Jazz
Judith Owen de retour au Duc des Lombards pour une soirée mémorable

Judith Owen de retour au Duc des Lombards pour une soirée mémorable

01 March 2023 | PAR Eleonore Carbajo

Sensualité, charisme et caractère, c’est en quelques mots le programme de la soirée torride du jeudi 23 février au Duc des Lombards, le jazz-club incontournable de la scène parisienne, qui accueillait Judith Owen & her New Orleans Gentlemen Callers.

L’âme d’une leadeuse

Après la sortie en grande pompe de son album Come On & Get It et les quatre représentations à guichets fermés au Duc des Lombards en septembre dernier, la célèbre galloise fait son grand retour dans la ville Lumière afin de pimenter le romantisme parisien de son charisme et de sa voix suave.
Dès l’entrée dans la salle, le ton est donné ; les musiciens sont à leur aise, discutant entre eux et avec le public dans un anglais plus ou moins approximatif selon les interlocuteurs. On fait connaissance, on boit un verre dans ce jazz club incontournable. Rien n’est laissé au hasard, les dessous de verre à l’effigie du nouvel album de la chanteuse et l’ambiance sensuelle des lieux nous transportent pour un aller simple vers la New Orleans, où tout l’album a été enregistré. Judith Owen, dans son tailleur noir légèrement pailleté, illumine la salle de sa chevelure rousse et de son charisme. Une soirée mémorable qui ne laisse personne insensible.

Sur scène, difficile de ne pas être capté par la personnalité de la chanteuse, qui gère d’une main de fer ses boys, respectivement David Torkanowsky au piano, David Blenkhorn à la guitare, Kevin Louis au cornet, Ricardo Pascal au saxophone, Darryl Hall à la contrebasse et Pedro Segundo aux percussions. Entre chaque chanson, la star ne lâche pas le micro, s’exprimant dans un franglais charmant et présentant d’un vocabulaire cru et sexuel les morceaux suivants. En un claquement de doigts, elle emporte son public parisien avec elle, et dicte le tempo à ses musiciens dans un naturel qui relève presque du divin.

 

Quand désir et féminité s’épanouissent à leurs paroxysmes à travers le jazz

Au programme de cette soirée haute en couleur, le jazz au féminin est mis à l’honneur dans le 13e et dernier album de la chanteuse, Come on & Get It. Un hommage aux voix féminines des années 50 et 60 telles que Blossom Dearie, Mary Lou Williams, Julia Lee, Nellie Lutcher et bien d’autres. En somme, un hommage vocal à ces grands noms du jazz féminin de la Nouvelle-Orléans, à ces femmes qui prônaient la confiance en elles et qui chantaient leur amour et leur sexualité. Au micro de France Musique, elle revient sur ces inspirations : « Il est important que nous partagions nos histoires et les histoires des femmes qui nous ont précédées et inspirées. C’est pourquoi je voulais faire ce disque, parce que quand j’étais enfant, ce que j’entendais chez ces femmes était une formidable confiance en elles-mêmes ».

Judith Owen entend bien mettre le feu au jazz club, libérer les langues déliées, et mettre tout le monde d’accord dans son interprétation de ces classiques du répertoire de jazz féminin, aux côtés de ses talentueux musiciens. Ici, il n’y a de la place que pour la virtuosité de ces derniers, acclamés par le public à la fin de chaque improvisation, mais aussi par les autres musiciens, eux-mêmes emportés par le génie de leurs camarades. On soulignera la performance de Pedro Segundo à la batterie, qui semble s’amuser de ses baguettes tout au long du show, le sourire aux lèvres, tout en guidant parfaitement les improvisations rythmiques du band. Le charme du cornet et de ses multiples sourdines font varier les mélodies et le timbre de ce bel instrument, pour notre plus grand plaisir visuel et auditif – sourdine, wa-wa , plunger ou cup mute sont au rendez-vous. Le band fait monter la température sur “He’s a Tramp”, ou emporte le public au rythme endiablé d’”Everything I’ve Got Belongs to You”.

Derrière le piano, Judith Owen finit le concert en beauté en réinterprétant “I Put A Spell On you” de la grande Nina Simone, avant d’accorder un dernier bis à un public admiratif et profondément emporté dans le charme de la soirée. C’est sur “Snatch And Grab It” de Julia Lee que les dernières notes de la soirée résonnent.

 

Derrière son micro ou un piano, sur le devant de la scène, entre deux autographes sur les tables du club, Judith Owen n’a pas fini de nous éblouir de sa voix suave et de son charisme brûlant.

Un tonnerre d’applaudissements pour Judith Owen & Her New Orleans Gentlemen Callers !

Visuel : Le Duc des Lombards

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Eleonore Carbajo

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