Jazz
Guillaume Saint James nous parle de Black Bohémia par l’Orchestre symphonique de Bretagne

Guillaume Saint James nous parle de Black Bohémia par l’Orchestre symphonique de Bretagne

23 October 2018 | PAR Amelie Blaustein Niddam

En novembre, l’Orchestre Symphonique de Bretagne rend hommage aux artistes noirs américains à l’occasion d’un concert, Black Bohémia, une oeuvre de Guillaume Saint-James. Il nous parle de cete création très particulière.

Rendre hommage aux soldats artistes noirs américains des deux guerres est au cœur de la création. Pourquoi avoir choisi ce si beau sujet ? Parlez moi de James Reese.
Cette création fait suite à une commande de l’O-S-B. ( Orchestre symphonique de Bretagne)  Cette année nous commémorons la fin de la première guerre mondiale qui provoqua une véritable hémorragie en Europe. C’était il y a tout juste 100 ans.
Les afro-américains en pleine ségrégation ont vu lors de l’entrée en guerre de leur nation l’opportunité de pouvoir revendiquer enfin des droits civiques si part chance ils revenaient sains et saufs du front.
C’est une histoire incroyable où le courage et l’espérance occupent une place immense dans le destin de ces hommes pour la plupart descendants d’esclaves.
L’orchestre de James Reese Europe intégré au 5ème régiment de la garde nationale de New-York embarque à bord du « Pocahontas” en direction du vieux continent dès l’hiver 1917.
Il débarquent dans le port de Brest en jouant la Marseillaise dans une version inédite. Les bretons sont stupéfaits. C’est le ragtime qui débarque et les prémices du Jazz …
Ces poilus de Harlem sont d’abord cantonnés à des tâches subalternes. Puis sous la pression française, ils sont armés et placés sous haut commandement français avant d’aller se battre lors des batailles décisives de l’Argonne.
Il doivent divertir les troupes et combattre …Ce 5ème régiment rebaptisé 369ème et surnommé «Hellfighter” sera l’un des régiments le plus décoré de la grande guerre.

Après avoir composé “Brothers in Arts” en compagnie de mon ami Chris Brubeck pour célébrer la libération de 1944, j’ai senti le besoin de remonter le cours de l’histoire afin d’honorer la mémoire de ces gamins afro-américains qui ont tant œuvré pour leurs droits civiques et la liberté.
J’aborde également ce travail d’écriture sous la forme d’un objet commémoratif qui incite les jeunes à se pencher sur le passé et s’interroger sur le sens de l’histoire.

Votre travail prend forcement une couleur politique, à l’heure du repli américain, Black Bohemia est un cri pour l’ouverture.

Un cri pour l’ouverture ? je ne sais pas.
Ce que je crois savoir, c’est que l’anti-américanisme primaire m’effraye autant que Trump ! Il faut voyager pour comprendre, observer. C’est un continent très vaste. Prenons garde aux amalgames.
Les américains semblent empêtrés dans une situation très paradoxale accentuée par la politique préoccupante de leur dirigeant actuel. Son positionnement notamment sur la question écologique est plus qu’alarmante.
Trump a su séduire par un discours simpliste une Amérique souffrante. Mais il existe une Amérique ouverte sur le monde, cultivée et progressiste. C’est à cette dernière de remporter la bataille car les politiques protectionnistes basées sur le repli sont contre-productives au long terme. Elles mènent au chaos.
Le renforcement de l’éducation, de la santé et de la culture est indispensable au développement de toutes nations. Les échanges culturels vont également dans ce sens et je me félicite de poursuivre les liens franco-américains et favoriser ainsi la circulation des idées.

Que verra-t-on sur scène ? Est ce un spectacle avec des décors ou un concert ?
Il s’agit d’un concert.
Black Bohemia est une suite concertante pour saxophone et orchestre symphonique. S’ajoute à cela une rythmique jazz (piano, contrebasse, batterie) ainsi qu’une chanteuse récitante.

Vous venez du jazz, on vous sait ouvert vers d’autres musiques, comme la chanson française, vous avez travaillé avec Albin de la Simone, mais comment se passe le travail avec l’orchestre symphonique de Bretagne, (que vous connaissez bien !) ?
Effectivement, j’écoute beaucoup d’autres musiques que le Jazz. Je connais bien Albin. Il a tenu longtemps la place de pianiste dans mon quartet avant qui ne se lance définitivement dans la chanson.
Avec l’O-S-B, c’est une histoire qui à débuté il y a 7 ans déjà lorsque j’ai composé pour eux « Mégapolis ». L’orchestre n’avait pas coutume de jouer avec des jazzman. Ils m’ont fait confiance et nous avons beaucoup travaillé au rapprochement de nos univers puis nous avons enregistré une oeuvre de 50 minutes qui est un voyage musical au cœur d’une ville imaginaire.
Il se trouve que cette pièce fut récompensée par la critique. J’ai remporté alors mon concours d’entrée au près des musiciens ! (Sourire) et depuis la confiance semble inaltérable. Nos univers musicaux se respectent et s’enrichissent mutuellement au fur et à mesure de nos rencontres et des partitions que je leur propose.

Comment se composera la partition ?

Black Bohemia se compose de 3 mouvements qui retracent l’histoire des Hellfighters. C’est une musique très rétinienne …
L’oeuvre dure 40 minutes. Je ne vous en dis pas plus , place à la magie …

Informations pratiques

Samedi 10 novembre à 20H30 et Dimanche 11 novembre à 16H00 à Rennes au Couvent des Jacobins
samedi 17 novembre à 19h30 à Brest Le Quartz.

Réservations ici.

Visuel : Orchestre Symphonique de Bretagne

Elton John: la tournée Farewell Yellow Brick Road en guise d’adieux
Gagnez 5×2 places pour la soirée d’ouverture du 7ème Festival du Film franco-arabe
Avatar photo
Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration