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[Live report] Michel Legrand et Henri Demarquette au TCE

[Live report] Michel Legrand et Henri Demarquette au TCE

30 March 2015 | PAR Delphine Habert

Mercredi soir, les mélomanes fans de musique de films avaient rendez-vous au Théâtre des Champs Elysées pour un concert de l’orchestre symphonique d’Odense sous la direction du compositeur Michel Legrand. Au programme, des œuvres pour orchestre issues de trois films puis des compositions fraichement créees pour le jeu fin et virtuose du violoncelliste Henri Demarquette.

20h05. L’orchestre est près à jouer, et le maestro fait son entrée sur la piste, sous les applaudissements convaincus et chauds d’un public qui remplit presque toute la salle. Il faut dire que Michel Legrand n’en est pas à ses premiers concerts. Du haut de ses 83 ans, l’artiste compositeur, pianiste et arrangeur a déjà prouvé maintes fois son talent, sa créativité, et son ingénuosité à composer. Son humour, sa légèreté et sa générosité sont on ne peut plus que jamais présents.

La première partie du concert est consacrée à donner quelques « pots de confiture » que le public s’attend à entendre dans un concert du grand Michel : les thèmes les plus connus des musiques de films composées par l’artiste. Au programme, Picasso Summer, Le Messager et le très cultissime Les Parapluies de Cherbourg, surement le film dont la musique est la plus associée au compositeur. La pièce la plus longue est celle issue du film Le Messager. Presque huit mouvements composent cet arrangement orchestral d’une vingtaine de minutes. Le thème principal, qui a notamment été repris pour le générique de l’émission Faites entrer l’accusé, est présent dans tout l’arrangement de cette œuvre. Michel Legrand montre ici sa connaissance complète et aboutie de tant de styles musicaux ainsi que sa maîtrise infaillible de l’arrangement. Cette œuvre nous transporte dans un voyage au cœur de l’histoire de la musique : de parties fuguées à la manière de Bach, à une inspiration plus classique et mozartienne, puis à une partie plus moderne avec des dissonances entre les contrebasses et le reste de l’orchestre, en passant par des instants dramatiques rappelant l’aventure et le frisson, comme dans des musiques de films d’aventure. L’oeuvre débute et se termine par une musique plus épurée, avec un simple écho des touches basses et des touches aiguës du piano. Dans Les Parapluies de Cherbourg, Michel Legrand propose un condensé de tous les thèmes musicaux du film, on y reconnaît les désormais standards de jazz I will wait for you ou encore Watch What Happens. Les thèmes sont tantôt épurés, scintillants, purs puis tout en contraste de nuances, dynamiques et rythmiques, portés par un orchestre qui traduit à merveille la dramaturgie qui éclot de la partition arrangée. Michel Legrand multiplie les effets de surprise, superpose les thèmes à merveille et n’hésite pas à laisser planer une atmosphère jazzy.

Après l’entracte, Michel Legrand présente quatre œuvres composées très récemment pour le violoncelliste Henri Demarquette et qui sont interprétées en avant-première au public du TCE. Parmi ces œuvres, le compositeur propose la Promenade sur la 7e Majeure pour violoncelle et piano, et s’amuse à la décrire comme une « plaisanterie sur la 7e majeure, ce qu’il y a de plus laid pour le violoncelle » : une œuvre très moderne, qui rappelle Rachmaninov à certains instants, qui apparait parfois tantôt dissonante, tantôt plus lyrique, transmettant cette sensation de légèreté et de frivolité. Legrand laisse échapper des interjections de surprise, comme s’il jouait cette œuvre et l’écoutait pour la première fois. Le Cello blues pour violoncelle et orchestre est aussi très réussi, un mélange de big band, de funk, et l’utilisation de la suite andalouse (que l’on trouve dans de nombreuses chansons, comme “Hit The Road Jack” de Ray Charles ou encore “Feeling Good” de Nina Simone). Henri Demarquette interprète ces pièces avec virtuosité et une sensibilité indéniables. La romance et le concerto sont intéressants mais on reste tout de même sur les mêmes registres, sans trop de surprises par rapport à ce que l’artiste a composé jusque là.

Un beau moment de musique en tout  cas, par un orchestre et un soliste de qualité, sous la direction d’un talentueux Michel Legrand plus créatif que jamais et toujours plein d’humour et d’entrain.

 

Programme :

1ère partie
Picasso Summer
Le Messager
Les Parapluies de Cherbourg

2ème partie
Romance n°1 pour violoncelle et orchestre
Promenade sur la 7e Majeure, pour violoncelle et piano
Cello blues pour violoncelle et orchestre
Concerto pour violoncelle et orchestre

Visuels :
© Michel Legrand Official Website
© Jean-Philippe Raibaud
© Site officiel Productions Sarfati

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Delphine Habert

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