Michel Legrand, nostalgie à l’Odéon
On attendait Monty Alexander mais voilà que le pianiste est en convalescence à Los Angeles. En dernière minute, le Festival Jazz à Saint Germain des Prés Paris a demandé à Michel Legrand et son trio de le remplacer au pied levé. Pari réussi pour un concert tout en nostalgie.
Michel Legrand…monument ! Les moulins de mon cœur, Les parapluies de Cherbourg, L’été 42, La valse des Lilas, Barbara Streisand…
A 80 ans, le pianiste virtuose tient la forme, il invite Pierre Boussaguet à la contrebasse, François Laizeau à la batterie et sa femme, la harpiste de l’Opéra de Paris Catherine Michel. Nous sommes vite prévenus, il compte faire le florilège de sa “courte carrière”. C’est ainsi que nous parcourons les tubes et les rencontres, notamment avec Miles Davis, occasion d’un rock à la batterie, formidable.
Dans une volonté de modernité pas toujours heureuse (on aura regretté la version massacrée des Parapluies de Cherbourg), Legrand cherche à “casser”. Il faut dire, tous ses titres sont reconnaissables entre tous, sus par cœur même quand on l’ignore. La valse des Lilas se fredonne à L’Odéon qui prend des allures d’Olympia aux temps mythiques. Son toucher au piano si particulier fait qu’une seule note permet de l’identifier.
Celui qui travailla avec Dizzy Gillespie, maîtrise l’improvisation, jouant de regards et de signes avec ses musiciens. Le concert donné hier à l’Odéon en ouverture du festival fut un moment généreux et sympathique. La présence de Legrand est immédiatement chaleureuse et familière. Alors on se laisse emporter par ce court extrait d’une discographie hors norme. On aurait préféré entendre Les moulins de mon cœur et La chanson du cake d’amour au lieu des textes de Jean Dréjac, avec lequel Legrand a longuement collaboré. Mais hier soir, les titres choisis de l’auteur de Sous le ciel de Paris n’étaient pas les meilleurs.
Reste un moment inoubliable dont on sort léger avec l’envie furieuse de se caler devant Les parapluies de Cherbourg, finalement, le froid en Mai, c’est pas si mal !
Visuelm : (c) Nicolas Hidoroglou