m’ont repéré grâce à ma chanson « C’est ma vie dans les Halles », et ils ont décidé d’installer un piano à Rungis.
Je serai également le 7 juillet sur la Pinède de Juan-les-Pins pour l’association “Enfants stars et match” parrainée par Michèle Laroque (2).

Un été donc bien rempli pour Marc qui jonglera entre la valse de marchandises de Rungis et le studio d’enregistrement !
On lui donne rendez-vous sur les ondes et à la TV , et on attend son premier album avec impatience !

Caroline Rozie

Visuel © David Castelain

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