Musique
Interview Kabbalah : le métissage des musiques

Interview Kabbalah : le métissage des musiques

10 April 2011 | PAR Vincent Brunelin

Alors que leur second album, Boxes, Bagels & Elephants, vient tout juste de sortir (lire notre chronique) et en attendant que le quintet marseillais vienne enflammer la scène du Zèbre de Belleville le 14 avril prochain, Uli Uliphant2000Wolters, multi-instrumentiste et MC du groupe, a gentiment accepté de répondre à nos questions.

Kabbalah réunit des musiciens de trois nationalités différentes (française, allemande et russe). Comment la rencontre s’est-elle faite ?
On s’est connu sur la scène jazz marseillaise, mais tout a véritablement commencé en trio. Stéphane, Patrick et Gérard [respectivement chanteur et guitariste, contrebassiste, et batteur du groupe, NDR] reprenaient des standards klezmer, Anna [la violoniste] et moi sommes venus nous greffer au projet par la suite.

À propos de Marseille justement, que représente cette ville pour vous ?
Marseille est un lieu de métissage où se croisent les cultures et les origines. C’est une ville ouverte sur le monde qui possède aussi une identité forte. Ce brassage est un peu à l’image de notre musique, et même si ce lien se fait souvent inconsciemment, nous avons essayé de mettre une couleur, si ce n’est locale, en tout cas méditerranéenne dans certaines chansons. Par exemple, Stéphane joue du mandoluth (un instrument à cordes du Maghreb) sur plusieurs titres. Et puis nous travaillons avec plein d’artistes marseillais.

Votre album s’intitule Boxes, Bagels & Elephants, y a-t-il une signification cachée derrière ce titre étrange ?
D’une certaine manière, enfin pas vraiment… (rires)… C’est un peu dans un esprit dadaïste, bordélique, qu’on aime bien. D’où ces boîtes et ces éléphants. Et les bagels sont des petits pains caractéristiques de la culture yiddish. Voilà, ça ne va pas chercher plus loin que ça !

Comment s’est passé l’enregistrement de ce nouvel opus ?
Nous sommes un groupe de scène avant tout, et c’est parfois compliqué de transférer cette énergie en studio. Il a fallu passer par une longue phase de “ménage”, en gros en enlevant 80% de ce qu’on avait enregistré. Nous avons tous une formation de musiciens, du coup on a une fâcheuse tendance à composer des morceaux de dix minutes. Mais pour cet album, on a décidé de garder uniquement ce qui était essentiel à Kabbalah, en essayant de respecter le format chanson.

Vous adoptez des styles très variés, mais votre musique prend sa source dans le klezmer qui connaît un renouveau depuis quelques années (David Krakauer, Socalled notamment). Pourquoi cette influence ?
Ça s’est fait naturellement. On s’est inspiré de la scène new-yorkaise qui mélange ce genre avec la musique afro-américaine depuis longtemps. Et on aime la culture yiddish, sa langue séculaire, cette culture millénaire souvent drôle et légère. Par rapport à ça, notre démarche est volontairement libre et décomplexée. Il ne s’agit pas de traiter de thèmes traditionnels mais plutôt d’ancrer notre musique dans l’actualité. Comme lorsqu’on parle de l’identité dans le titre “No I.D”.

On note également une grande influence hip-hop et spoken word. Tes textes sont très souvent rappés d’ailleurs…
Mon rap est venu progressivement dans le groupe. Mais je ne suis pas le seul membre qui écoute et aime cette musique. Et puis le spoken word est une forme de poésie orale qui se prête bien aux histoires qu’on raconte.

Des artistes références dans ce genre ?
Principalement la East Coast, avec The Roots, et encore une fois la scène new-yorkaise : Mos Def, Talib Kweli…

Il y a une foule d’invités sur l’album. Tu peux nous en parler ?
Ce sont pour la plupart des artistes de la scène locale. Saleha Moudjari est une chanteuse qui travaille avec nous dans le studio La Meson. Maryam Chémirani devait au départ chanter sur un titre, et puis finalement on s’est orienté vers un spoken word d’un poème persan du Moyen-Age. Malik Ziad est un super musicien qui joue du guembri sur l’album [un instrument à cordes pincées des gnawa, NDR]. Et Hassan Boukerrou est un copain percussionniste. Il s’est posé dans un coin pendant l’enregistrement et a écrit un texte sur “No I.D”. Ce sont tous des amis en fait !

Un dernier petit mot sur le concert au Zèbre de Belleville qui arrive bientôt ?
On aime revenir à Paris de temps en temps. Récemment, on a joué à L’Entrepôt. Et on fait une musique de proximité, alors on est super content de jouer dans cette petite salle qui s’annonce chaleureuse !

 

Kabbalah
Zèbre de Belleville le jeudi 14 avril à 20h30
63 bd de Belleville 75011 Paris
Tél : 01 43 55 55 55

 


 

Infos pratiques

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Vincent Brunelin

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