Jazz : Jérôme Sabbagh / Ben Monder / Daniel Humair en concert au Sunset
Sunset Sunside ! Le saxophoniste Jérôme Sabbagh, le guitariste Ben Monder et le batteur Daniel Humair nous font le bonheur de deux performances, les huit et neuf mars autour de la sortie de l’album magistral I Will Follow You (Bee Jazz label), du ténor lyrique et sensuel façon Paul Desmond (Dave Brubeck Quartet).
Le jazz est un esprit et par ce trio, il devient souffle. L’art n’y est jamais bien tempéré, l’absence de bassiste le confirme. Plus de proximité, plus de swing, plus de légèreté et d’expressionnisme, plus de relationnel et d’écoute, moins de binaire dans la recherche d’un milieu dense. En quelque sorte, une installation musicale sur des thèmes que les anglo-saxons n’hésitent pas à qualifier de « songs ». Le terme installation ne saurait déplaire au batteur le plus prolixe et inventif, Daniel Humair qui inspira quelques légendes du jazz. L’homme est complet, vivant, peintre donc charnel et sa discographie comme ses solos, ses inventions techniques, son jeu de cymbales (prisé par Tony Williams et anciennement Elvin Jones) lui autorisent l’humilité de l’expression « Jouer c’est être ».
De notre Français émigré depuis 1995 aux Etats-Unis, le chroniqueur du New York Times Nate Chinen dit de lui qu’il a su éviter les allusions directes, les totems ou les tabous référencés des oiseaux soufflants l’ayant précédé, mais que son vocabulaire lui est personnel, sincère et efficace. Quant au Jazz Mag américain qui comme le quotidien new-yorkais a décerné quatre étoiles à son dernier opus, il affirme : « Le saxophoniste de ténor obstinément lyrique Jérôme Sabbagh est le plus rare des oiseaux rares : un jeune saxophoniste ténor avec un concept distinctif, aucun de ses aînés n’a eu autant pour inspiration que sa propre imagination ».
La soirée du côté ensoleillé de la rue des Lombards se déroulera au Sunset, pour deux sets solaires, rares éclipses autour de minuit. Au-delà de la création d’un album, la performance, la langue du jazz et l’art du trio, et plus particulièrement celui-ci ne peut que nous mettre l’eau à la bouche. Buvons ! mais pas trop.