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Un moment de recueillement et de poésie A la Seine Musicale, avec le Chœur Accentus.

Un moment de recueillement et de poésie A la Seine Musicale, avec le Chœur Accentus.

28 March 2022 | PAR Jean-Marie Chamouard

A la Seine Musicale, le 25 Mars 2022, le chœur Accentus propose sous la direction du chef Letton Sigvards Klava un programme totalement à cappella, consacré à la musique nordique. Le chœur interprète des œuvres de Georgy Sviridov, Sergueï Rachmaninov, Einojuhani Rautavaara et Peteris Vasks.

Accentus : un chœur orienté vers la musique nordique et contemporaine

Bleu et jaune. Ce soir la Seine Musicale est illuminée aux couleurs de l’Ukraine. Russie, Finlande, Lettonie, le programme est résolument nordique. Un concert totalement à cappella interprété par le chœur Accentus. L’ensemble vocal Accentus a été fondé par Laurence Equilbey en 1991 et réside à Rouen. Il est formé de 32 chanteurs professionnels. Le chœur de chambre est spécialisé dans les oratorios, les chants à cappella, la création contemporaine. Depuis 2018 Accentus est devenu le premier centre national d’art vocal. Ce soir Accentus est dirigé par Sigvards Klava (né à Riga le 29 Novembre 1962). Il a dirigé la plupart des créations contemporaines lettones pour chorale. Précision, dépouillement, finesse, délicatesse, son interprétation est un travail d’orfèvre.

Des chants liturgiques orthodoxes

Le concert débute avec Georgy Sviridov (1915-1998) compositeur renommé en Union Soviétique, sa musique servait de générique au journal télévisé ! Elève de Chostakovitch au conservatoire de Leningrad, son œuvre sera d’abord d’inspiration romantique puis populaire russe. Ses compositions pour chorales sont très reconnues, s’inspirant des poètes russes mais aussi de la liturgie orthodoxe. Accentus interprète ce soir les chants de « Cantiques et Prières », une œuvre majeure, écrite entre 1988 et 1997. Sérénité, puissance des basses, pureté musicale, l’auditeur est d’emblée captivé.
Sergueï Rachmaninov (1873-1943) a écrit son concerto pour chœur à 20 ans en 1893. Il a été inspiré par la cathédrale Ste Sophie de Novgorod, construite entre 1045 et 1050, dans la première capitale de la Russie. Le son de ses cloches fascinait Rachmaninov enfant. L’œuvre débute par un écho lointain qui se rapproche peu à peu. La musique est lente, recueillie, paisible. L’auditeur peut imaginer un monastère, dans la brume ou sous la neige. Le chant devient ensuite plus rapide, énergique, joyeux évoquant une louange à Dieu puis s’éteint peu à peu dans une grande douceur.

Le chant des poètes

Le compositeur finnois Einojuhani Rautavaara (1926-2016) a composé sa première Elégie en 1993 selon un poème de Rainer Maria Rilke. « Tout ange est terrifiant » dit le poète : la musique est hachée, tourmentée, puis se développe une mélopée attendrissante. La voix soprane flotte au dessus du murmure du chœur. « La musique perce l’immobilité muette d’où s’échappe un adolescent divin qui nous console ». Le poète chante un autre monde, accompagné par une musique sublime.
« Qui frappe au portail ce matin ? ». L’inquiétude s’impose des le début du Message de la Mésange, ce chœur écrit en 2004 par le compositeur letton Peteris Vasks. La musique est oppressante, surprenante, menaçante. Malgré le murmure de la mésange, elle devient chaotique presque martiale jusqu’à l’éclat de rire effrayant du Seigneur de la guerre. Puis un apaisement survient, autour de thèmes champêtres inspirés du folklore letton. Péteris Vasks nous offre une œuvre très expressive, très impressionnante.
Retour à Georgy Sviridov et à la liturgie orthodoxe. Le dernier chant, « Terre du Seigneur » est une proclamation à la face du monde. Un chœur à la gloire de Dieu, ample, majestueux. Les Alléluias finaux expriment la douceur, la gloire, puis s’éloignent comme un adieu.
Accentus et Sigvards Klava nous ont proposé un programme original permettant de découvrir des œuvres peu connues, religieuses et profanes.
L’auditeur sera touché par la pureté musicale et la poésie émanant des œuvres entendues. Une soirée mémorable et émouvante qui se terminera par une prière pour l’Ukraine.

Visuel : JMC

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Jean-Marie Chamouard

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