Musique
La voix est Libre, 10 ans de Jazz nomades aux Bouffes du Nord

La voix est Libre, 10 ans de Jazz nomades aux Bouffes du Nord

12 May 2012 | PAR Kylhian Hildebert

Cette année encore les esprits libres se retrouvent au théâtre des Bouffes du Nord. Du 10 au 12 mai, les frontières entre les différents arts sont abattues pour donner lieu à des expériences et des spectacles exceptionnels…

 

Deuxième soirée aux Bouffes du Nord ; nous fêtons les dix ans de Jazz Nomades ; le maître de cérémonie nous récite un merveilleux discours d’anniversaire plein de calembours, contrepèteries et autres jeux de mots, qui nous renvoie dix ans en arrière à l’époque où le festival a été créé, au lendemain de la défaite de Lionel Jospin. Cet aspect politique sera entièrement présent dans la plupart des spectacles, parfois en filigrane à l’occasion de quelques phrases lancées ici et là, ou au centre même de la création tel que c’est le cas pour L’argent nous est cher.

Il est impossible de ranger les différentes créations dans des cases pré-définies, tant chacune d’entre elles réutilise les codes qui la caractérisent et emprunte d’autres aspects à d’autres disciplines. A mi-chemin entre la performance, la danse, le chant, la musique, le théâtre, elles sont un souffle nouveau sur l’art et le spectacle contemporain. Très avant-gardistes, les représentations repoussent les différentes possibilités du corps, des instruments, de la voix, le tout pendant près de 3h30.

L’argent nous est cher, premier spectacle, dans lequel Elise Caron campe une jeune candidate à la députation, totalement teinté d’humour du début à la fin, montre avec une érudition latente les travers entre la finance et l’Etat depuis ces quarante dernières années. Accompagnée par Yves Robert au trombone, Frank Vaillant débordant d’énergie aux percussions et Stefanus Vivens au clavier, ils forment un ensemble aussi dissonant que les différentes politiques économiques mises en  oeuvre depuis ces dernières décades sont en défaveur du plus grand nombre.

Puis vient le chant enivrant de Christian Paccoud et son accordéon. L’insoumission est de rigueur et la bonhomie plus que recommandée en ces temps où l’argent est plus que jamais roi. Il s’agit de crier à qui voudra l’entendre que chacun est un être libre et que l’aliénation ne sera jamais complète. Dans la salle, tout le monde frappe des mains, tape des pieds et participe à cette joie, surtout plus lorsque parmi les spectateurs, les complices de Paccoud se lèvent et entonnent le chant “Crache le feu, l’amour et dis ton nom”.

Après l’entracte, trois représentations viennent conclure la soirée. Celle de Benat Achiary et Erwan Keravec, sans doute la plus impressionnante, le premier n’ayant que sa voix ; l’autre utilisant successivement une cornemuse et une trompette. Les sons émis par Benat Achiary sont prodigieux, enivrants ; l’on est porté vers les contrées basques et bretonnes. La musique se déploie, majestueuse, elle emplit l’espace et nous par la même occasion. De la cacophonie apparente naît l’harmonie magnifique.

Le grand regret de la soirée est dû à la non-présence de Saul Williams, mais le slam est malgré tout présent accompagné par le saxophone frénétique de Peter Corser ; la poésie de la rue a aussi sa place aux Bouffes du Nord comme tant d’autres disciplines. Enfin la création avec Boris Charmatz clôt cette soirée avec un humour omniprésent et le langage du corps comme seul outil, s’aidant tour à tour de quelques accessoires (micros, valise, flûtes).

C’est un formidable festival qui rompt pour notre plus grand plaisir avec l’écrasante majorité des festivals actuels.

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Kylhian Hildebert

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