Philippe Herreweghe et le Collegium Vocale Gent ouvrent le festival d’Ambronay
Le Festival d’Ambronay est à présent inscrit dans les festivals attendus de la rentrée. Cette année ne fait pas exception avec un festival placé sous le thème de “Vibrations : Lumières”. Alors que le second weekend touche à sa fin, nous revenons sur son ouverture qui s’est faite vibrante et lumineuse grâce au Collegium Vocale Gent sous la direction de Philippe Herreweghe pour une soirée sous le signe de Bach et des “Lumières célestes”…
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Dans le cadre enchanteur qu’est cette ancienne abbaye entièrement réinvestie par l’âme non seulement du festival mais aussi du label ou encore de l’Académie d’Ambronay, le programme de cette année nous accueille en ces termes : “Se déplacer pour partager un concert, c’est vivre une expérience unique, physique, émotionnelle ou spirituelle, c’est palpiter d’un même c(h)oeur. Cette communion vibratoire nous est devenue aujourd’hui plus que jamais indispensable”. La promesse de la vibration fut-elle alors tenue? Nous sommes quelque peu partagés sur ce point…
En effet, l’acoustique de l’abbaye est difficile à dompter et il est délicat de juger du rendu global depuis une place fixe. Pour nous qui étions à l’avant côté vents, nous avons noté un déséquilibre avec les cuivres trop présents durant la première partie, rendant par contrebalancement les violons un peu “mous” ou “endormis”. Toutefois, nous ne nous permettrons pas d’avancer qu’il s’agit là d’une observation valant pour toutes les places de la salle.
Ce que l’on note toutefois, c’est une première partie manquant globalement un peu d’énergie malgré le maestro de renom qu’est Philippe Herreweghe. La cantate BWV 130 “Herr Gott, dich loben alle wir” ouvre la soirée mais on ne ressent pas l’esprit festif que nous dépeint le programme, comme s’il s’agissait du réveil de l’orchestre encore un peu ensommeillé. Le Collegium Vocale Gent ne semble alors pas porté par les instruments et, bien que les voix et la prononciations soient très bonnes, on a du mal à se laisser emporter parmi les anges.
Suit la Cantate BWV 149 “Man singet mit Freuden vom Sieg” déjà plus dynamique, notamment côté cordes. Le choeur offre un très moment dans sa partie finale où l’on entend alors apparaître cette lumière dont il est question dans ce festival. Nous profitons de cette partie pour saluer les solistes présent avec le choeur : Hannah Morrison et Alex Potter tout d’abord, qui ont véritablement enchanté l’abbaye, ainsi que Thomas Hobbs et Peter Kooij.
Vient enfin la deuxième partie de la soirée consacrée entièrement à la Cantate BWV 198 “Man singet mit Freuden vom Sieg (Trauerode)”. Le contraste avec la première partie est alors assez notable dans cette cantate absolument superbe et maîtrisée du début à la fin, tant d’un point de vue orchestral que vocal. L’équilibre est alors bien présent, l’harmonie se crée et la direction de Philippe Herreweghe se fait entendre. La magie opère enfin et l’on ressent la grandeur de cette ode magistrale. Une très belle réussite.
Si nous sommes quelque peu partagés à cause du contraste entre les deux parties, nous ne pouvons nier la qualité de l’ensemble de la soirée actuellement disponible sur Culturebox que nous vous conseillons : la prise de son est ici excellente et balaie les éventuels désagréments évoqués plus haut.
Un début de festival qui tient finalement les promesses de lumière et de vibration, laissant percevoir une suite toute aussi lumineuse. Rendez-vous jusqu’au 9 octobre pour la suite…
© Michiel Hendryckx