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Playlist de la semaine (106) – Spécial Femmes

Playlist de la semaine (106) – Spécial Femmes

07 March 2015 | PAR Bastien Stisi

L’arrivée imminente du premier album de Courtney Barnett, l’hivernation évolutive du Prince Miiaou, la pop folk soyeuse et sanguine de l’Anglaise Marika Hackman…la playlist de la semaine fait écho à la Journée de la Femme, et focalise son oreille sur les figures féminines les plus éminentes de la scène indie actuelle.

1. Courtney Barnett, « Depreston »

Un folk narratif et contemplatif, qui traite avec un langage dylanien et un second degré acéré les complexités du monde contemporain : voilà ce qu’évoque le nouvel extrait du premier album de la baroudeuse australienne Courtney Barnett, dont la sortie est prévue pour le 23 mars. Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit. Indice sur cet album qui s’apprête à émerger : le son est aussi brillant qu’est malin le titre de l’album. Ce n’est pas peu dire.

2. Le Prince Miiaou, « Miss It »

Au sommet de son château de grâce rock et de subtilité pop, Le Prince Miiaou, en phase d’hibernation relative, livre un nouvel EP (Triptyque d’Hiver)  venant compléter une discographie déjà pleine de quatre albums studio. Toujours aussi subtile, Maud-Élisa Mandeau se permet ici de tordre dans des sens incertains les cordes de sa voix plaintive et ombrageuse, accompagnée dans son élan par des synthés cold-wave inédit jusqu’alors dans le royaume de la Française. Lors de son dernier concert donné à La Gaîté Lyrique en compagnie de Perez, on l’a également vue entourée, pour la première fois, d’un véritable orchestre à cordes. Mutations dans la filiation, pour cette princesse pop-là.

3. Venera 4, « Eidôlon »

Venera 4 se compose de deux filles et de deux garçons. Et cette bipolarité sexuelle est quasiment transcrite ici de manière archétypale : il y a la sensualité toute féline émise par les voix lascives des filles, et les guitares copieuses et denses grattées par la virilité mesurée des garçons. Il en résulte une pop dark, synthétique et surréaliste, proche d’un post-punk aux obsessions mélodiques, qui aboutit aujourd’hui à la parution d’un premier album, mené par le titre éponyme proposé ici. L’alcôve entre la douceur et la violence. Toujours la même histoire. Mais peu importe, tant que celle-ci est contée avec autant de nuances et de dextérité.

4. Marika Hackman, « Animal Fear »

Loupée lors de notre dernier passage au Badaboum, à l’occasion d’une date du Festival A Nous Paris Fireworks qu’elle partageait avec All We Are et avec Alvvays, Marika Hackman, collaboratrice sur le dernier album d’Alt-J, se transforme petit à petit en vampire malicieux au sein du clip du très beau « Animal Fear ». C’est l’animal en elle qui en vient à dévorer les membres de son propre groupe, et qui symbolise les écarts perceptibles à l’intérieur du premier album (We Slept At Last) de la jeune anglaise : une pop folk soyeuse faite de sang et de soie. A boire jusqu’à plus soif, et de préférence, au lever du petit jour. Là où l’on se trouve protégé des créatures malignes aux ongles acérés.

5. Yaël Naïm, « Dream In My Head »

Alors qu’on attend avec impatience son nouvel album Older, dont le nom sonne comme un ordre du jour (sortie le 16 mars chez Naive), la belle Yaël Naïve n’arrête pas de refaire son âme. Le premier extrait, « Dream In My Head » rend grâce au blues le plus profond. Signé Bettina Armandi-Maillard et Flavien Prioureau, le clip sur fond bordeaux est élégant. Et il expose le visage de la chanteuse aux éléments d’une grosse déconvenue amoureuse. (Yaël Hirsch)

6. C.A.R., « Glock’d »

Anciennement activiste / interprète au sein du projet électro pop sombre Battant, Chloé Raunet poursuit désormais la bataille en solo, la fleur et les cheveux blondis au fusil, et enrobe sa pop d’influences eighties particulièrement marquées dans un cocktail de cold wave et de synthpop expressif. Icône 80 déboulée dans les années 2015, C.A.R fait partie de ses bolides pop dont il est bien compliqué de mesurer la trajectoire, puisque celle-ci s’avère considérablement sinueuse. On sait au moins que celle-ci vient d’aboutir, après la parution de My Friend, à la sortie de l’EP Glock’d, sur lequel apparaît le morceau du même nom balancé ici.

7. Helena Hauff, « The First Time He Thought, He Died’ »

Rien que pour le titre dérisoire et essentiel qu’elle propose ici, la découverte vaut le détour : « The First Time He Thought, He Died’ » est le premier extrait de l’EP Lex Tertia, (« Troisième Loi » en Latin) d’Helena Hauff, DJ et productrice hambourgeoise récemment aperçue Boulevard de Clichy (plus précisément, à La Machine du Moulin Rouge), et propose une techno parée d’une tranquillité inquiétante. Oppressante parce que sinueuse même, pourrait-on dire. C’est qui, déjà, le dernier crétin qui a parlé d’électro féminine ?

Visuel : (c) pochette d’Eidôlon de Venera 4

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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