Electro
[Chronique] « Songs » de Deptford Goth : dans le noir, un peu d’espoir

[Chronique] « Songs » de Deptford Goth : dans le noir, un peu d’espoir

11 November 2014 | PAR Bastien Stisi

Sur Songs, le Londonien Deptford Goth trouve une sérénité (relative) qui teinte sa mélancolie viscérale de lueurs pop. On a désormais moins peur pour lui, car les pulsations par minute (du cœur comme des beats) se sont enfin un peu accélérées…

[rating=4]

Mais soyons clairs toutefois : le nouvel album de cet héritier de James Blake (la capitale londonienne en regorge), qui intervient deux ans après le traumatisé Life After Defo, ne fera encore danser personne (ou au moins personne de vivant). Il continuera de cisailler les esprits, de tordre les estomacs, de permettre à la mélancolie de trouver un petit refuge douillet et compréhensif pour l’hiver. Mais en quittant la lenteur monochromatique du premier album, de ce Life After Defo que l’on envisageait davantage comme un requiem terminal que comme une nouvelle naissance, Depford Goth manifeste un état de forme nouveau. Le garçon serait ainsi plus optimiste (c’est en tout cas ce que l’on nous affirme en amont), et cet « élan » nouveau se retrouve au sein d’arrangements plus polymorphes que par le passé qui viennent rejoindre le piano et les souffles vaporeux (notons le xylophone sur « A Circle », la flûte sur « Relics »), et par des instants que l’on jugerait même, comble de l’étonnement, presque optimistes (« A Shelter, A Weapon », « The Loop »).

Il prouve aussi que c’est bien un humain qui s’adresse à nous, et non plus un fantôme un peu tristounet (on le renommait parfois Deptford « Ghost ») comme le laissaient pourtant envisager quelques-uns de ces morceaux bien difficiles à digérer si on avait le malheur de se les enfiler dans un état de petite faiblesse morale (« Bronze Age », « Feel Real », « Guts No Glory »…) Portés par la force d’une voix idéale en studio comme en live (on avait découvert le Londonien à la Boule Noire lors du dernier Festival des Inrocks), et moins noyés sous les flots cafardeux qu’hier, ces Songs-là voguent sur les océans post-dubstep et électro soul de Gold Panda, de Ry X, de SOHN, d’Oscar and the Wolf, d’un Chet Faker qui aurait oublié d’avaler ses cachets de Lexomil, et énoncent une certitude : la musique a cela de superbe qu’elle peut guérir les âmes. Et même les plus mal en point.


Deptford Goths, Songs, 2014, 37 adventures / [PIAS] / Coopérative, 40 min.

Visuel : © pochette de Songs de Deptford Goth

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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