Pop / Rock
[Live Report] Hubert Félix Thiefaine à Rock the Pistes

[Live Report] Hubert Félix Thiefaine à Rock the Pistes

18 March 2016 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Depuis six ans les Portes du Soleil deviennent une fois par an, à quelques heures du printemps, le terrain de jeu d’un festival de rock dont les scènes sont installées sur les pistes de ski.  Aujourd’hui, à 13H30 le monument Hubert Felix Thiephaine a fait bouger le public en anorak réuni à Plaine Dranse, au sommet du télésiège Pierre Longue.

Hubert Felix Thiephaine ce sont des textes. Un mec qui a pu écrire qu’il est “timide comme un enfant mort-né (“La vierge”), qu’il “arrosait toutes (ses) victoires à grands coups de verres de kéfir (“La ruelle des morts”). Thiephaine c’est une carrière de plus de trente ans. Depuis 1978, il balance de sa voix parlée des textes comme des poèmes sombres, “Sur cette autoroute hystérique
Qui nous conduit chez les mutants,
J’ai troqué mon coeur contre une trique.
Je vous attends.” ( “Alligators 427”).

Sur son dernier album, Stratégie de l’Inespoir sorti en 2014, le titre éponyme ordonne “je veux brûler pour toi petite mais gâche pas mon enfer avec ton paradis”. Et c’est essentiellement cet album que le boys band habillé de noir a déroulé en le ponctuant des titres iconiques du patron. Il ouvre par le premier morceau du dernier opus “En remontant le fleuve”. L’ensemble du concert est à l’image de la carrière du bonhomme : rock sans être saturée dans une violence aux accents doux.

A l’une des guitares, l’incroyable Alice Botté ( qui a également accompagné Bashung, Higelin …), mec très mec au prénom de fille qui a la particularité de jouer de la main gauche semble être le chef d’orchestre de ce groupe de mauvais garçons.  Ses riffs électriques et ses ballades entêtantes rendent son écoute très addictive.

Il ici question d’une société devenue incompréhensible, d’ailleurs, Thiephaine cite en VO un poème de Cesar Vallejo, d’une actualité folle et qui pourtant date de 2009 ! “Me moriré en París -y no me corro-
tal vez un jueves, como es hoy, de otoño”. Le chanteur a le sens de la prémonition. En 1981 il chante, et chante également ce 18 mars sous le soleil écrasant de Chatel “Les petites filles de Mahomet
Mouillent aux anticoagulants
Depuis qu’un méchant gros minet
Joue au flipp avec le Coran
Les dieux changent le beurre en vaseline
Et les prophètes jouent Dracula
S’il vous reste un fond d’margarine
J’en aurai besoin pour ma coda ”

Le morceau s’appelle “113e cigarette sans dormir” et ne passerait pas aujourd’hui. Dans le retro, Thiefaine a bien sûr joué des monuments : “La ruelle de la mort”, “Alligators 427” et sa route se termina par “La fille du coupeur de joint”, chantée en chœur avec le public.

Un concert superbe, tout en crescendo, dans un esprit rock jamais pop, livré avec bienveillance aux spectateurs-skieurs ravis.

Visuels  : ©Rock the Pistes festival

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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