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Mardi 28 mai 2019 à Jazz sous les pommiers : “Une humeur de Monk au Théâtre de Coutances”

Mardi 28 mai 2019 à Jazz sous les pommiers : “Une humeur de Monk au Théâtre de Coutances”

29 May 2019 | PAR Annabelle Ambler

Laurent de Wilde, biographe de référence du grand Thelonious Monk lui rend un hommage à sa façon au Théâtre de Coutances pour la 38ème édition du festival Jazz sous les pommiers, cuvée 2019 avec le « New Monk Trio ». Une soirée d’interprétations et déformations du génie du be-bop…

Après le feu d’artifice de samedi, c’est d’humeur plus calme que nous abordons le milieu du festival, ce mardi soir. Pourtant les guitares blues de Melvin Taylor hurlent à la salle Marcel-Hélie, et le village du festival retrouve lui aussi son agitation, après un lundi de commémoration – les 1001 nuits du jazz sur le débarquement. Nous nous sentons plus aptes à retrouver le cadre feutré du théâtre avant les festivités espiègles de l’extérieur.

Surtout que le programme est prometteur : Laurent de Wilde explore le grand Monk, avec le “New Monk trio”, puis Philippe Catherine, le légendaire guitariste belge joue ses créations en sextet, dans une même soirée clairement jazz, entre filiation et créativité.

Laurent de Wilde arrive sur scène, et présente d’emblée la couleur : il ne sera question que de Thelonious Monk!

Créé à l’occasion du centenaire de la disparition du pape du Be Bop, le « New Monk trio » dispose ce soir d’une particularité : le titulaire du poste à la contrebasse Jérôme Regard n’est pas là. Il est remplacé par Bruno Rousselet. Mais peut-on parler de remplaçant quand celui-ci occupe sa place avec autant de brio? Donald Kontomanou est quant à lui bel et bien là à la batterie, superbe.

Laurent de Wilde est ce soir en terrain conquis. Il est le biographe de Monk et un habitué de Coutances. Il le rappelle avec tendresse dès sa première prise de parole, après un “Misterioso” épicé, mêlé à la ligne de basse de “Born Under a Bad Sign” d’Albert King.

“A jazz sous les pommiers, quand on plante une graine, elle pousse”, rappelle de Wilde en citant l’exemple de son spectacle avec Jacques Gamblin :”Ce que le Djazz fait à ma Djambe” créé pour le 30ème anniversaire du festival, et qui tournera finalement cinq années de suite. Oui, Jazz sous les pommiers sait créer cette fidélité et cette amitié comme terreaux à la création, comme le prouve aussi le travail d‘Anne Paceo en tant qu’artiste en résidence.

Ce qui retient l’attention et l’oreille, c’est qu’il n’est pas question ici de retranscription fidèle. C’est “l’humeur de Monk”, pour paraphraser le fameux “Monk’s Mood”, qui est importante. Laurent de Wilde a aussi à cœur de donner aux spectateurs les clefs des portes infinies de la musique, et de la tête de Monk.

Monk est une obsession pour de Wilde, au point d’y consacrer un livre et une partie conséquente de son existence, et il souhaite que cela soit contagieux. Pas de snobisme de puriste et d’esthète, mais une tradition assumée d'”interprétations-déformations-relectures”, pour reprendre ses mots, et un sens de la transmission redoutable.

Il vient chercher son public avec des références musicales assumées. “Chaque musicien à sa tonalité de prédilection, il y a des “en do” “en fa” “en sol”. Monk, c’est le Si bémol!” explique-t ‘il, avant de se lancer dans un “Thelonious” composé quasi-uniquement de…. si bémol ! Du coup, la pilule passe mieux, pour un compositeur réputé ardu pour le novice.

Les improvisations sont ludiques et le trio communie à merveille, particulièrement sur le célèbre “Round Midnight”, pourtant méconnaissable après le traitement particulier du New Monk trio.

Malheureusement le temps est compté, l’heure et demie semble s’être écoulée en quelques instants. Il faut rendre le plateau, mais pas avant avoir réussi, miracle, à faire chanter les 600 spectateurs sur l’hypnotique “Friday the 13th” que Laurent de Wilde nous offre comme un porte bonheur de superstitieux facétieux. On prend !

New Monk trio, 2017, Gazebo, l’Autre distribution.
Visuel : AA

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Annabelle Ambler

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