Musique

My Dying Bride ou l’ivresse (gothique) des profondeurs

21 August 2009 | PAR Mikaël Faujour

Groupe phare du metal gothique, My Dying Bride revient au meilleur niveau avec son dixième album.

« Vanité des vanités, tout est vanité », clamait le Prophète. C’est ce que nous enseignent tant d’auteurs et tant de peintres… ou encore la lecture navrée des bavards nains de l’esprit que sont les éditorialistes. C’est aussi, pour ce qui nous concerne ici, le cœur de l’œuvre musical noir pétrole de My Dying Bride, groupe majeur du metal européen, à la confluence du gothique et du doom metal.

Pour rappel, « doom » signifie « destin », « fatalité » : c’est là le thème principal, entêtant, que creuse et illustre la musique de ces Anglais depuis leurs débuts en 1991. Malgré quelques – rares – faux pas dus à une louable volonté d’innovation, leur discographie est globalement exemplaire et rythmée de plusieurs grands albums de metal.

Après un décevant A Line of Deathless Kings (2007), épuisant et agaçant à force de noirceur outrée, My Dying Bride revenait au printemps avec son dixième album, l’impeccable For Lies I Sire.

Groupe de variations plutôt que de révolutions, My Dying Bride explore la face sombre des affects humains en diverses variations nuancées, du clair-obscur inquiet à la ténèbre profonde, de la mélancolie apaisée à la révolte de l’homme sans Dieu.

Dans ce dixième album, le groupe développe ce qu’il sait faire de meilleur : des compositions évolutives, tripales, intenses, aux élans expressionnistes, sorte d’équivalent musical aux visions d’Alfred Kubin. Ses guitares lourdes ou plaintivement lancinantes dessinent un ciel bas et orageux où planent tour à tour le crooning morose d’Aaron Stainthorpe ou son feulement menaçant comme un Oskoreï.

Intelligemment ornées de claviers gothiques ou de parties de violon (instrument que l’on n’avait plus entendu depuis des années, et qui participait de l’excellence de son chef d’œuvre Turn Loose the Swans, 1993), les compositions, jamais dépourvus de cette grandiloquence romantique propre au gothique, développent une esthétique de l’ivresse des profondeurs et de la mélancolie.

Les amateurs de pop solaire passeront leur chemin. Ceux que séduisent les émanations spleenétiques du gothique trouveront à coup sûr leur compte dans la musique de ces chevelus qu’on eût brûlés au XIe siècle, mais qu’on écoute avec délectation au XXIe.

[L’album est disponible à l’écoute sur Deezer, qui dispose de la quasi intégralité de la discographie du groupe.]

For Lies I Sire, Peaceville, 2009.

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Mikaël Faujour

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