Pop / Rock
“Sound of Silence” fête son demi siècle

“Sound of Silence” fête son demi siècle

13 March 2014 | PAR Eugenie Belier

Le 10 mars 1964 le duo folk Américain Simon & Garfunkel enregistre leur magistral “Sound of Silence”, l”occasion de revenir sur une musique légère et profonde qui a touché plus de 3 générations.

Cette semaine c’est l’anniversaire de  “Sound of Silence”. Le duo enregistra sa première version, et originale, acoustique d’une telle pureté le 10 mars 1964. Le titre fait partie du premier album du Simon & Garfunkel qui sort en octobre de cette même année Wenesday Morning 3am. Cette chanson mythique ne connaît pas le succès fulgurant que l’on pourrait imaginer, car c’est un an plus tard que leur producteur Tom Wilson réenregistre le morceau à leur insu, en gonflant le morceau d’une batterie, et en étoffant (étouffant ?) la ligne de guitare mythique par une guitare électrique.

Cette version sort en single en septembre 1965 et se place alors au sommet des Charts ! Le groupe se fait ainsi connaître largement du grand public, et le morceau se retrouve dans le deuxième album éponyme du groupe “Sound of Silence” qui sort en 1966.

Écrite par Paul Simon, l’histoire raconte que les fameux premiers vers “Hello Darkness my old friend, I’ve come to talk with you again” font référence au fait que Simon jouait régulièrement dans sa salle de bain, dans le noir, et aimait se faire accompagner du son de l’eau qui coule du lavabo. Anecdote amusante et jolie, mais dont la connaissance ne doit pas pour autant détruire l’image poétique très forte d’entrée en matière de ses premiers vers.

La chanson exprime l’amer et affligeant constat de l’auteur du manque de communion et de partage entre les hommes. Nous sommes dans les années 60, la jeunesse américaine n’a jamais été aussi militante et humaniste qu’alors, porteuse d’espoir pour sa génération et très critique sur la société, la folk de Simon & Garfunkel s’inscrit dans le courant de chanson  engagée et à texte de l’époque, camarade de Dylan et Joan Baez…

La dimension poétique du texte est renforcée par l’utilisation d’oxymores forts dessinant ainsi des images d’autant plus critiques. Le sound of silence exprime donc le néant communicatif des hommes qui ne s’écoutent pas et parlent pour ne rien dire; cette société superficielle et autocentrée qui accable l’auteur. L’idée de “restless dreams” aussi semble évoquer une image déchue de la vie.
Enfin la chanson rapproche de fortes oppositions attaquant clairement le comportement égotiste occidental :
People talking without speaking, people hearing without listening
People writing songs that voices never shared, and no one dared

Constat glacial aussi sur la société de sur-communication déjà enclenchée dans les 60’s, n’a pas d’autre but que la consommation et le profit, et aucune valeur ou idée génératrice n’en sort. Les mots et l’art sont partout mais leur langage est vide puisqu’ils n’ont pas d’autre but que la consommation. Le capitalisme a ainsi érigé un nouveau Dieu, celui du profit matériel, et la consommation et son unique dogme élevé en vérité générale :
And the people bowed and prayed to the neon god they’d made
And the sign flashed out its warning in the words that it was forming
And the sign said the words of the prophets are written on the subway walls
And tenement halls, and whispered in the sounds of silence

Chanson emblématique de l’époque, prêchant une ouverture sur le monde et les autres, et une réelle volonté d’un art engagé et utile, de mots et de musiques qui portent, et non pas vides de sens et d’intérêt…

Cela fait donc 50 ans que cette chanson fût enregistrée et elle paraît pourtant n’avoir jamais été autant d’actualité.. Un anniversaire à fêter donc, puisque cela fait un demi siècle que leur si beau message est entendu partout, repris par des milliers de groupes etc…
Un véritable tube que l’on entend mais que l’on n’écoute pas pour autant, car rien n’a changé, et l’on continue d’écouter une musique comme on mange un mars. 50 ans donc que cette chanson essaye de traverser le son du silence…

Nous vous laissons redécouvrir cette version originale, les guitares et les voix nues en fond une interprétation bien plus touchante et émouvante que celle de 1966.

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Eugenie Belier

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