Pop / Rock
[Live report] The Raveonettes au Cabaret Sauvage

[Live report] The Raveonettes au Cabaret Sauvage

07 November 2014 | PAR Bastien Stisi

« Des stroboscopes seront utilisés sur scène ». Les mots affichés sur les portes du Cabaret Sauvage, inhabituels, brutaux et sentencieux, imitent les messages figurant au début des deux derniers clips des Raveonettes (ceux de « Killer in the Street » et de « Endless Sleeper »), en même temps qu’ils font figures de mise en abyme au live proposé hier soir par le groupe danois.

Car la performance donnée par le duo composé de Sune Rose Wagner (le garçon à la guitare) et de Sharin Foo (la fille à la basse), complétée pour l’occasion par un batteur, se fera sombre, tranchante et épileptique, comme si ces néons syncopés qui ne cesseront quasiment jamais de se projeter devaient devoir compenser, par leur luminosité grabataire, la noirceur globale du propos véhiculé par une discographie faite de sept albums studio. Dans les yeux, ça pique.

Et afin de ne pas faire de jaloux, et de ne pas laisser les rétines seules dans leur effort physique, on ravagera également doucement les tympans, parfois en mal (le son est crado), parfois en bien (ce shoegaze-là est jouissif), comme si ce cran d’arrêt figuré sur la pochette de Pe’a’hi, le dernier album du tandem, devait venir s’incruster dans l’orifice auditif afin d’y déposer sa dangerosité brillante.

Car chez les Raveonettes, la surf-music et ses mélodies pop 60’ (celle des Beach Boys, de MGMT) se retrouvent noyées dans un shoegaze noisy et psyché (celui des Velvet, de Jesus and Mary Chain, de TOY), emportées par une vague dont les écumes sont semblables à des marées de sang (cc le clip de « Endless Sleeper »). Et celles-ci sont déversées par la diction distante, presque automatique, d’un duo qui alterne le chant doublé et le chant isolé. Ici, on ne sourit pas outre-mesure (c’est le moins que l’on puisse dire…). Mais on fait le taf, en mettant en avant une fois encore, et même si les Raveonettes sont désormais installés en Californie du Sud, la formidable vitalité du réservoir rock du pays de la Petite Sirène (Iceage, Communions, Reptile Youth…)

Hier soir, devant un public composé de fans de la première heure, les Raveonettes sont venus avec leurs homicides imaginaires (« Killer In The Street », « A Hell Bellow ») et leurs fantômes d’hier (« Kill ! », « Attack Of The Ghost Riders », « Dead Sound »). Et le frisson, instant étrange, demeurera un moment sur les bras, lors de l’interprétation pleine de spleen et d’ecchymoses d’« Apparitions », issu de Raven In The Grave (l’album le plus noirci du groupe paru en 2011). On comprendra alors, en se rappelant les conclusions tirées par M. Night Shyamalan dans son traumatisant Sixième Sens (frisson = âme qui passe à côté de toi) : c’est sans doute que ces âmes-là, attentives et réjouies, traînaient elles aussi dans le coin ici soir…

Visuels : (c) Robert Gil

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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