Musique
Interview de Sly Johnson : un retour aux sources.

Interview de Sly Johnson : un retour aux sources.

08 April 2019 | PAR Pierre-Lou Quillard

C’est en fredonnant que Sly Johnson, de son vrai non Silvère Johnson, s’assoit confortablement dans un fauteuil turquoise. “Vous avez l’air de chanter en permanence ?”. “Tout le temps !” nous répond-il de sa voix grave et envoûtante. “Je vis au travers de la musique”. 

Toute la Culture : Merci de nous recevoir au Festival Chorus 2019 ! On vous a découvert dans les années 90 avec le groupe du Saïan Supa Crew, aux côtés de Féfé notamment. On vous présentait à l’époque tantôt comme un beatboxer, tantôt comme un rappeur. Aujourd’hui, on parle d’une voix soul et funky, d’un jazzman aux tonalités Hip-Hop. Beaucoup d’étiquettes vous sont attribuées. Mais nous, nous aimerions savoir comment aimez-vous vous définir, avec vos propres mots ?

Sly Johnson : Je dirai… un artiste hip-hop et soul. C’est vrai que je suis tout ça. Le rap, je l’inclue dans le hip-hop. Ça fait un peu partie de mon ADN avec le jazz. La soul est venue plus tard. C’est vrai que je suis aujourd’hui un mélange de la culture hip-hop, de la musique que l’on y trouve et un mélange de soul et de jazz de par mes origines et de par mon enfance, surtout. La première musique que j’ai écoutée étant petit, c’est le jazz.

D’ailleurs, rebondissons sur le Jazz. Vous animez une émission sur Jazz Radio …

Exactement ! “Come IN2 my Jazz “qui me permet de voyager et d’inviter les auditeurs à se plonger dans d’autres sphères musicales qui du coup sont plus hip-hop ou plus funk ou plus soul. C’est une émission qui est totalement dédiée à la musique. Je joue de la musique en direct et je chante par-dessus.

Et quand on vous écoute, on ressent en effet ce vrai plaisir à mélanger les genres musicaux. A quel point ce dialogue des cultures est-il important pour vous ? A quel point est-ce lié à votre parcours personnel ? Quelles sont vos influences, qui vous ont construites ?

Je pense que, comme beaucoup de gens de ma génération, on a été bercé un peu par les mêmes choses. Mes premières influences comme je l’ai dit, sont très très jazz et musique afro-cubaine. J’ai été traversé par des gens comme Michael Jackson tout particulièrement, James Brown aussi qui a eu une grande influence sur moi. Des stars du hip-hop aussi… je pourrais en citer des tonnes. Après pour l’album qui arrive, j’ai moins écouté de musique puisque le travail consistait surtout à porter un regard sur mes histoires passées et sur mon existence en tant qu’enfant, qu’adolescent, qu’adulte. Pour cela, je me suis rapproché un peu plus d’auteurs comme Brel ou Brassens pour aller chercher la vérité que l’on trouve dans leurs mots et la manière qu’ils avaient de parler de choses concrètes, réelles, dures parfois ou légères. D’un autre côté, je suis aussi allé me pencher sur James Blake dont je suis très fan. C’est un peu ce qui m’a servit à écrire ce disque qui arrive.

Justement ! Parlons-en. L’album sortira le 17 mai 2019 et s’intitule « Silvère » comme votre prénom.

C’est mon prénom oui.

On l’aura compris, c’est un album beaucoup plus personnel dans lequel vous vous remettez en question ?

Tout le temps ! L’homme que je suis se remet perpétuellement en question. Je mets toujours en question ma musique aussi. C’est pour ça que mes albums sont toujours très très différents et que l’on me retrouve sur des projets qui sont très singuliers à chaque fois. C’est très important de remettre mon art en question.

