Electro
[Chronique] « Plush and Safe » de Godblesscomputers : l’électro depuis la Terre

[Chronique] « Plush and Safe » de Godblesscomputers : l’électro depuis la Terre

10 July 2015 | PAR Bastien Stisi

Godblesscomputers (littéralement, « Dieu bénisse les ordinateurs »). On peut donner deux sens bien distincts à une telle appellation : soit le DJ et  producteur italien se prend vraiment pour une divinité en plein état de transcendance (c’est peu probable), soit celui-ci est tout à fait conscient, ou en tout cas davantage que la plupart de ses contemporains adoptant posture artistique semblable, des capacités divinatoires et divinisantes des  machines électroniques qui savent, dans la mesure où l’on sait correctement les dompter, imposer la beauté.

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On favorisera plutôt la deuxième solution. Car Lorenzo Nada ne puise sans doute pas son inspiration depuis les cieux. On n’y façonne rien de pareil. Et puisque cette inspiration ne vient sans doute pas non plus de son Italie natale, où les producteurs étiquetés « post-dubstep de clinique » ne sont pas les artisans les plus en vogue, on imagine plutôt ce signataire de La Tempesta International et de Fresh Yo ! Label  attentif à ce qui paraît du côté de l’Île britannique et de sa capitale londonienne, où les sacro-saints Burial puis James Blake (et ensuite SBTRKT, Deptford Goth, SOHN, William Arcana, Gold Panda, Mount Kimbie…) ont ouvert la voie, depuis une petite dizaine d’années, à l’étalage d’une electronica nouvelle, alternativement ciselée entre soul introspectif, post-dubstep traumatique et Uk garage doucement mouvementé.

C’est au sein de cette famille sonore et thermique qu’il convient de placer le jeune italien, qui alterne comme ses voisins d’Outre-manche les morceaux aux rythmes plus pressés (« Spirits », « Lotus flowers and tears »…) et titres aux formulations patientes (« Prisoners », « Somewhere Away From Me »…) Une famille, Lorenzo Nada en a pourtant déjà une, et de bien proche, puisque ce dernier a construit son Plush and Safe autour de figures particulièrement intimes, que l’on parle de son amie Francesca Amati qui pose sa voix sur « Cloud » et « Light Is Changing » ou de son ami d’enfance Gabriele Chiapparini qui a conçu les photographies de l’album. Francesco Giampaolo, pour sa part, a posé quelques instruments sur un album centré sur l’introspection d’un esprit pas en forme (dans le communiqué de presse, on signe la mélancolie version Cioran…), mais qui se soigne. Par l’electronica exercée par ses soins, et non pas finalement par l’appel paresseux aux Dieux.

Godblesscomputers, Plush and Safe, 2015, La Tempesta Dischi, 48 min.

Visuel : (c) pochette de l’album

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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