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[ Rencontre ] David Leblanc, cofondateur et président d’Allo Floride

[ Rencontre ] David Leblanc, cofondateur et président d’Allo Floride

14 January 2020 | PAR Luca Juilliard

Alors que Allo Floride, structure incontournable de la scène française, prépare la fête de ses sept ans au Sacré le 17 & 18 janvier prochain avec une magnifique programmation (Etienne de Crécy, Kiddy Smile, Jabberwocky… ) ; David Leblanc, cofondateur et président, nous a reçus dans ses locaux pour revenir sur la genèse et l’évolution d’un projet fou, alliant organisation de tournée, label et gestion de lieux parisiens. Entretien passionnant avec l’un des agitateurs notoires de nos soirées depuis de longues années.

Pour commencer par une question que je me suis toujours posée : quelle est l’origine du nom Allo Floride ?

En fait tout s’est joué sur une anecdote. On avait des amis qui avaient un groupe pop/rock un peu foutraque qui s’appelait Bonjour Afrique. Un jour, à la sortie d’un concert le programmateur est venu les féliciter en disant : “J’ai adoré votre groupe Allo Floride”. Ça les a évidemment fait éclater de rire et le nom est resté. Au moment où on a voulu monter la boîte on y a tout de suite pensé. Le nom ne veut pas dire grand chose mais il interpelle les gens et représente un univers pop ensoleillé bien sympa. L’identité visuelle de la Floride se décline facilement avec les palmiers etc.. Donc le nom est vraiment venu d’une anecdote assez drôle : Bonjour Afrique transformé en Allo Floride, il fallait quand même le faire !

Oui, en effet, on n’imaginait pas vraiment ça! Et alors, peux-tu nous raconter les prémices de Allo Floride, comment tout ça a démarré ?

On a commencé en 2012 avec Thomas LeFrançois. Au départ notre activité se limitait à de la tournée, c’est ce qu’on faisait tous les deux en tant qu’agents dans notre ancienne entreprise. À l’époque le marché était encore ouvert pour les artistes internationaux. On était sur une scène artistique assez nouvelle et inédite que personne ne travaillait vraiment en France. On a donc fait tourner une grande partie des artistes de l’électro futur-bass australienne, américaine et française avec des artistes comme Flume, Bondax, Fkj qui marchaient très fort et qui n’avaient pas de représentation en France.

Vous étiez donc dans un roster très électro, l’idée de s’ouvrir à d’autres styles musicaux était déjà présente ?

On a toujours eu envie de booker des artistes lives mais il y avait déjà énormément de travail sur la création de la structure et la scène bass music était en pleine essor. On faisait beaucoup de clubs et de festivals. Des futurs grands étaient signés chez nous et leurs développements étaient très chronophages. On organisait aussi des soirées, notamment Embrace qui rassemblait les artistes phares de l’époque qu’on pouvait notamment retrouver sur la chaîne TheSoundYouNeed. C’est assez comique de voir que ce type de musique n’est plus très présent aujourd’hui, il a fallu aussi qu’on s’adapte et qu’on évolue. On est toujours très présents sur le secteur électronique car c’est notre savoir-faire mais on ne peut plus dire aujourd’hui qu’on est juste une boîte à Djs.

Votre structure a beaucoup évolué au fil des années, d’une toute petite structure à plus de vingt personnes. Comment s’est déroulé cette évolution ?

Notre évolution s’est faite progressivement. Au début on était juste deux, puis trois, puis quatre… On a ajouté des postes en fonction des besoins, notre évolution a vraiment été organique. En 2019 il y a eu une vague d’arrivée avec le lancement de notre partie label mais on essaie vraiment de rester à taille humaine pour garantir une qualité de travail. C’est vrai que d’un point de vue personnel ça a été beaucoup de changements mais les choses se sont faites naturellement et les nouveaux enjeux sont passionnants. On a beaucoup d’activités mais on reste toujours au plus près des artistes.

Vous parliez du label qui est l’activité développée le plus récemment, comment vous est venu l’idée d’accompagner les artistes en développement ?

En fait, dès la création d’Allo Floride on avait déjà une idée de ce que serait l’entreprise aujourd’hui. On savait bien qu’en développant uniquement la partie tourneur on irait dans le mur. La concentration du marché était déjà en cours, on avait envie de toucher à d’autres choses. On venait d’une entreprise qui s’appelait Savoir faire, qui fonctionnait déjà sur un modèle assez similaire et les différentes activités fonctionnaient très bien ensemble. Dès le début on devait avoir la capacité à sortir des disques si les artistes avaient des besoins. On avait le petit label Embrace Record très lié au groupe The Geek Vrv qui sortait quelque Eps mais on était pas vraiment structurés. Dans tous les cas, il était nécessaire de pouvoir sortir de la musique et être présent sur les playlists car ça aide vraiment notre métier de tourneur.

Vous êtes aussi au centre d’une myriade de Labels, je pense à Roche Musique pour FKJ, Pain Surprise pour Miel de montagne et bien d’autres. Ce sont aussi ces labels qui donnent l’identité à votre structure. Comment arrivez-vous à travailler avec eux alors que vous possédez vous-même votre structure ?