On vous a connu avec différents noms de scène, à travers de multiples identités musicales en fonction de votre parcours : quand vous étiez au Supa Crew ou plus tard dans votre carrière solo. On peut les citer : il y a eu Sly the Mic Buddah, Sly, Sly Johnson… Johnson étant votre vrai nom. 

Exactement. Il faut savoir qu’on m’appelle Sly tous les jours depuis plusieurs années.

Et alors il y a il y a eu une combinaison étonnante : Tagi & Steven Beatberg ? 

J’ai utilisé ces deux noms lors d’un projet beaucoup plus hip-hop qui mettaient en avant mon côté « beatmaker » et producteur de son. Une période qui a eu lieu entre mon avant dernier album solo, The Mic Buddah et cet album qui va sortir. C’était une envie de liberté, de légèreté. De me retrouver et de trouver de nouvelles sources d’inspirations pour préparer le terrain du prochain album solo. J’avais besoin de passer par la cour de récré … créer des sons, faire du son et inviter des rappeurs français et internationaux.

Donc plutôt « BEATMAKER » que « BEATBOXER » ?

Tout à fait oui.

Parlons du beatbox et de vos qualités qui font de vous un éventail vocal, un orchestre à vous tout seul. Vous nous surprenez toujours avec cette panoplie d’instruments que vous recréez et créez avec votre propre bouche, votre voix. Quelle est l’importance de l’instrumental dans votre travail ? Utilisez-vous parfois des instruments réels ?

Ma voix est l’instrument principal. Je m’appuie essentiellement sur le rythme quand je compose. Ce que j’ai fait pour ce nouvel album, c’est que j’avais une intention forte de ne pas étaler mes qualités vocales et de revenir à quelque chose de plus charnel, de plus sensuel, de plus épuré en enlevant les bonds vocaux, les fioritures. En tous cas, je voulais revenir à quelque chose de plus simple, autant vocalement que dans les mots. Pour cela, il fallait revenir sur ma langue maternelle, la langue que je pratique : le français. Mais ça reste quand même toujours plus explosif sur scène.

Vous jouez aujourd’hui dans le grand auditorium de la Seine Musicale, une salle prestigieuse avec une superbe acoustique. Ça vous fait quoi de jouer ici ?

Ça ressemble à une ruche ! J’ai l’impression d’être une petite abeille dans une grande ruche. C’est très beau. Là, je vais performer avec le groupe qui me suit depuis un an. On est six sur scène et on va jouer les nouveaux morceaux de l’album. Et avant ça, il y aura une première partie avec cette chorale qui se nomme TamaVox. C’est une chorale intergénérationnelle que j’ai encadré au Tamanoir de Gennevilliers dans le cadre d’un projet du Chorus Festival. J’aime les rencontres. C’est toujours stimulant. Dès qu’on me propose de rencontrer quelqu’un, ou de rencontrer une idée ou un projet artistique, je dis oui en général, quand j’ai le temps. Et là, c’était une première de travailler avec une chorale. 50 personnes, c’était un vrai challenge pour moi.

Le répertoire sera composé d’anciennes chansons et de nouvelles pour vraiment permettre aux gens de pouvoir rentrer dans mon univers.

Une dernière question, est-ce que Everybody va danser ? (voir le titre “EVRBDD” de Sly Johnson plus bas sur cette page)

J’y compte bien ! Toujours !

Merci de nous avoir accordé de votre temps. Très bon concert à vous.

 

Propos recueillis par Pierre-Lou Quillard le 06/04/2019 à la Seine Musicale. 

 

 

Le 17 mai 2019 : 

 

Pochette officielle de l’album Silvère, Sly Johnson, Just Looking Productions / Foniogramme

 

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Séance de rattrapage pour ceux qui ne connaîtrait pas Sly !

Everybody Dancin’, The Mic Buddah (2015).

SKIN (Buffalo B) – Silvere Part I (2018).

Une jolie réussite pour le premier festival Format Court
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Pierre-Lou Quillard

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