Musique
Jazz sous les Pommiers, Jour 1

Jazz sous les Pommiers, Jour 1

13 May 2012 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Une journée folle s’achève. De 16h30 à 2 heures du mat, retour sur un premier jour tout en cuivres et en voyages.


16h30-théâtre
La saxophoniste Céline Bonacina invite le prix Django Reinhart 2011 de l’académie du jazz, Nguyên Lê. Elle est également accompagnée d’ un bassiste prodige Kevin Reveyrand et d’un batteur un peu trop en force, Hary Ratsimbazafy.
La jeune femme arrive avec un look hautement sexy, mini robe très très mini et Dr Martens roses aux pieds. Au cas où les yeux se perdraient elle rappelle vite fait où l’affaire se joue en arborant un saxophone baryton. Elle le sample, elle le troquera contre un alto puis un soprano avant de recommencer à zéro.
Les morceaux alternent des moments soft superbes tout en nuances. Les musiciens s’écoutent, se sourient et se respectent dans un don total au public.
L’affaire se corse dans les moments plus rythmés où l’enthousiasme mène à trop de violence.
Vient une promesse hautement tenue, celle d’un traditionnel vietnamien, où l’alliance de la guitare aux cuivres atteint des sommets de beauté.

Photos © Docmac 2011

18h30- Don Byron new gospel quintet- Salle Marcel Hélie.
Attention grosse pointure qui étonnamment n’était jamais venue à Jazz sous les Pommiers
Héritier autant du jazz New Orléans que des messes de Harlem le concert livré fait figure de cadeau. Tout y est maitrisé avec une intense pudeur. La voix très Randy Crawford de la diva Barbara Walker, la basse « shaft » de Brad Jones, la batterie toute puissante de Pheeroan Aklaff, au piano, celui dont les doigts volent Nat Adderley, Jr et bien sur à la clarinette et au sax, maître Don Byron.
Le concert est le dernier d’une tournée et fait office de “célébration”, le plus court chemin vers la foi nous dit-il en anglais.
Car ce concert de jazz est en fait un mélange jazz et gospel. Ça swingue, ça frissonne, c’est ultra propre. Triomphe.

Photos © Cori Wells Braun

20h-30- Robert Glasper Expériment
Insupportable, prétentieux et humiliant, les mots manquent pour décrire ce que ce quintet a osé faire. Pendant près de deux heures : un jeu personnel où chacun fait sa vie. Des solos de batterie à la hache par Mark Colenburg, la voix transformée au vocoder, parfois agrémentée de bruitages de rayons laser du “chanteur” Benjamin Casey, la basse et contrebasse trop fortes de Derrick Hodge et le piano étouffé du pourtant talentueux Robert Glasper.
Les morceaux sans âme, faute à des longueurs immenses tranchées par des ruptures ineptes.
“ça” se prétend d’Herbie Hancock “ça” cherche “l’expérience”. L’originalité, elle existe, souvent et de façon plus accueillante. On pense à une récente découverte lors de la dernière création du chorégraphe Benoit Lachambre : le prodigieux Hahn Rowe, maniant avec élégance harmonica électrique, sample live, guitare et scie musicale et … carton musical …Comme quoi, accéder à la radicalité, c’est possible. On aurait aimé un peu plus d’accueil et de considération. Dommage.


Photos © Mike Schreiber

22h30-Diego El Cigala- Salle Marcel Hélie
C’était annoncé comme l’un des événements du festival. Le miracle s’est produit : une salle en transe, debout, criant “viva Diego”. Le «cantaor», costume tiré à quatre épingles, cheveux longs en-gominés, chemise ouverte, chaine en or qui brille, bagues aux doigts de fée, est plutôt adepte du flamenco, mais là, il s’intéresse au Tango.
Il revisite alors, de sa voix à la fois nasale et mélodieuse, les “tubes” du genre, tel Dos gardenias para ti, en les teintant andalou. Il est entouré de musiciens formidables avec lesquels l’osmose se fait, Jaime Calabuch au piano, Yelsy Heredía à la contrebasse et Sabú Suarez aux percussions. Sourires sur les lèvres des artistes, la complicité est totale.
Coutances était devenue Buenos Aires, la chaleur est montée entre les mots morir, sofrir, et amor évidement…Tous et toutes auront été charmés ce soir.

Photos © DR

00h30-Anakronic Electro Orkestra – Magic Mirror
Des jeunes gens venant de Toulouse. Enfants de Zebda, So Colled et Massive Attac cela donne une énorme bringue dans le Magic Mirror qui a l’habitude de trembler à Jazz sous les Pommiers.
Ils orchestrent avec talent un mix hip hop, dub et drum & bass, des instruments acoustiques et des machines. Les airs Klezmer reprennent une autre vitalité, loin de leur triste histoire. La musique juive trouve ici un souffle nouveau rafraîchissant.

Photos © Jean-Robert Loquillard

Après un parcours qui nous aura fait passer des USA à la Pologne, rendez- vous demain pour un dimanche en fanfare !

 

Les femmes du bus 678, un film sur le harcèlement sexuel en Egypte
Jazz sous les Pommiers – J 2
Avatar photo
Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration