Classique
Shell Schock, A requiem of war à la Philharmonie

Shell Schock, A requiem of war à la Philharmonie

13 November 2018 | PAR La Rédaction

Nous étions ce 10 novembre à la Philharmonie de Paris pour la reprise de la création de l’opéra Shell Schock, sur un livret de Nick Cave et une musique de Nicholas Lens.

Shell Schock, quel choc !
L’ouverture des chœurs sur une seule et imperceptible note s’enchaînant sur les cris horrifiés du chœur tout entier restera en mémoire.
On sait dès les premières secondes que l’on va assister à un spectacle fort, puissant et…sinistre.
On peut se rendre compte dès les premières notes de la très haute qualité du Silesian Choir, et de la beauté des voix qui le constitue.

L’opéra va ensuite se construire en 12 “Canto”, autant de scènes de vie (et de mort) des involontaires acteurs de la grande guerre.
En ouverture, un soldat se remémore son destin, au milieu des cadavres tombant les uns après les autres du haut des trois niveaux de l’immense mur blanc en fond de scène.
Le chaos se poursuit avec le canto de l’infirmière tel un ange de la mort, dans une complainte saisissante.
Puis le chœur des déserteurs, violents, avec ses crescendos de cuivres furieux, ces trois trompettes écartées au sein de l’orchestre, comme des appels perpétuels à rejoindre les rangs, et ses percussions terrifiantes. Entre réalité et cauchemar, ce tableau s’enchaîne sur celui des survivants, sur lequel planent toujours les anges de la mort (symbolisés par les chœurs, et les trois flûtes)
Dans ce délire onirique, un soldat tente de négocier avec la mort de ne pas le prendre, mais celle ci est intraitable.
Magnifique air (le seul passage un peu tonal de l’oeuvre) que le canto du soldat inconnu, sur quintes de cordes graves, qui fait monter l’émotion.
Puis c’est au tour des mères, esseulées, perdues de pleurer, assommées par les violents accords de cuivres et les roulements de timbales, jusqu’à finir par les orphelins de la drôle de guerre, et la voix seule de cet enfant qui finit a capella “I miss my father and my mother…very much…very much”

Radicale composition et énorme travail de timbres pour le compositeur Nicholas Lens, poétique livret de Nick Cave, grandiose scénographie de Eugenio Szwarcer, et l’orchestre philharmonique de Radio France à son meilleur avec le très précis Bassem Akiki à la direction (une performance, tant l’oeuvre est difficile à conduire)

Malgré la pluie, et Emmanuel Macron, qui nous fit faire un détour de 30 min dans le vent pour présence à la Philharmonie retardée, le spectacle était celui à voir pour cette commémoration du centenaire de la grande Guerre.

VLADIMIR

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