Musique
DMNR, le nouvel album aux punchlines aiguisées du rappeur Lefa

DMNR, le nouvel album aux punchlines aiguisées du rappeur Lefa

14 April 2021 | PAR Laura Rousseau

Le rappeur Lefa a créé la surprise avec la sortie de son album à la communication originale “D M N R” le 2 avril 2021 et signe son retour fracassant sur la scène rap fr. Ce projet puissant confirme le talent précis et efficace du rappeur.

Un peu moins d’un an après FAMOUS, la réédition de FAME certifié disque d’or, le membre de la Sexion d’assaut a sorti son nouvel album DMNR sans aucune promotion médiatique. Il redevient actif sur ses réseaux sociaux, quelques jours avant la sortie de son nouveau projet, remet à zéro ses comptes et balance seulement l’image d’une explosion orangée comme message annonciateur.

Quelques jours plus tard, un QR code est diffusé sur ses réseaux sociaux donnant accès aux 250 fans les plus rapides à un groupe WhatsApp. Le but ? Déchiffrer l’image sur le principe du jeu Démineur : cibler, déchiffrer les mines dissimulées les empêcher d’exploser. Les 250 fans ont percé le code rapidement : le « N » inversé, inversait toutes les informations. Ainsi « 0402:00 » signifiait : « 00 :0204 » et révélait l’heure et la date de sortie : le 2 avril à minuit. Le « 05P1X12 » informait : 5ème Album, Partie 1, 12 titres.

Ce nouvel opus d’une trentaine de minutes d’écoute n’attend que vous ! Lefa ne se la joue pas solo avec quatre collaborations immanquables, minutieusement choisies : Kalash Criminel sur « Gang », Captaine Roshi sur « Interview » et Guy2bezbar et Rapi Sati sur « P.F.P ».

“Le pays est malade…”

Animosité et énergie sont les ingrédients principaux de cet album puissant au rap pur. Pré-apocalyptique, Lefa se fait messager et démineur et prévient des bombes à retardement que la société crée d’elle-même, qu’il faut à tout prix désamorcer le plus vite possible.

“A chaque intervention, le démineur doit faire preuve de courage, d’intelligence et d’une habilité sans faille. Pour désamorcer une charge explosive, pas de seconde chance” expliquait-t-il dans le teaser avec un extrait de l’opus.

Plus préoccupé que jamais, Lefa dresse un portrait sombre d’une société malade en total perdition. Il n’épargne personne et balance des punchlines engagées très efficaces et dénonce les sociétés occidentales, leur colonialisme, leur racisme et leur violence. Incisif et minutieux, rien n’est laissé au hasard dans son écriture et ses placements. Parmi ses morceaux techniques, et kickés, le banger Chloroquine  à la prod drill signé Young K se détache en livrant un condensé des problématiques de la société : violences policières, ingérences sanitaires, corruption, conflits religieux, et discrimination. “On n’arrête pas les balles avec de la bonne volonté (nan) //Manifestant rentre borgne pour avoir osé s’révolter (merde)” // “Et toi l’Occident, laisse l’Afrique, arrête de piller et de soutirer”

Dans le clip de Chloroquine, réalisé par Akim Louar, Lefa interprète un démineur, dans une ambiance post-apocalyptique, au milieu d’un désert, où il sauve les otages d’un terroriste, mallette d’affaire en main.

Mais qui sont les malfrats ?

Gang” avec Kalash Criminel est le morceau le plus puissant de l’album s’attaquant à cette société malade, et au gang qui est au pouvoir ! Le refrain est entièrement consacré aux “gardiens de la paix” gangréné par leur violence et leur racisme : “Gang, gang (gang, sauvagerie gang), comme les keufs qui frappent en premier”.

Mais ce n’est pas tout. Le rappeur congolais Kalash Criminel s’attaque à l’omniprésence française sur le continent africain qui protège leurs intérêts financiers. Les deux rappeurs dénoncent à la fois les antécédents coloniaux, mais également la main mise française sur l’économie du continent avec des punchlines aiguisées. “Dans mon bled, c’est pas nous qui fabriquons notre pognon” et “Mais si l’Afrique s’appauvrît, ça c’est la faute de l’Occident.” Originaire du Sénégal, Lefa condamne le franc CFA, une monnaie de plomb, qui ne vaut presque rien, héritée du colonialisme et toujours utilisée dans toute l’Afrique subsaharienne.

Une humanité pas si vaine ?

Toutefois, l’album n’est pas si sombre, et entre ses peines et ses souffrances, Lefa rappelle ponctuellement le cadeau de l’amour des siens et des autres, même si cet amour est parfois en berne. A la fois prolifique et qualitatif, le rappeur lâche quelques morceaux plus mélodieux et prouve encore une fois l’étendu de son éclectisme avec l’excellent son “Janet“, consacré à une histoire d’amour déchue. “T’étais ma star, ma Janet, Jackson Janet (yeah)//Pour toujours et à jamais (pour toujours et à jamais), jamais”. On ne s’en lasse pas.

Visuel : Pochette de l’album DMNR – Lefa

Edouard Philippe livre ses “Impressions et lignes claires” après 3 ans à la tête du gouvernement
Vers une réouverture des lieux culturels en mai?
Laura Rousseau

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration