Classique
Création du concert-spectacle « Père et fils » par Christophe et Julien Prégardien

Création du concert-spectacle « Père et fils » par Christophe et Julien Prégardien

19 February 2021 | PAR Victoria Okada

L’Orchestre de Chambre de Paris a présenté, le 26 janvier dernier à la Philharmonie de Paris, un programme intitulé « Père et Fils ». Le concert est mis en ligne en libre accès jusqu’au 25 janvier 2022 sur le site de Arte Concert. Il puise dans les Lieder de Beethoven et de Schubert un répertoire qui fait référence à cette filiation, parentale et spirituelle. Ces partitions sont chantées par deux ténors, le père Christophe Prégardien et son fils Julien Prégardien.

Projet faisant initialement appel à des amateurs pères et fils

Lars Vogt dirige l’orchestre dont il est directeur musical mais accompagne également les deux chanteurs au piano. La plupart des lieder sont interprétés dans des orchestrations de Brahms, Webern, Reger. Parmi eux, Nacht und Tra?ume D 827 de Schubert a été orchestré par Clara Olivares (née en 1993), compositrice associée à l’Orchestre.
La chorégraphie de Thierry Thieû Niang met en place des mouvements symboliques pour certaines pièces, notamment les deux ouvertures de Beethoven, La Créature de Prométhée et Coriolan. Initialement, c’était un projet qui devait réunir enfants et adultes, père et fils des villes partenaires de l’Orchestre, dont les actions sociales sont l’un des piliers de ses activités. Ces amateurs devaient chanter en mouvement, afin de célébrer le lien intime et universel. Malheureusement, la situation sanitaire n’a pas permis leurs participations, mais le projet a été sauvé avec une mise en espace modifiée, concentrant sur deux couples père et fils, l’un de chanteurs et l’autre de danseurs.

Musique chorégraphiée

Le concert commence par l’ouverture de La Créature de Prométhée avec deux danseurs, Thierry Thieû Niang et Jonas Do? Hu?u. Placés sur les deux côtés de l’orchestre en hauteur, ils font mouvoir ses membres, avec une sphère lumineuse à la main. Est-ce le feu que Prométhée a volé pour offrir à l’humanité ? Mais cela rend notre écoute quelque peu distraits, étant peu habitués à voir une chorégraphie sur cette œuvre, qui plus est, tout près de l’orchestre.
Dans la troisième partie, les mouvements proposés par les danseurs confèrent une touche poétique. Des gestes simples mais significatifs Les chanteurs (rapprochement ou éloignement, position assise ou debout, regards croisés…) sont là pour illustrer avec éloquence différentes relations entre père et fils.

Chant filial

spectacle “Père et fils” à la Cité de la musique à Paris © capture Arte Concert

Le choix des Lieder est judicieux et leur enchaînement merveilleusement construit. Les timbres assez similaires des Prégardien créent une unité sur l’ensemble du concert, d’autant qu’ils sont sur la même longueur d’ondes pour avoir respiré le même « air » familial. La vigueur du fils complétée par la maturité du père, et vice versa, confère à leur chant encore davantage de profondeur. Les deux chanteurs nous offrent alors un regard nouveau sur ces lieder étoffés par des arrangements orchestraux, tout en préservant leur caractère intime grâce à leurs souffles et leurs émissions de la voix. En effet, même la large résonance de leurs voix pleinement émises n’empêche pas à exprimer l’intériorité du protagoniste de chaque poème, d’une intériorité paisible à celle torturée, en passant par la fierté et la joie, la peur et l’angoisse. Ainsi, on ne peut qu’être fasciné par ces dialogues dans lesquels chacun trouve ses souvenirs et son vécu. L’Orchestre de Chambre de Paris « accompagne » le père et le fils, dans le sens le plus noble du terme, celui de faire le chemin ensemble. Sans lourdeur ni légèreté, la direction de Lars Vogt trouve le ton juste pour chaque lied, et lorsque celui-ci est au piano, le changement de registre sonore crée un effet dramaturgique extraordinaire.
Nous espérons que lorsque la pandémie sera derrière nous, ce merveilleux projet verra le jour tel qu’on l’avait imaginé initialement, devant une salle remplie !

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