Electro
[Chronique] Avec « Swimmer », Discodeine tamise sa lumière

[Chronique] Avec « Swimmer », Discodeine tamise sa lumière

03 November 2013 | PAR Bastien Stisi

Discodeine Swimmer

[rating=3]

Terminé l’ode hédoniste et colorée aux dancefloors épars du monde entier : après un premier opus éponyme célébré par les plus grands noms du clubbing international (Erol Alkan, Busy P, Prins Tomas…), Discodeine emprunte avec Swimmer le chemin de la pop mélodieuse et cependant noircie, et enrichit ses abysses sonores d’expérimentations nouvelles.

Une panoplie impressionnante de remixes (Mesparrow, Château Marmont, Metronomy, Arnaud Rebotini…), une casquette de producteur expert enfilé pour l’inusable Pilooski (Tristesse Contemporaine et Pérez du label Dirty), et une nuance très claire apportée au second volume du projet Discodeine : deux années passées la tête dans le guidon pour l’hyperactif tandem français (Pilooski et Pentile), mais pas de sortie de piste trop facile (trop mainstream ?) pour autant.

Si le premier album collait irrémédiablement au (dance)floor, le second tente d’inédites incursions par-delà les étoiles, laissant parfois sur le bord de la chaussée les relents italo-disco emphatiques qui avaient fait la force du duo dans le passé, favorisant l’agencement d’une pop quasi exclusivement instrumentale et trempée dans une cold-wave kraut (« Seabox », « Slip Slow ») qui n’est pas sans rappeler les ambiances vénéneuses générées par les deux premiers albums des  poulains apatrides de Tristesse Contemporaine.

Accompagné par la voix de Mark Kerr et par celle de Kevin Parker (Tame Impala), venu concurrencer le charisme des violons sur le tube « Aydin », Swimmer paraît devoir quitter la camisole bruyante des clubs électro disco, et se concentrer davantage sur les laboratoires électroniques et alambiqués sensibles à la fusion de l’occidental et de l’oriental, de la pop sensuelle et de l’exotisme extatique, du numérique onduleux et de l’acoustique épuré.

Si Swimmer fait indiscutablement bouger les neurones, que l’on se rassure toutefois : à l’écoute de la house droguée (sous codéine ?) de « Hydraa », ou de l’acidité hypnotique de « Liquid Sky » (à écouter de préférence à une heure où les gens raisonnables sont depuis longtemps couchés), il va sans dire que les hanches et les gambettes auront également leur mot à dire, et que la machine à tubes que l’on connaissait est bien loin de s’enliser. Il faut plutôt croire qu’elle se purifie, simplement.

Discodeine, Swimmer, 2013, Dirty / Pschent, 29 min.

Visuel : © pochette de Swimmer de Discodeine

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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