Musique

L’Orchestre Parfum, quand parfumeurs d’exception et musiciens virtuoses s’en mêlent et s’emmêlent…

01 December 2019 | PAR Geraldine Elbaz
Quand les notes de musique et de parfums se répondent, on assiste alors à un concert olfactif « sens dessus dessous »!
A l’initiative de ce projet génial? Pierre Guguen, qui à 30 ans à peine, décide de créer en 2017 une passerelle sensorielle entre ses deux univers de prédilection : la musique et le parfum. 
Son rêve? Sublimer les arts en les mélangeant pour les amplifier et les appréhender autrement. Mettre en scène le parfum, agrémenté d’accords mélodieux pour mieux raconter leur histoire. En intégrant la musique, il donne une nouvelle dimension au parfum et nous invite à explorer nos sens: on va désormais écouter un parfum et aller au-delà de l’expérience sensorielle originelle.
Diplômé de l’ESC Toulouse et après avoir fait ses armes dans les plus grandes Maisons comme PUIG et l’Oréal, où il a appris le solfège du parfum, Pierre Guguen se lance dans l’aventure de l’entrepreneuriat et crée le premier Fragrance Band : l’Orchestre Parfum, avec la volonté de faire bouger les lignes de la parfumerie.
Ainsi chacune de ses créations part d’une matière musicale, d’un instrument qui va inspirer la composition du parfum et enfin l’interprétation du parfum en musique par un artiste magnifie l’expérience sensorielle : la boucle est bouclée.
L’Orchestre Parfum a fêté en novembre ses deux ans d’existence avec six parfums et morceaux inspirés, comme une invitation au voyage:
  • Encens Asakusa nous emporte à Tokyo dans un temple japonais au son du koto de Fumie Hihara avec des effluves d’encens de myrrhe et d’iris.
  • Flamenco Néroli interprété par Mathias Berchadsky à la guitare, reflète des notes fraîches et douces tout en élégance. On part à Séville dans les volutes envoutantes de néroli, de bergamote et de jasmin.
  • Rose Trombone nous transporte dans l’atmosphère sensuelle et intimiste d’un club de jazz à Harlem et c’est le son du trombone de Nicolas Benedetti qui nous retranscrit la rose, la vanille, le santal et le musc blanc…
  • Cuir Kora est un voyage boisé et épicé en Afrique, au son du kora, dont les cordes pincées nous font vibrer avec Cheikh Diallo.
  • Thé Darbouka nous emmène dans le désert du Sahara au rythme des percussions de Nicolas Leroy dans des effluves d’épices, de bois et de mousse.
  • Piano Santal, la toute dernière création, part d’un rêve blanc et boisé, on est comme endormi sur un piano, enveloppé dans des draps propres et bercé par les notes de santal, de cèdre et de musc, jouées en musique par Edouard Perlet.
Qu’est-ce qu’un parfum sinon un moyen d’exprimer ce qui est invisible, évanescent, ténu? Une odeur qui parle à notre inconscient, met nos émotions en exergue et ravive nos souvenirs.
Un parfum et une musique ont la même structure chimique, nous dit Pierre Guguen, ils vivent dans l’air pendant quelque temps puis disparaissent mais restent dans nos coeurs, dans notre âme. Ils sont à la fois éphémères et ancrés en nous, de manière presque viscérale.
Pierre Guguen, passionné et passionnant, nous parle aussi de karma et de vibrations, de rencontres incroyables avec des artistes de talent, nez et musiciens, qui ont accepté de participer à cette belle aventure offrant un dialogue magique entre musique et parfumerie.
Parti à la recherche de l’odeur de la musique, dans une quête synesthésique atypique et artistique, son nouveau challenge est une cartographie olfactive de la musique, une idée qui lui est venue à la lecture des romans de Sylvain Tesson.
En explorant les frontières entre art olfactif, parfumerie et musique, Pierre Guguen redéfinit clairement notre approche sensorielle et réussit magistralement le pari de matérialiser l’insaisissable.
On lui souhaite de continuer longtemps cette exploration sublime de la musique à travers le prisme du parfum et inversement.
A quand d’ailleurs l’ouverture d’un musée d’art olfactif et musical pour lequel on a déjà le nom : le Guguenheim.

Crédit photo : ©L’Orchestre Parfum

De Pierre Guguen
Une playlist contre le sida
Un bijou théâtral au Lucernaire : “Trois femmes” avec Catherine Hiegel
Avatar photo
Geraldine Elbaz
Passionnée de théâtre, de musique et de littérature, cinéphile aussi, Géraldine Elbaz est curieuse, enthousiaste et parfois… critique.

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration