Jazz
Alfa Mist : “Internet permet à tout le monde de découvrir le jazz” (Interview)

Alfa Mist : “Internet permet à tout le monde de découvrir le jazz” (Interview)

29 May 2019 | PAR La Rédaction

La richesse de la scène londoniennes actuelle témoigne d’un écosystème musicale propice au développement de musiciens tel qu’Alfa Mist. Jeune beatmaker d’abord, séduit ensuite par le Jazz, le pianiste a rapidement attiré l’attention en 2017 avec son deuxième EP, Antiphon, qui avoisine désormais les six millions de clics sur Youtube. Celui que l’on rapproche parfois des artistes Christian Scott et Robert Glasper réussit à dégager un univers unique entre musique cinématographique et voyage émotionnelle. Son passage au New Morning à Paris début avril a été l’opportunité de le rencontrer et d’en apprendre plus sur cet artiste discret. Une interview francophone inédite.

Par Max Girault et Jan Viez-Vandal

Version Anglaise l’article, ici.

Quelle a été votre première approche musicale ?

J’ai commencé par produire, composer des beats de Hip Hop. J’écoutais les artistes de la scène Grime du début des années 2000 et qui se concentraient dans les quartiers à l’est de Londres. C’était le moment ou ce genre de musique était en plein essor. J’écoutais des musiciens comme Little Brother, Talib Kweli, Mos Def… Des artistes inspirés par la Soul et le Jazz. J’ai toujours beaucoup écouté de Hip Hop et Gangsta Rap mais ce qui m’a le plus influencé c’était la musique avec des samples de Jazz. J’ai donc essayé de faire des beats qui se rapprochaient d’artistes comme Dilla ou Hi-Tek. J’ai découvert le Jazz de cette façon et il fallait que je comprenne cette musique que j’aimais, alors j’ai commencé à apprendre le piano vers mes dix-sept ans.

Comment définissez-vous votre  propre musique ?

Si je devais donner un genre ce serait très certainement le Jazz. Mais dans une vision plus large je dirais que c’est de la musique émotionnelle, le recherche d’une réponse émotionnelle chez les gens par l’écoute. Une musicalité avec des moments parfois sombres, et d’autres qui appellent à la réflexion. J’aime particulièrement les effets des musiques de film. Lorsque vous allez voir un film, la musique joue un rôle important dans la façon dont le public réagit. Elle peut vous apeurer, vous rendre triste ou heureux. Parfois on ressent plus d’émotions par la musique que par le film lui-même. J’adore ce contrôle que la musique peut avoir sur nous. C’est ce que j’essaye de retrouver dans ma musique, encourager l’émotion.

Quelle collaboration vous ferait rêver ? 

C’est une question difficile, il y en a tellement… Peut-être Black Milk ou Black Thought, qui est l’un de mes artistes favoris. Il y a tellement de musiciens qui m’inspirent. Je ne peux pas faire une liste avec tous leurs noms, elle serait trop longue…

Est-ce qu’on verra un projet d’album ou de tournée avec la formation Yussef Dayes, Rocco Palladino, Mansur Brown… ?
Oui, je pense qu’ils travaillent sur quelque chose. Mais je crois que je ne peux pas trop en parler… (Rires)
Pour ma part, peut-être dans le futur, mais pour l’instant je me concentre sur mon album. On a collaboré ensemble sur deux morceaux l’année dernière et je peux dire que j’ai vraiment aimé travailler avec Yusef. Yussef est vraiment impressionnant, et ils sont tous très sympas. On est amis avec Rocco depuis de nombreuses années, l’un des meilleurs bassistes que je connaisse.

Quelle est votre perception du Jazz actuel ? Vous ressentez un renouvellement d’intérêt pour cette musique de la part des jeunes générations ?
Je pense que de nos jours, les gens font leurs propres chansons, leur propre musique, alors que le Jazz, traditionnellement, c’est la façon dont on peut jouer la musique d’un autre. Lorsque l’industrie du Jazz était encore très importante, l’accent était mis sur le talent et les compétences exceptionnelles d’un musicien. L’artiste devait prouver à tout le monde qu’il était un joueur extraordinaire avant de pouvoir produire ses propres morceaux. Aujourd’hui, notamment avec l’utilisation d’internet, les personnes qui n’écoutent pas forcément de Jazz, écoutent les morceaux dans leur ensemble, sans juger si un musicien est bon ou pas mais si la musique en elle-même est bonne ou mauvaise. C’est ce que je trouve bien actuellement. À travers internet, tout le monde peut découvrir le Jazz. Ce n’est pas fermé. Il existe de nombreux cours et applications d’apprentissage désormais, donc je pense que si vous aimez ou êtes attiré par le Jazz, il est plus simple de s’en approcher maintenant. Cela vous permet de découvrir, d’aimer et de pratiquer sans la pression de devoir être un génie pour y accéder.

Il semble qu’aujourd’hui la recherche rythmique et harmonique est plus importante que la complexité soliste des grandes explorations de gammes. Qu’en pensez-vous?
Qu’une chanson soit complexe ou très simple n’a pas vraiment d’importance à mon avis. Ce qui compte selon moi c’est notre ressentie par rapport à la musique. Si le morceau te permet de te sentir bien ou pas. Il y a beaucoup de gens formidables qui font de la musique complexe et qui ressente du plaisir à travers cela. Les gens comme moi recherchent un bien être artistique sans vouloir être complexe dans leur musique. Je pense que c’est un bon équilibre, il y a beaucoup de bonne musique des deux côtés !

visuel : MG

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La Rédaction

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