Pierre Boulez dirige ce soir l’orchestre philharmonique de la Scala à la salle Pleyel.
Avec ses Quatre pièces op. 12, Bartók amorçait un véritable virage esthétique, simultanément influencé par les volutes debussystes et l’expressionnisme viennois. Totalement indépendantes les unes des autres, ces pages témoignent de cet état d’esprit : on y croise aussi bien l’amour de l’orchestration « à la Française » qu’un hommage démoniaque au scherzo de la 9e Symphonie de Beethoven ou une Marcia funebre dont la profondeur et la violence expressive interpelleront plus d’un auditeur. De fait, le compositeur hongrois n’était pas homme de compromis : son Mandarin merveilleux sera taxé d’ « immoralité », créant le scandale.
Video : le mandarin merveilleux
Il faut dire que cette pantomime dansée avoue sa filiation avec Le Sacre du printemps, l’orchestration et les rythmes obsessionnels participant d’une irruption du « barbare » dans la musique occidentale. Dès le prélude surgit une suffocante évocation de la grande ville vue comme lieu de vacarme et de terreur : entre frénésie et effets de klaxons, cette cacophonie savamment maîtrisée campe l’ambiance des bas-fonds de la Mitteleuropa au sortir de la Première Guerre mondiale. Quelques années plus tard, déçu par l’accueil réservé à son premier concerto pour piano, Bartók avait souhaité écrire « une oeuvre qui soit moins hérissée de difficultés pour l’orchestre et dont les matériaux thématiques soient plus avenants ». Il y est parvenu sans peine : le Concerto n° 2 frappe d’emblée par une allégresse caractéristique, par sa richesse d’invention comme par l’aisance et la versatilité de l’accompagnement orchestral.
Pour écouter le concerto n°2 pour piano cliquez ici: http://www.deezer.com/listen-3190245
salle Pleyel, 252 rue du Faubourg Saint-Honoré – 75008 Paris. De 10 à 95 euros.