Classique
Seule dans Bach, Hilary Hahn transporte la Maison de la Radio

Seule dans Bach, Hilary Hahn transporte la Maison de la Radio

17 October 2018 | PAR Yaël Hirsch

Seule avec son violon, sa longue jupe fleurie, une sonate et deux partitas de Bach dans l’espace immense et nu de la Maison de la Radio, Hilary Hahn a mis un public exigeant en transe, ce dimanche 14 octobre 2018.

[rating =5]

20 ans après son premier disque qui lui était dédié, Hilary Hahn vient d’enregistrer la suite de la musique pour violon seul de Jean Sébastien Bach. Le disque vient de paraître chez Deutsch Grammophon le 5 octobre et la violoniste de 38 ans porte avec elle son programme exigeant : Sonate 1, Partita 1 et Partita 2 avec sa mythique chaconne, sur les route des grandes salles du monde.

Ce dimanche après midi elle faisait escale à la Maison de la Radio où elle est artiste en résidence (a Radio France) cette année et où elle a presque joué deux heures devant un public averti. La taille de la salle, la concentration de la violoniste, sa silhouette tellement solitaire dans un espace d’habitude habité par tout un orchestre : tout cela rend le contexte solennel et impressionnant. Tout comme la musique pour violon seul de Bach, longtemps considérée comme un exercice pour les violonistes et aujourd’hui réhabilité comme un sommet de difficulté et de prouesse artistique. Avec en plus, pour presque tous en tête la version canonique de Yehudi Menuhin. Légère tension donc et moment où l’on retient son souffle. Mais dès les premières notes de l’adagio, c’est une libération: à une perfection technique absolument époustouflante, Hilary Hahn ajouté sa marque de fabriquer : sur son Vuillaume, le son est toujours rond, riche et presque caressant. Jamais le son ne Syrie ou ne brusque dans le phrasé clair et néanmoins parfaitement délié de la violoniste. Au point qu’on est déjà presque dans quelque chose de doux, de romantique dans sicilienne de la première sonate. Ce qui n’empêche pas la puissance qui culmine dans le presto final de cette première œuvre. L’intensité est telle que le public commence à applaudir entre les mouvements, notamment après la bouleversante sarabande de la première Partita.

Un temps de pause où l’on se réveille aux rayons de soleil qui percent la paroi de verre de la Maison de la Radio et chacun revient à l’auditorium et à un recueillement parfait. Dans la deuxième Partita, si cela était possible, la communion entre Bach, la soliste et son public est encore plus profonde. Hilary Hahn danse au rythme des reprises et son rythme crée tellement une sorte de transe mystique dans laquelle chacun pénètre et s’oublie.

La salle est en lévitation tout juste comblée de continuer à mesurer l’acuité et la perfection technique et sensible de cette exécution qui nous emmène vers un lointain ailleurs. La chaconne finale semble ne jamais se tarir et en effet, nous voudrions que cela ne cesse jamais. Applaudie debout et à tout rompre, Hilary Hahn à la force et la générosité d’un bis qui couronne deux heures de concert et plus d’une heure trente de musique.

Visuels : couverture d’album et photo après le concert (c) YH

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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