Bien sûr, ce sont des gens qu’on connaît très bien et avec qui on travaille régulièrement. L’idée n’est pas du tout de marcher sur leur activité mais de travailler avec les partenaires en place. Notre manière de faire est vraiment adaptée aux besoins de l’artiste. S’il est déjà très entouré, on reste sur de la tournée et de la production de live mais, si au contraire il a besoin de plus d’accompagnement, on sera en mesure de le lui apporter. Nos différentes entités, bien qu’elles soient indépendantes les unes des autres, peuvent vraiment travailler main dans la main pour faire du développement de carrière. Pour résumer, on fait venir les artistes et on s’asseoit avec eux pour comprendre leurs besoins en étant très souples sur nos propositions de services.

On a rapidement parlé de la production de spectacle, notamment de live électro. Comment abordez-vous cette activité ?

Ça dépend vraiment des artistes ! Certains arrivent avec des idées très arrêtées sur ce qu’ils veulent et où on est juste là pour gérer un budget. D’autres pour lesquels il faut vraiment tout faire et c’est aussi très intéressant. Sur le live de Bon Entendeur on a eu un vrai rôle à jouer, il à fallu contacter l’INA pour les contenus, penser la scénographie et les mettre en relation avec les bons techniciens. Le rendu est d’ailleurs vraiment sympa, on prépare un Zénith qui va bien marcher et bien d’autres dates pour 2020. Le live électro est toujours différent car, contrairement aux autres styles où les musiciens se suffisent à eux-mêmes, il faut inventer des visuels qui permettront au public d’en prendre plein les yeux et les oreilles.

Vous êtes également gestionnaires de plusieurs lieux dans Paris. Pouvez-vous me parler un peu de votre troisième entité : Eat & Drink ?

Au début, on proposait des prestations de service de bar pour de grands événements type festivals. On a tendance à réduire un peu cette activité. Ce n’est plus vraiment ce qu’on veut faire et ça prend beaucoup de temps. On fait aussi désormais davantage de prestations événementielles pour des annonceurs ou des institutionnels, nous avons notamment un partenariat important avec Bacardi. Nous gérons toutes leurs activations sur les festivals, c’est à dire que nous créeons de l’expérience pour le consommateur, en créant des stands avec des activités pour mettre en avant leurs produits, par exemple un toit terrasse, un combi équipé, un tour de tyrolienne…. Côté lieux, on est d’abord entrés au Ground Control que nous avons cofondé et exploité de 2014 à 2016, puis Dock B à Pantin au côté de Renaud Barillet (La Bellevilloise, La Rotonde..) et enfin au Sacré, dans lequel nous sommes nouvellement associés.

J’imagine que ces différents lieux sont des laboratoires privilégiés pour découvrir des artistes, mais aussi pour produire des lives en résidence. Pouvez-vous me parler du lien entre cette troisième entité et les deux autres évoquées précédemment ?

C’est sur que c’est génial de pouvoir programmer des jeunes artistes et leur offrir une occasion de s’exprimer. Au bout de sept ans, on commence à vraiment avoir une connaissance importante de la scène électro et c’est avec plaisir qu’on utilise ces lieux comme laboratoires. Pour la création de lives c’est différent car on travaille aussi avec des artistes comme Etienne de Crécy qui nécessitent une bien plus grande scène. En tout cas, il est sur que ces différents lieux peuvent nous permettre d’avoir facilement des scènes ou faire jouer nos artistes ainsi que des talents émergents.

Etienne de Crécy sera d’ailleurs présent pour la fête de vos 7 ans le 17 janvier prochain au Sacrée, parlez-nous rapidement de cet événement ?

On fêtera notre anniversaire sur deux jours (les 17 et 18 janvier prochains), il y aura des djs sets (Etienne de Crecy, Jabberwocky…) mais aussi de la musique live (Macadam Crocodile, Mara…). On a vraiment envie de partager avec notre public et nos partenaires la joie du chemin parcouru ensemble depuis sept ans. C’était aussi important d’organiser cette soirée au Sacré pour montrer aux gens ce que sera le futur du lieu. On a vraiment hâte d’y être !

Pour terminer, une question habituelle, que peut-on vous souhaiter pour l’année 2020 ?

Haha et bien la réussite de tous nos événements et projets. On attend beaucoup de l’édition 2020 de l’Electric Parc : c’est un festival de 15 000 personnes vraiment festif sur un site magnifique (l’ile des impressionnistes à Chatou). Le format est assez unique en région parisienne car les festivals en plein air sont souvent grand public tandis que l’Electric Park et très axé sur le dancefloor et la fête. Les gens se déguisent, l’ambiance est très colorée. On a beaucoup marqué de points l’an dernier mais la marge de progression reste importante. On aimerait vraiment que le public parisien réponde présent.

 

Luca Juilliard 

 

Pour suivre les actualités : 

Allo Floride Birthday : https://www.facebook.com/events/529897214533866/

Electric Park : https://www.facebook.com/elektricparkfestival/

Allo Floride : https://allofloride.com/

 

Visuel © Allo Floride 

Remerciements : David Leblanc, Juliette Fouasse, Gwendoline Chapelain et Clara Laffont 

 

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