Laurent Couson à propos du Electro Symphonic Project à l’affiche de la Seine Musicale le 8 octobre : “
Après un triomphe à l’Opéra de Bordeaux à l’automne dernier (lire notre article), l’Electro Symphonic Project de Laurent Couson arrive à Paris le 8 octobre 2019, dans l’auditorium de la Seine Musicale, avec à la baguette (et au piano), Laurent Couson, aux platines Charles Schillings, un orchestre, Tom Fire, Benoît Lugue, des choeurs et des invités surprises.
On peut d’ores et déjà réserver, et cela se passe ici.
Comment as-tu eu l’idée de rassembler l’électro et la musique symphonique ?
Je suis un musicien classique qui me suis toujours intéressé à toutes les musiques. J’ai ensuite rencontré Charles Schillings, que j’écoutais déjà quand j’étais au conservatoire et que je sortais la nuit au Rex Club ou au Queen, et depuis déjà un moment, je pense que la musique électronique est la meilleure façon de faire évoluer le son d’un orchestre symphonique, qui ne doit pas rester enfermé sur une seule et unique formation d’instruments acoustiques, mais qui doit utiliser des moyens modernes, c’est-à-dire la sonorisation, l’électro, la lumière, les nouveaux instruments, les nouveaux sons, pour faire évoluer aussi le son d’un orchestre symphonique. L’électro est un apport aux instruments acoustiques.
Pourquoi pas l’Ircam alors ?
Parce que la création contemporaine classique doit renouer avec le grand public et le populaire. L’icarm est anti-populaire, c’est seulement de la recherche, la plupart du temps absconse, qui ne débouche sur rien, n’intéresse pas grand monde et donne de la musique hermétique. C’est tout le contraire qu’on essaie de faire : un orchestre symphonique doit permettre de faire la fête, de s’amuser et doit être un objet de grand spectacle.
En filigrane, dans le caractère visuel du spectacle et le rythme, l’on retrouve votre parcours de compositeur de film…
Exactement. Dans la musique de film, on est habitué à mélanger les genres, car un compositeur de film connaît à la fois le langage symphonique, le jazz et la chanson. Dans une partition de musique de film, on est amené à toucher à tous les genres. Aujourd’hui, s’il y a un art où il y a du mélange de genre, et donc une évolution de l’écriture, c’est bien la musique de film.
Parlez-nous de l’expérience de Bordeaux et de la réaction du grand public…
Ce qui s’est passé à Bordeaux a été extraordinaire. On y a créé un spectacle dans le cadre de la programmation officielle de l’Opéra de Bordeaux, mais on a aussi collaboré avec un festival très populaire, le Festival des arts urbains. On avait donc un public hétéroclite, qui était à la fois composé des abonnés de l’Opéra de Bordeaux, qui sont des gens habitués aux concerts classiques, et qui étaient là pour voir un concert symphonique, donc un public assez âgé, et en même temps un public très jeune, issu de ce Festival des arts urbains, attiré par le mot électro. Ces jeunes, pour la plupart, mettaient pour la première fois les pieds dans une salle de musique classique. Ils ont découvert d’un seul coup ce qu’était un orchestre : pas un truc chiant pour les vieux avec de la musique d’initié, mais quelque chose accessible, festif, dansant, impressionnant. C’est exactement ce que je veux faire avec ce projet, et je voudrais vraiment réussir à faire rentrer dans la salle une jeune génération de gens qui n’ont jamais mis les pieds dans une salle de musique classique, et qui n’ont jamais vu un orchestre symphonique « en vrai ».
Vous gardez les mêmes musiciens pour la version parisienne de la Seine Musicale ?
Comme je produis le spectacle à Paris, j’ai décidé de créer mon propre orchestre, qui s’appellera The moderne symphonic orchestra, dans le but de jouer ce projet, mais pas seulement. C’est un orchestre composé de musiciens modernes, qui aime le mélange des genres, qui aiment s’amuser sur scène. L’orchestre est destiné à fonctionner avec une scénographie, des lumières, de la mise en scène, une ouverture sur les autres musiques. Le but est donc de sortir du cahier des charges rigide des orchestres classiques, qui sont obligés de suivre un protocole, une tenue.
Et vous gardez la structure : pupitres, premier violon etc… ?
Je garde les pupitres, mais je vais les mélanger. La configuration d’orchestre sera inhabituelle, et les musiciens montreront dans leur attitude qu’ils s’amusent en jouant, ce qui n’est pas toujours le cas dans les orchestre symphoniques.
En terme d’électro, vous vous êtes entourés d’orfèvres…
Il y aura Tom Fire, qui est extraordinaire et qui tient toute la boutique, c’est le rôle le plus important du spectacle, il fait le lien entre l’électro et le spectacle symphonique. Charles Schillings sera évidemment là, dans une apparition qui sera spectaculaire, mais je ne vous en dis pas plus. Et Benoît Lugue est un électro-basse qui fait un travail incroyable avec des sons totalement inédits.Et l’on attend également des invités surprise que l’on dévoilera au fur et à mesure : des grands noms de l’électro, du jazz et du classique qui rejoindront la soirée au dernier moment.
Dans ce spectacle, en fait, vous faites tout: la composition, la direction depuis votre piano… La mise en scène aussi?
Disons qu’en tant que producteur du spectacle,, je l’ai pensé dans sa globalité, mais évidemment, il y a beaucoup de collaborateurs à la lumière, au son, à la scénographie. C’est un projet qui est sous mon nom car je l’ai pensé depuis le début, mais ensuite je m’aide des spécialistes et des professionnels de chaque domaine.
Est-ce difficile de rester assis pendant le spectacle?
J’espère qu’on sera très vite debout ! La salle est magnifique, c’est l’une des plus belle de Paris. Ce sera comme une boîte de nuit géante, avec l’orchestre au milieu et le public qui nous entourera à 360 degrés. On sera assis, les sièges sont très confortables, mais j’espère qu’on va se lever, on n’est pas dans un concert de musique classique où le silence est de rigueur et où l’on ne peut pas applaudir entre les mouvements. Il faut applaudir pendant les mouvements, taper des mains pendant les morceaux, faire des vidéos, partager des live sur Instagram pendant le concert, prendre des photos… Tout est autorisé, à l’inverse d’un concert de musique classique.
Après le concert, il y aura un moment de convivialité, un peu comme après un concert de jazz ?
On a prévu une after party qui aura lieu dans les sous-sols de la scène musicale.
Laurent Couson, Electro Stymphonic Project, le 8 octobre à 20h, avec Tom Fire, Charles Schillings, Benoît Lugue, The moderne symphonic orchestra. Et plusieurs invités surprise. Informations et réservations ici.