Pop / Rock
Festival Days off : Le show merveilleux de Saint-Vincent fait danser la Salle Boulez de la Philharmonie

Festival Days off : Le show merveilleux de Saint-Vincent fait danser la Salle Boulez de la Philharmonie

06 July 2022 | PAR Yaël Hirsch

C’est avec un sixième album Daddy’s home (universal, 2021) que St. Vincent, la chanteuse texane qui a si bien chanté New York, était de retour au festival Days Off,  ce mardi 5 juillet 2022. Un show pop extraordinaire qui a fait danser et crier la Salle Boulez  de la Philharmonie (2400 places) loin de la musique classique qui a anime habituellement le lieu. Chapeau bas pour la performance. 

Pop et basses difficiles en Salle Boulez 

Lorsqu’on arrive à la Philharmonie, ce mardi 5 juillet, une guinguette et des chaises longues à l’entrée  nous signifient que nous sommes bien passés à l’heure d’été et en mode “festival”. La soirée dure en tout 2h40 comme lorsqu’il y a ouverture-concerto-symphonie, sauf que là, il y a deux artistes et que nous sommes placés SUR la scène, là même où l’orchestre joue habituellement, et que pour St. Vincent, nous pourrons même  descendre de nos sièges en hauteur pour y danser debout… La première partie est assurée par la galloise  Cate Le Bon qui a en commun avec St. Vincent une voix puissante, un paraître psychédélique (elle porte un heaume moyen-âgeux) et une direction pop un peu déjantée. Sauf que l’univers mélancolique de la chanteuse est bien à part et que depuis la fosse, l’acoustique de la salle Boulez déforme la musique : les basses pilonnent et écrasent tout le reste. Et là, l’on tremble : est-il vraiment possible d’entendre autre chose que de la musique de chambre ou symphonique dans ce fleuron de nos salles de concerts? 

St. Vincent le caméléon charismatique 

L’arrivée de St. Vincent, de ses trois choristes (et danseuses) ainsi que de ses quatre musiciens sur  cette scène exigeante, nous rassure. Ainsi que la présence d’une armada de techniciens hyper concentrée devant nous, qui nous sommes repliés au fond de la grande coque sonore de la salle. La voix puissante de la chanteuse nous atteint quand elle susurre d’une voix suave (At the Holiday party), aussi bien que quand elle crie avec un timbre si puissant que nous tremblons, et même quand elle rit de manière sardonique.  Carré blond, minishort et bottes blanches à la Courrèges, elle célèbre à la fois la pop et la disco avec ses choristes d’époque qu’elle aime à enlacer, amis avec qui elle peut former un parfait tableau en se tournant ou en dansant de manière parfaitement synchrone. Apparemment très heureuse d’être à Paris, pas du tout intimidée par le lieu, ni les fans qu’elle laisse s’exprimer avec humour et vivacité, elle varie les styles, plonge dans d’autres albums pour partager ses tubes (“New-York” ou  “Los Ageless” de Masseduction), avec des changements de rythmes fous (“Fast Slow disco”), des solos de guitare qui nous rappellent qu’elle a commencé par accompagner avec cet instrument les Polyphonic Spree et Sufjan Stevens,  et des moments plus fluides où elle chante ses textes. Seul petit bémol : on entend mal les paroles de chansons de celle qui a choisi son nom de scène d’après l’hôpital où est mort le poète Dylan Thomas, alors qu’ils sont souvent subtils et porteurs de messages importants… 

Un des concerts les plus impressionnants de l’année 

Les fans sont ravis et pas qu’eux : vocalement, musicalement et aussi scéniquement, la performance de St. Vincent – et de ses 7 musiciens et choristes – est exceptionnelle. Les jeux de lumières sont parfaits, avec des battles de néons, des projections sur des petits nuages et des moments sombres puis d’autres plus violets et fous. Tout est millimétré, et en même temps la diva a une énergie quasi punk quand elle entre et sort de scène, quand elle plie les genoux, et beaucoup plus pop quand elle frôle les mains de ses fans dans “la fosse”.  Tout est millimétré, il n’y a pas un temps mort et lorsque St. Vincent renoue avec le deuxième bis quasi gospel “The meeting of the sun”, c’est debout que le public applaudit à tout rompre. Il est 22h40 exactement et nous avons vu l’un des plus beaux concerts des trois dernières années. 

Days off se poursuit jusq’au 10 juillet avec notamment Andrew Bird et Kae Tempest et il reste des places : informations, ici.

visuels (c) YH

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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