Pop / Rock
[Live report] The Wytches et The Amazing Snakeheads à la Flèche d’Or

[Live report] The Wytches et The Amazing Snakeheads à la Flèche d’Or

12 December 2014 | PAR Bastien Stisi

Soirée garage miteuse au sein d’une ancienne gare devenue antre rockeuse : après avoir ouvert sa troisième édition ce mardi avec les concerts de Fyfe, de Buvette et de Samaris, et après avoir ressenti en début de soirée les tribulations provoquées par les guitares de Sapin, puis par celles de PS I Love You, c’était hier au tour de The Wytches, l’une des grandes révélations post-punk de cette année 2014, de venir réchauffer encore un peu plus le public pas franchement glacé du Winter Camp Festival

The Wytches : en studio comme en live, le sortilège fonctionne

Trois gosses, dont on douterait presque que leurs âges respectifs les autorisent officiellement à consommer de l’alcool, débarquent sur scène, le visage poupon et les manières de bûcherons (sans barbe). Ils sont menés par Kristian Bell, ce chanteur aux cheveux longs et lâchés (ceux-ci s’étaleront et tourneront sur son visage) qui paraît encore plus juvénile que ses camarades de crasse, et par cette voix pas tout à fait aussi grave que son homonyme enroulé dans les traits de Batman façon Nolan.

Cette voix, névrosée, habitée et gueularde, témoin d’une urgence d’exécution extrême, s’avère tellement cassée qu’elle menace de se rompre, de la même manière que les murs de la Flèche d’Or lorsque résonneront les accords destructeurs de « Disgaw », qui introduit le concert comme il introduit Annabel Dream Reader, le premier album du trio paru au cœur de l’été chez les types de Heavenly Recordings (TOY, Temples, The Soft Pack). À son écoute, on avait deviné quelques élans poétiques noyés dans les lyrics de ce post-punk psyché, garage et absolument vénéneux. Il y en aura peut-être encore eu hier soir. Mais il fut impossible de les distinguer. Car les esprits étaient focalisés sur le son, décharnés, de « Robe For Juda », de « Crying Clown »,  de « Wide at Midnight », de « Fragile Male ».

Globalement monochromatique malgré quelques instants plus « apaisés » (prenons bien soin de mettre ici des guillemets) au milieu du set, le live des trois garçons terminera dans un fracas de guitares accompagnées par des spasmes stroboscopiques qui cisailleront les rétines des plus fragiles. Ce sera le signe extérieur d’une pensée intérieure : le sortilège envoyé par ces sorcières-là aura bel et bien fonctionné.

The Amazing Snakeheads : coupures au canif

Fonctionnera également, et sans doute avec encore davantage d’efficacité, le concert absolument punk des trois The Amazing Snakeheads (deux garçons fous, une fille improbable), à la tête desquels trône le leader Dale et son look de tocard issu d’un pub écossais / d’un virage des Glasgow Rangers / d’une cellule de dégrisement cradingue, ses manières de bandit punk, son accent qui dit ses origines, ses mélodies taillées avec la dextérité délétère d’un canif acéré. Ça sent bon le bordel et la sueur d’ivrognes (c’est peut-être que Dale, le corps dégoulinant, passera la moitié du set torse-nu…)

Le trio fait le taf. Lance les morceaux issus de son album Amphetamine Ballads comme l’on lance des grenades qui prendraient un peu de temps à exploser, mais qui finissent toujours par le faire. Et quand le taf consiste à exécuter un punk sanguinolent, malsain et parfaitement essentiel, ça donne un sacré moment. Amazing the Snakeheads ? Fucking yeah.

Le reste de la programmation du Winter Camp Festival est à retrouver sur le site officiel du festival.

Visuels : (c) Robert Gil

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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