Musique
« Le principe des Trans, c’est que ça ne se ressemble pas »

« Le principe des Trans, c’est que ça ne se ressemble pas »

01 December 2022 | PAR Rodolphe Pete

A quelques jours de la 44e édition du festival rennais, son emblématique cofondateur et directeur, Jean-Louis Brossard évoque ce rendez-vous majeur du paysage musical français.

Que de chemin parcouru depuis 1979 ! Du 7 au 11 décembre, le centre-ville et le parc des expositions de Rennes vont accueillir plus de 80 artistes du monde entier. Des activités gratuites seront proposées en journée suivies de concerts payants le soir. C’est sans oublier les « Bars en Trans » et une kyrielle d’initiatives autour de cette locomotive artistique et médiatique.

Une diversité de styles, de jauges et d’ambiances assumée par l’association fondatrice incarnée sans discontinuer par le vétéran Jean-Louis Brossard. A 69 ans, le baroudeur sonore garde toujours la même curiosité et l’envie de partager ses découvertes. Avec des créations comme la présence durant cinq soirs à Air Libre de Zoé de Sagazan, jeune espoir de la chanson originaire de Saint-Nazaire, sa première partie sera assurée par un duo estonien sur lequel le programmateur a flashé ou par le nouveau projet très visuel du dj et producteur lyonnais Agoria.

« On ne fait pas une programmation avec un fil conducteur, le but c’est que ça ne se ressemble pas. C ‘est un mélange d’ esthétiques différentes, que ce soit rap, rock ou électro. Je travaille au coup de cœur, en allant dans les festivals, en écoutant les disques ou les liens qu’on reçoit. Je suis inondé de musique et j’aime aller rechercher des choses, des nouveaux sons », résume le sexagénaire. Parmi les endroits qu’il ne manque pas, on retrouve Brighton en Angleterre et l’Eurosonic en Hollande. «  J’ai l’oreille collée sur l’Afrique, même si je n’y suis jamais allé ! », citant le développement des musiques électroniques sur ce continent.

Rappelant que « les Transmusicales ont permis à pas mal d’artistes d’être découverts en France », Jean-Louis Brossard se rappelle notamment de Björk, Massive Attack, Cat Power, mais aussi des noms moins connus comme The Do. Un certain duo, Daft Punk, s’était aussi produit à Rennes bien avant son envol international. « Beaucoup de choses me tiennent à cœur, je me souviens des concerts et quand je revois les groupes, comme cette année Meute, ils se rappellent que tout a commencé chez nous. » Avec le recul, il pense aussi à des formations moins connues qui n’avaient pas la visibilité qu’elles ont acquise après leur exposition rennaise : « On a permis à certains de pouvoir jouer dans le monde entier, comme BCUC », Bantu Continua Uhuru Consciousness, groupe de Soweto (Afrique du Sud).

Soutenues par les collectivités et un public fidèle, les Trans tiennent à leur indépendance structurelle et ne sont pas touchées par l’inflation des cachets, contrairement aux grosses structures estivales : « Nous sommes préservés parce que l’on fait jouer des artistes émergents. Il y a des frais qui augmentent mais nous n’avons pas la même situation ». Depuis 2005, l’événement s’est aussi engagé sur la voie du développement durable. «  Nous avons été précurseurs », souligne Jean-Louis Brossard, aimant à dire que « les Trans, c’est le haut de l’iceberg de ce que l’on fait toute l’année, avec des concerts y compris dans les maisons de retraite. On est toujours régi par la loi de 1901, on fait ce qui nous plaît ».

Rodolphe Peté

(Photos : Richard Dumas et R.P.)

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Rodolphe Pete

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