Musique

Mathieu Boogaerts, magicien des mots tous les mercredis à la Java

12 April 2012 | PAR Yaël Hirsch

Chaque semaine et plus précisément chaque mercredi le très talentueux Mr Boogaerts livre des chansons de son nouvel album à venir à la Java. Un moment “à cœur et âme” monté à l’humour tendre qui laisse présager que le nouvel opus, 16 ans après “Super”, sera un moment d’apogée musicale et textuelle. Entre-temps, courez à la Java un ou plusieurs mercredis avant le mois de mai !

C’est autour de 30 concerts en 2009 et 2010 que Mathieu Boogaerts a articulé son précédent opus, “Mercredi ! A la Java ! Mathieu Boogaerts !”. Il récidive depuis le mois d’octobre dernier dans la salle sympathique de Belleville. Auprès d’un public plus qu’acquis, le guitariste et siffleur virtuose teste les pistes de son prochain disque à paraître à l’automne prochain. Jean, baskets blanches inchangées (et toujours immaculées) depuis la sortie de son premier album, T-Shirt rouge, “ondulé”, il communique… des infos importantes sur sa manière de composer aussi bien que beaucoup d’énergie. Mais sous des dehors très littéraires et vaporeux, tout est réglé comme du papier millimétré : 30 concerts, 1 entracte, 12 chansons par acte, 1 “nouvelle” en nombre impair, 1 “ancienne” en pair, si ce n’est pas encore tout à fait du Perec, cela y ressemble un peu.

Et ce mercredi 11 avril, Boogaerts complétement seul en scène (son bassiste Zaf Zapha le rejoindra pour deux dates en mai) nous prévient que l’alternance harmonieuse du neuf et de l’ancien peut se faire grincheuse : il vient d’arrêter les chansons du prochain disque et sait donc désormais lesquelles resteront hors jeu. Non pas qu’elles sont moins bonnes, mais elles n’ont pas trouvé leur place; il y en avait trop. C’est fâcheux. Alors Mathieu se console en enchaînant 3 chansons d’amour dont deux versions de la paria-contrepied de son livre (qui s’intitule “Je ne sais pas”) : “Je sais”. Une chansons “boeuffée-beafée” en reggae est toujours irrésistible, dit l’auteur-compositeur en sautillant comme le Marsupilami de l’affiche… Et le pire c’est qu’il a raison!Maître dans l’art des rimes americano-françaises – à condition que l’anglais soit prononcé avec un accent français- le clown génial module sa voix pour envoyer très haut les perches. Et puis, quand il ne peut pas, parce que sur l’album “ce sera une voix de femme, très pure”, il met à contribution son public chéri qui apprend tout refrain en moins d’un tournemain. Ça, plus quelques effets d’écho au micro et le seul en scène se transforme vraiment en bœuf ou en corrida. Dernière chanson du set, la star roule des hanches comme un latin-lover avant de se retourner sur un autre texte un peu “dé…. çu” (et non “dé….bile” comme tente de deviner la salle pleine de bonne volonté.

Après une petite pause d’un quart d’heure, l’excellent Boogaerts is back et demande l’éclairage 1 (verdouille, donc) pour une autre chanson de rupture qui est désormais un hymne “All I wanna do”. Puis vient l’heure didactique  avec l’herméneutique du message fondamental de “Siliguri”, la chanson sympa où il semble dire n’importe quoi. Bon, pour ceux qui préfèrent se mettre la tête sous le chauffage ultra-puissant (et bruyant) des toilettes de la Java, nous ne spoilerons pas le fond de cette chanson (très sexe) ici. Après un intermède doux en fond de salle et au piano, la fin du concert approche; Boogaerts emballe sa guitare dans un rythme endiablé de jeux-vidéos et se met à danser. Puis menace de repasser à la berceuse, ce qu’il fait d’ailleurs, avec l’évocation d’une petite musique qui trotte dans la tête de Patrick. Après un salut bref mais ferme (il est quand même 23h15), la star du mercredi livre deux bis dont l’originel “Ondulé” et la boucle est bouclée…. Jusqu’à mercredi prochain où l’on parie que la moitié de la salle d’hier répondra présente…

Danse, ska, amour, humour, timidité, guitare, sifflet, amour, Boogaerts sait tout faire y compris jouer avec les mots. Un jeune Brassens des années 1990-2000 et 2010 (oui le compteur tourne) qui régale de présence et d’impertinence. Bref, un grand artiste à voir sur scène quand il fait la Java.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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