Musique

Neuvième et magistral album de Low, C’Mon.

11 April 2011 | PAR Camille Jamain

Après quatre ans de silence, le trio Slowcore de Duluth (Minnesota) revient avec un neuvième opus et atteint les sommets que l’on pensait déjà lointains depuis Trust (2002).

Ces dernières années le cas Low suscitait débats et frustrations, nous laissant avec l’inégal The Great Destroyer (2005) et les touches plus électroniques d’un Drums and Guns (2007), magistral effort de minimalisme injustement sous-estimé. C’est ainsi qu’apprenant l’arrivée imminente d’un neuvième album en ce printemps (signé chez Sub Pop comme ces deux prédécesseurs), sobrement amené par quelques trailers alléchants, nous étions partagés entre doutes et excitation, la réponse ne tardera pas à venir tant cet album dissipera toutes nos appréhensions.

J’ai toujours refusé l’idée de ceux qui voyaient en Low l’incarnation la plus dépressive de l’indie rock. Low c’est avant tout un paradoxe unique qui nous accompagne depuis presque deux décénies maintenant. C’est d’abord l’introspection, ces harmonies vocales et ces rythmiques martiales qui nous font face comme un miroir où l’on se voit seul et où l’on nous chuchote à l’oreille des incantations spectrales qui ouvrent les voies d’un recueillement rare et troublant. Cependant Low c’est aussi la communion qui prend forme sous les habits rituels d’une messe et ce n’est pas anodin si cet album a été enregistré entre les religieuses parois d’une église catholique de leur ville natale.

C’est ce qui frappe en premier, cette fusion si naturelle et si caractéristique qu’apporte le choix d’un tel lieu. Premier morceau et premier single de l’album “Try to Sleep” ouvre les portes d’une pop retrouvée, peut-être plus consensuelle mais tout aussi maîtrisée. Passée cette brillante entrée, “You See Everything” convainc pour de bon du retour au songwriting acoustique et minimal d’Alan Sparhawk. Les harmonies toujours aussi éthérées, véritable marque de fabrique du trio remplissent plus que jamais l’espace au milieu de cette église lors d’une ascension menée avec une légèreté presque insolente tant elle semble évidente. Si “Witches” et “Done”, accompagnées au banjo par l’un des cinq musiciens invités pour l’occasion ne sont pas à proprement parler ce qui a fait de Low un groupe si singulier, on n’en sort pas indifférent… sans pour autant crier au génie. La suite sera une tout autre histoire.

“Especially Me”, cinquième titre charnière, annonce un tournant des plus marquants dans ce dix-titres. C’est un hymne choral, un voyage lunaire où l’on arpente inlassablement les moindres courbes et aspérités, une pierre brute d’une rare intensité où les défauts habituellement gommés (toux, fin de phrases approximatives) confèrent à ces cinq minutes les qualités des grands morceaux qui nous laissent dans un pur état contemplatif. Comme pour appuyer définitivement ce savoir faire unique des arrangements dénués de superflu, “$20” se fait l’écho de ce talent retrouvé. Vient “Majesty / Magic”, qui nous cueille magnifiquement dans une montée aussi répétitive qu’entêtante et laisse augurer le meilleur pour la fin.

“Nightingale”, ballade mélancolique mais jamais plaintive est encore une fois à l’image des contrastes que le groupe fait naître. Là où on pensait la recette atteindre ses limites, aussi belle qu’elle peut être, le trio prend le contrepied des sacro-saints codes de l’indie rock dans une envolée de huit minutes à travers “Nothing But Heart” où les guitares se perdent en soli occupant tout l’espace des lieux de façon magistrale. C’est sur une sublime ballade pop que s’achève C’Mon, comme un écho à l’ouverture de l’album, “Something’s Turning Over” délivre du mal dont on pensait peut-être Low souffrant. Preuve en est que les choses ne sont jamais perdues, Low livre incontestablement un des albums de l’année.

 

 

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