Pop / Rock
« Lovely creature : the best of Nick Cave and the bad seeds »  1984-2014 – Compilation culte pour eternal lover

« Lovely creature : the best of Nick Cave and the bad seeds » 1984-2014 – Compilation culte pour eternal lover

05 May 2017 | PAR Antoine Couder

unnamedA l’occasion de la sortie de la très exhaustive compilation Lovely Creatures : the best of Nick Cave and the Bad Seeds », nous avons demandé à un ultra-fan de parler de celui qui a peut-être sauvé la scène rock du naufrage il y aune trentaine d’années. Amour, concrétion et correspondances par John Jefferson Selve, le fondateur de la très culte revue Possession immédiate

De quoi Nick Cave est-il le nom ?
J’ai toujours eu l’impression qu’il n’en faisait qu’à sa tête, avec des intuitions et des obsessions que je peux entendre, c’est ce que je nomme son honnêteté. C’est une familiarité et une évidence à l’œuvre quand j’écoute un disque de Nick Cave. Il est la concrétion de plusieurs noms : sincérité ,punk, élégance, rage, libre-arbitre, chant, crooner-danseur, imprécation, plaisir mais aussi pour le dire autrement il est avant tout pour moi l’homme de la grande liberté. Celle de l’indépendance d’esprit. Celle qui me permettait d’échapper à l’obsession sublime et mortifère d’un Ian Curtis avec Closer (Joy Division) ou d’un Robert Smith avec Desintegration (The Cure), j’ai toujours lié chez Nick Cave son utilisation punk-blues des allégories, des mythes et des faits divers à un élan vital primordial. Donc pour le dire définitivement Nick Cave est aussi encore aujourd’hui le nom d’un devenir.

À quoi sert un best of pour un fan ?

À rien. Surtout que les live sont souvent de très bons best-of (l’excellent Live at Paradiso par exemple). Ça ne sert à rien, ça agace, mais on l’achète quand même. .. Et puis on y entend un enregistrement, un mixage un peu différent, une variation, de nouveaux ponts entre les morceaux se font, des correspondances nouvelles apparaissent. Et on se dit alors que ce n’est pas si mal quand même. Et puis la durée de carrière, l’évolution des deux derniers disques, cette sorte de tournant aujourd’hui, ça s’explique au fond. Mais je préfère de loin écouter les albums.

Comment un tel amour peut-il durer ?
Amour, fidélité ? Malgré une mémoire catastrophique, je me souviens parfaitement de la première fois où j’ai entendu la voix de Nick Cave. J’avais 18 ans, il s’agissait de John Finn’s Wife. Ce fut un coup de foudre. Possession immédiate pour le coup. Et puis très vite à l’époque je vais le voir en concert, et boum ! Ce fut une véritable déflagration. J’adorais cette violence et cette rage qui se dégageaient de ce type en costard au charisme fou, capable de prendre à partie le public et de se recueillir sur une ballade l’instant d’après, le tout avec la plus grande intensité.

Nick Cave alive, vivant au sens le plus fort du terme.
Il joue d’une limite très difficilement atteignable entre le contrôle absolu, la mise en scène millimétrée de sa présence et cette intensité confinant au lâcher prise.
Mais le plus extraordinaire, dans la joie que je prends à l’écouter réside dans le fait que je rentre à chaque nouvel album dans le monde qu’il propose avec une évidente bénédiction. Je suis son évolution. Je l’entends. Les deux derniers albums sont magnifiques, je les ai écouté des centaines de fois. Je ne me lasse pas. J’insiste mais je me sens mentalement chez moi quand j’écoute un disque de Nick Cave & the Bad Seeds. Je marque ici le nom du groupe pour évoquer aussi les musiciens qui l’accompagnent notamment Blixa Bargeld et Warren Ellis dont j’écoute aussi les groupes respectifs : Einstürzende Neubauten et Dirty Three. C’est aussi une constellation.

Time became ancient history in a heartbeat as circumstances beyond my control took hold (approximativement : le temps n’est plus, il a disparu dans un souffle au moment où j’ai perdu le contrôle sur les événements). C’est notamment ce que Nick a déclaré après la chute mortelle de son jeune fils en 2015, tombée d’une falaise de 18 mètres. Quel est votre sentiment ?
Je ne sais pas, je ne souhaite pas en parler.

Quel morceau, conseillez-vous pour ceux et celles qui vont le découvrir ?
Cette question est difficile. Ce coffret est très bien, et s’il faut le réduire encore pour avoir une palette cavienne, disons : Tupelo pour l’atavisme d’un blues punk âpre. O Children pour l’incantation et le conteur d’histoire. Et Jubilee Street pour amorcer la dernière période avec les albums Push the Sky Away et Skeleton Tree.

Vos trois morceaux fétiches ?
From Her to Eternity, il faudrait des centaines de pages pour dire pourquoi. The Mercy Seat dont il faut aussi entendre la version à la fois plus douce et ténébreuse de Johnny Cash et je citerai I need you du dernier album. Mais à vrai dire les titres changent régulièrement.

(recueillis par Antoine Couder)

Dans son éditions limitée « Super deluxe », outre un DVD de deux heures comportant des archives vidéo aussi rares qu’inédites, les fans découvriront des photos et des souvenirs exclusifs rassemblés dans un splendide ouvrage relié comptant des essais originaux. Le disque lui-même compte deux CDs de 21 titres couvrant trente ans de musique.

Photo : Giasco Bertoli

La Démesure, grand espace, alcool compté et atmosphère branchée dans le 9e
Elle est lui, être transgenre et venir de Roumanie
Antoine Couder
Antoine Couder a publié « Fantômes de la renommée (Ghosts of Fame) », sélectionné pour le prix de la Brasserie Barbès 2018 et "Rock'n roll animal", un roman édité aux éditions de l'Harmattan en 2022. Auteur d'une biographie de Jacques Higelin ("Devenir autre", édition du Castor Astral), il est également producteur de documentaires pour la radio (France culture, RFI).

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration