Pop / Rock
[Chronique] “Here’s Willy Moon” de Willy Moon : missile hybride et rock & roll

[Chronique] “Here’s Willy Moon” de Willy Moon : missile hybride et rock & roll

16 March 2013 | PAR Bastien Stisi

[rating=4]

Après avoir écumé cet été les plus grands festivals du territoire européen et après sa performance très remarquée cet automne au festival des Inrocks, on attendait avec une impatience non feinte la sortie du premier album de Willy Moon, néo-zélandais de vingt-trois piges aux cheveux impeccablement gominés et à l’énergie galopante. Porteur d’une diversité plus grande encore que ce que l’on pouvait soupçonner, l’objet en question se positionne déjà assurément comme l’un des tous meilleurs disques de ce début d’année 2013.

Couvé par la moitié des White Stripes Jack White, qui a lancé le prodige néo-zélandais en le conviant en première partie de sa tournée anglaise, Willy Moon a signé une entrée fracassante sur la scène rock internationale lorsque, après la parution du single diablement rock and roll « I Wanna Be Your Man », Apple a décidé d’utiliser pour la campagne de son I-Pod, l’excitant titre « Yeah Yeah », véritable bombe aux gigantesques potentialités tubesques samplant avec grandeur le mythique « Wu Tang Clan Ain’t Nuthin’ ta Fuck Wit ». Une participation rocambolesque à la prestigieuse émission Later…With Jools Holland sur la BBC2 et quelques prestations scéniques hors norme plus tard, il restait à l’artiste la matérialisation et la compilation de ces dégustations sonores au sein d’un premier disque, afin d’implanter définitivement sa patte et son atypisme dans l’esprit du profane et dans celui du grand public.

Tourbillon rock and roll trempé dans une dose de hip hop aux ambitions aussi vastes que les influences ronflantes qui génèrent la trentaine de minutes de ce premier opus, Here’s Willy Moon est un disque hybride aux résonances résolument plurielles, miroir symptomatique de la complexité du parcours d’un personnage passé de l’isolement d’une Nouvelle-Zélande vétuste qu’il dut rapidement quitter pour les chaudes contrées de Valence, puis pour celles du Maroc, avant de se retrouver projeté dans des studios confortables de la capitale londonienne.

La vocalité lubrique de Screaming’ Jay Hawkins (dont il reprend avec efficacité l’animal « I Put a Spell On You »), la spontanéité saccadée des Ramones, les gesticulations scéniques héritées des plus grandes heures de Michael Jackson ou d’Elvis Presley, le convaincant Willy paraît avoir digéré tout ce qui s’est fait de plus énergique et de plus rock and roll avant le bouleversement des années 65 et avant l’émergence du psychédélisme à toutes les sauces, avant de passer le tout sous le filtre d’un modernisme hip-hop et électronique. Si la majorité des morceaux renvoie en effet nettement au primitivisme du rock (des Beatles à Elvis Presley, de Cab Calloway à Little Willie John) sans jamais tomber dans un revival réac’ et fadasse, d’autres titres témoignent de l’influence d’horizons plus contemporains, à l’image du puissant « Railroad Track », qui copine allègrement avec le « Jesus Walk » de Kanye West, ou bien de l’instrumental « Murder Ballad » et ses craquements électroniques proches d’un dubstep psyché et guitareux.

Après la sortie de son album le 8 avril prochain, le printemps francilien continuera d’adopter les pas rayonnants de Willy Moon, et proposera au public un concert à la Flèche d’Or, le 24 avril. Profitez de l’intimité de la petite salle de la rue de Bagnolet, car gageons qu’avec l’audience ascendante du dandy océanien, les capacités des salles qui accueilleront l’artiste dans quelques semaines s’avéreront sans doute largement plus importantes…

Visuel © : pochette de Here’s Willy Moon de Willy Moon

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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