Pop / Rock
Live report : Michel Legrand et Natalie Dessay à la Halle aux Grains (Toulouse)

Live report : Michel Legrand et Natalie Dessay à la Halle aux Grains (Toulouse)

16 November 2013 | PAR Delphine Habert

Dimanche 10 novembre, Michel Legrand donnait un concert dans la grande salle de concert toulousaine en compagnie de Natalie Dessay et de ses fabuleux musiciens. La qualité et la beauté de sa musique étaient au rendez-vous, un moment d’exception.

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Dimanche après-midi, nous étions présents à un concert magique. Evidemment, avec en tête d’affiche le pianiste et compositeur de plus de 150 musiques de film et la grande chanteuse Natalie Dessay, connue pour ses prouesses lyriques, on ne pouvait que s’attendre à un grand moment.

Michel Legrand arrive à pas lents mais plein d’entrain, seul, pour nous dire quelques mots. Il connait bien la Halle aux Grains, salle où il a joué de nombreuses fois et qu’il chérit. Le maestro, lui qui a composé toute sa vie pour les autres, introduit le concert par un concerto, son concerto, pour laisser arriver au fur et à mesure ses musiciens : le contrebassiste Pierre Boussaguet, Catherine Michel, sa femme, qui nous conte alors la « Chanson d’Andy » dans les Demoiselles de Rochefort du bout de ses doigts de harpiste, puis le batteur François Laizeau.

Après cet interlude musical prend place la reine de la soirée, Natalie Dessay, en robe dorée, vraisemblablement un peu émue. Elle interprète successivement les personnages joués par Catherine Deneuve dans les films de Jacques Demy : Delphine dans les Demoiselles de Rochefort avec la « Chanson de Delphine à Lancien » puis Peau d’âne avec la « Chanson du Cake d’Amour ». Elle entonne ensuite d’autres magnifiques chansons connues pour avoir été interprétées par Barbara Streisand. Vient ensuite l’instant dédié à Claude Nougaro avec la fameuse chanson « Le cinéma », ce qui vaudra un moment d’émotion pour le public toulousain, encore affecté par la disparition du poète.

Michel Legrand met ses musiciens à l’honneur en laissant le contrebassiste virevolter sur le standard « You must believe in Spring » (la célèbre « Chanson de Maxence » dans les Demoiselles de Rochefort) puis prend la relève ensuite en parcourant le clavier à la vitesse lumière comme il sait si bien le faire. Il laisse ensuite la batterie se déchaîner sur le standard « Dingo Rock ».

Vient le moment pour Michel Legrand d’évoquer ses idoles pianistes jazzistiques. Il nous conte un rêve, le rêve de sa vie, où ses plus grandes idoles interprètent ses propres morceaux. Plus que de nous conter les interprétations de ces différents musiciens, il les incarne. C’est ainsi qu’à la manière des plus grands, Michel Legrand arrive à reproduire le style d’Erroll Garner, d’Oscar Peterson, de Georges Shearing ou encore de Count Basie, comme si, à travers lui, ces artistes reprenaient vie devant nos yeux. Michel Legrand est un artiste qui n’a plus rien à prouver, mais qui ne se contente pas d’interpréter les mêmes morceaux et de la même manière. Chaque fois il se remet en question, chaque fois l’interprétation est neuve et novatrice. Cette vidéo enregistrée au festival de Jazz à Montréal en 2001 est un bon exemple :

Natalie Dessay revient ensuite, avec une robe couleur de lune, parfaitement bien choisie pour interpréter la « Chanson de la fée des Lilas », extrait du film musical Peau d’Ane. Puis viennent de grands classiques comme « les Moulins de mon cœur » (thème musical du film L’affaire Thomas Crown), ou encore « La Chanson ». C’est alors l’heure du moment intimiste et attendu du couple piano/harpe sur la musique du film Un été 42 que les deux artistes ont l’habitude de jouer ensemble. Catherine Michel nous offre même un solo de harpe version jazzy, fait rare et que l’on a su apprécier. Le duo se poursuit autour des thèmes musicaux du film Yentl.

Après la robe couleur de lune, Natalie Dessay revêt sa robe rouge pour interpréter « Le rouge et le noir » de Claude Nougaro, puis une très belle chanson en hommage à tous les musiciens. Pour terminer en beauté, la chanteuse et le pianiste entonnent le thème de la séparation des Parapluies de Cherbourg. Un moment d’exception.

Les artistes reviennent avec deux bis avant de prendre leur avion : un morceau de Claude Nougaro « Mon dernier concert », la dernière chanson qu’il ait écrite sans jamais l’avoir interprétée, puis la Chanson de Maxence, cette fois en duo piano/voix.

A la sortie c’est l’effusion de compliments et de joie. Les petits comme les grands ont été comblés. A 81 ans, Michel Legrand sait faire rêver les plus jeunes et combler les plus vieux. On en arrive même à verser une larme d’émotion devant un tel spectacle. Et tout cela n’a pas manqué d’humour, entre la générosité et l’âme d’enfant du compositeur puis la joie de vivre tout en classe de Natalie Dessay, le concert a su garder une ambiance très conviviale.

Même si la tournée est courte et que les concerts se font rares, restez aux aguets, un spectacle comme celui-là vaut le détour.

© Simon Fowler

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Delphine Habert

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