Classique
Une programmation atypique mais formidable à la Philharmonie de Paris

Une programmation atypique mais formidable à la Philharmonie de Paris

11 October 2019 | PAR Jules Bois

Ce vendredi 4 octobre à la Philharmonie se tenait un programme qui sortait particulièrement de l’ordinaire : une performance chorégraphique sur la Symphonie fantastique de Berlioz. En première partie, Ma mère l’Oye de Ravel, et Luan Tan de Qigang Chen.

Interprétées par l’Orchestre National de Lyon et dirigé par Xian Zhang, les pièces étaient merveilleusement bien menées. La cheffe d’orchestre sino-américaine occupe le poste de directrice musicale du New Jersey Symphony Orchestra, et est aussi Direttore Emerito de l’Orchestra Sinfonica Giuseppe Verdi de Milan, dont elle a été directrice musicale de 2009 à 2016.
Il est génial de toujours redécouvrir à quel point Ma mère l’Oye et ses cinq pièces offre autant de fantaisie orchestrale. À l’origine une pièce pour quatre mains au piano, elle est adaptée pour orchestre symphonique en 1911, orchestration jouée ce soir. L’étrange et le merveilleux des contes invoqués par Ravel se retranscrivent avec tant d’ardeur dans un orchestre !

Le ton était donné : ce soir, le concert offrirait un ensemble surprenant et remarquable. Luan Tan – variation pour orchestre, de Qigang Chen était la pièce suivante. Le Luan Tan traduisible par “musique chaotique” ou “notes aléatoires” est un style musical du drame chinois né dans les années 1600, plus populaire que l’opéra Kun Qu, la plus vielle forme d’opéra chinois qui soit encore jouée. Qigang Chen est reçu en classe de composition au Conservatoire central de Pékin en 1977, et reçoit en autres le Grand Prix de la Musique symphonique de la Sacem en 2005, et est nommé directeur musical de la Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2008 à Pékin. Sa pièce jouée ce soir est composée entre 2014 et 2015, et créée le 17 avril 2015 par le Hong Kong Philharmonic.
L’ensemble de la pièce est toujours très fournie, ne laissant que peu de temps pour souffler, sans pour autant être étouffant. Un joyeux tumulte s’en dégage souvent, ponctué de moments plus intenses, et toujours traversé par une imperturbable et claire ligne rythmique.

La seconde partie réservait encore plus de surprises. Saburo Teshigawara accompagné par Rihoko Sato allaient présenter une performance chorégraphique sur la Symphonie fantastique de Berlioz. Mais le fantastique bien connu de l’œuvre de Berlioz était ici partagé par la performance des chorégraphes. Devant l’orchestre, sur une scène mouvante et définie par la lumière des projecteurs, laissant l’orchestre dans l’ombre, la danse devenait musique. Passé le moment d’appréhension, le mouvement parfaitement associé à la musique devenait un ensemble confondu, musical et gestuel. Très technique, la danse de Saburo Teshigawara était peut-être moins facile d’accès que celle de sa partenaire Rihoko Sato. Mais elle restait géniale par sa précision et sa difficulté. La partie chorégraphique de Rihoko Sato offrait un tout à couper le souffle. Plus démonstrative, avec des gestes plus amples et rapides, le mouvement devenait fluide. Pour le second mouvement, la danseuse était habillée d’une tenue blanche qui, sous la lumière des projecteurs, se découpait avec une force extraordinaire sur la pénombre de la salle. Sa danse virevoltante couplée aux jeux de lumières et à la virtuosité de la symphonie formaient un ensemble ébahissant. Et que dire lorsqu’au dernier mouvement, les deux chorégraphes se rejoignent pour composer ensemble.

En bref, une soirée surprenante et l’occasion de découvrir une programmation inaccoutumée. Nous ne pouvons qu’applaudir l’Orchestre National de Lyon dirigé par Xian Zhang, et les danseurs Saburo Teshigawara et Rihoko Sato pour avoir proposé un concert aussi unique.

 

Vue extérieure – Philharmonie © William Beaucardet / Philharmonie de Paris

 

« Fausse note » : un thriller haletant au théâtre de la Contrescarpe
Troisième édition du Festival Via Aeterna à Mont Saint-Michel
Jules Bois

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration