Classique
Maria-Joao Pires et Julien Brocal à la Philharmonie [Live-Report]

Maria-Joao Pires et Julien Brocal à la Philharmonie [Live-Report]

14 November 2017 | PAR Olivia Leboyer

Hier soir, nous avons eu la joie d’entendre la grande pianiste lisboète Maria-Joao Pires, à quatre mains avec le jeune et talentueux Julien Brocal. Un concert féerique, tour à tour enlevé, mélancolique, doux, virevoltant.

Notre attente, tout d’abord, a été déjouée : nous rêvions de ce concert, pour la lumineuse Maria Joao Pires, mais aussi pour entendre Le Prélude à l’Après-midi d’un faune de Debussy. Or, ce faune lascif nous a échappé ; remplacé au programme par Les Jardins féériques de Maurice Ravel. Pas de sensualité trouble, mais un tourbillon de notes vives, égrenées à quatre mains, comme des perles de cristal. Pureté et émerveillement d’un paysage, mettons le superbe jardin de Sintra, ou bien le jardin extraordinaire de Trenet.

Après ce très joli préambule surprise, Maria Joao Pires, seule au piano, a joué pour nous les Quatre Impromptus D 935 de Schubert. Délicat, doux, son toucher nous transporte : le premier Impromptu s’élance, ample et vif, pour prendre des tours étonnants, un Allegretto en la bémol majeur, un Andante reprenant un thème de Rosamunde et du Quatuor à cordes n°13, puis un Allegro scherzando séduisant en diable. Assis en retrait, à une petite table, Julien Brocal reste sur scène, captivé. Les deux pianistes, très complices, se connaissent bien, puisqu’ils se produisent régulièrement ensemble dans le cadre du projet collectif Partitura, initié par Maria Joao Pires.

C’est la même écoute amicale que prodiguera après l’entracte Maria Joao Pires à Julien Brocal lorsqu’il nous livrera son interprétation des Miroirs de Maurice Ravel. Les thèmes évoqués sont ici nommés directement : Noctuelles, Oiseaux tristes, Une barque sur l’océan, Alborada del gracioso (un bouffon espagnol), La vallée des cloches. La musique peut susciter en nous des images, ou non. Nous sentons-nous tenus de nous représenter ces oiseaux, barques ou cloches ? En vérité, Oiseaux tristes plane bel et bien avec une ombre portée, le bouffon cabotine avec espièglerie, et les cloches tintinnabulent, pour laisser résonner en l’air une dernière note vibrante.

Pour terminer ce concert, Maria Joao Pires a choisi Schubert : le thème de la Fantaisie en fa mineur D 940 est poignant, saisissant de douceur et de mélancolie.

visuel : F Broede

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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