Musique
[Live-Report] : Haris Alexiou et Dimitra Galani à l’Olympia (28/10/2012)

[Live-Report] : Haris Alexiou et Dimitra Galani à l’Olympia (28/10/2012)

29 October 2012 | PAR Yaël Hirsch

C’est à Paris que les deux immense stars grecques ont décidé de mettre fin à leur tournée triomphale et commune de l’année 2012. Et ce grand concert avait symboliquement lieu  le soir d’une fête nationale grecque, qui commémore le “OXI” (“NON”) du gouvernement grec à l’entrée des troupes mussoliniennes dans le pays. Sous des jeux de lumières qui semblaient hisser un drapeau européen et accompagnées par un de leurs grandioses musiciens Haris Alexiou et Dimitra Galani ont offert plus de 2h30 de musique à un Olympia plein à craquer et toujours prêt à battre des mains.

La brune, la Blonde. En pantalons fluides et toutes de noires vêtues, elles étaient deux à rivaliser de puissance de voix et de charisme, et ont commencé par une chanson sur le déracinement hier soir sur la scène de l’Olympia. Autour du projet du double CD de 36 chansons, « Pallas » (EMI), Haris Alexiou et Dimitra Galani se sont retrouvées, complices, 30 ans après leur première collaboration et après plus de 30 ans de carrière chacune. Mais voyons, nous savons bien qu’elles ont commencé … à 5 ans, a dit avec malice et en Français Dimitra Galani. Le duo s’est en effet autant exprimé en Français qu’en Grec, hier soir puisqu’un rapide lever de doigt a montré que oui, il y avait des spectateurs qui ne parlaient pas Grec dans la salle et qui adoraient tout de même les chansons profondes des deux divas.  Une espèce de suite de morceaux choisis du patrimoine grec a suivi où chaque titre choisi a été applaudi et accueilli avec joie et reconnaissance par le public.

Puis la blonde Dimitra Galani est restée seule en scène pendant une grande demi-heure de morceaux sous les vivats qui se sont accrus quand la chanteuse a interprété avec toute son âme le “Thalassa Platia” (La vaste mer) de Manos Hatzidaki, qu’elle a commenté dans un français hésitant mais irrésistible (“je suis désolée pour mon Français mais je dis ce que je veux”): “Chanter pour la mer est un privilège que personne ne peut nous prendre”, avant de remercier en deux langue le public et de rappeler le “lien magique” qui existe entre la Grèce et Paris.

La Brune Alexiou a pris le relais et, accompagnée par son formidable violoniste, elle a entamé son tube colérique “Ftani, Ftani ” (ça suffit, ça suffit), puis  a parcouru toutes les couleurs de son répertoire, du tango revu et corrigé aux bouzoukis, à la chanson d’amour, en passant par la chanson politique à texte signé Theodorakis.

Vers 22h, après 1h30 de performances, les deux amies se sont retrouvées pour une escalade de notes pré-entracte, dont une chanson dédiée au présentateur Nikkos Alliagas, présent dans la salle. Et elles ont fini cette nouvelle série de duos par une chanson très émouvante “Nous chantons encore, on nous applaudit encore, donc nous sommes encore vivantes” tonnerres de mains frappées.

22h10, le public a un large sourire aux lèvres pendant la vingtaine de minutes que dure l’entracte. certains doivent filer, car il y a travail ou école demain, mais la plupart restent pour aller au bout de cette expérience aussi exceptionnelle humainement que musicalement. La reprise se fait à deux sur le devant de la scène et en douceur avec des chansons d’amour dont certaines ont des paroles terribles “Éteignez la lumière, éteignez la lune, éteignez la douleur”. Mais 22h30 en Grèce c’est l’heure où l’on commence à danser dans les cafés de Plaka où les deux stars ont commencé et elles ne l’oublient pas. Elles commencent donc une série d’air endiablés par le fameux “Zilia Mou” (voir ci-dessous): Au premier étage de l’Olympia, l’on danse debout, dans le parterre, l’on bat des mains de toutes ses forces. Puis Alexiou chante un vrai Rebetiko, qui parle d’alcool et d’oubli. Galani, elle, se lance dans un espèce de Ska sur musique endiablée : “Ana mane”. 23h approche, voici venu le temps de présenter les musiciens, ce que les deux divas font avec enthousiasme et générosité, n’oubliant personne.

Une dernière remarque politique en Français, sur l’âme de la Grèce qui vit encore et sur l’importance de différencier le peuple grec de ses politiciens, une levée de drapeau porté en étendard par une femme du public au parterre, puis les deux chanteuses finissent sur deux duos dont le rythme est battu en standing ovation par le public. Ovation debout et à bras levé qui dure toutes les salutations et aussi pendant les bis pour saluer deux monstres sacrés de la chanson grecque, leur générosité, et la fin d’une tournée triomphale à Paris. En espérant les revoir vite, une à une ou ensemble, illuminer une salle parisienne comme elles ont réchauffé l’Olympie de poésie et de musique, hier soir.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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