[Live Report] A l’Opéra de Lyon : une rencontre entre Josephe Haydn et un grand William Christie
Dimanche dernier, l’Opéra de Lyon offrait un véritable événement à son public : la venue du grand William Christie dans un registre qu’il connaît et maîtrise comme peu d’autre, non pas à la tête de ses Arts Florissants mais à celle de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon. Oubliée la déception lors de Rameau, maître à danser ! Nous avons assisté cette après-midi-là à une véritable leçon de maître.
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Au programme de ce concert, deux œuvres seulement, mais magistrales, la première durant environ une demi-heure et la seconde une heure. Nous commencions donc par la Symphonie n°49, en fa mineur, « La Passione », Hob. I:49 en quatre mouvements. Quelques notes suffisent à être touché par la profondeur de la partition et de l’interprétation. Lyon possède indéniablement un orchestre fabuleux et talentueux qui, sous la direction de William Christie, parvient à faire naître une magie qui perdurera jusqu’à la fin du concert. A l’Adagio succède un Allegro di molto qui contraste et offre un dynamisme savamment modéré qui permet d’apprécier d’autant plus le finale presto. Au troisième mouvement, les petits moments entre violon et hautbois laissent les sonorités des deux instruments se confondent pour n’en former qu’une, dans un parfait équilibre des nuances.
L’entracte se fait et laisse place aux Sept Dernières Paroles du Christ en croix, Hob.XX:1, pièce principale du concert, divisée en sept sonates, avec une introduction et une sorte de conclusion avec Il Terremoto. De nouveau, la magie opère dès les premières notes et l’on comprend l’intention de William Christie non seulement dans la musique mais aussi dans sa direction et sa gestuelle sur scène. Chaque sonate est introduite par la lecture du texte latin ; ainsi, au sixième mouvement, on a réellement l’impression d’entendre des gouttes d’eau après l’extrait (traduit sur l’écran de surtitrage) finissant par « J’ai soif ». Ce moment est superbe, en osmose total entre public, musique, chef et texte.
Petit élément amusant, le lecteur qui se lève légèrement trop tôt entre la sixième et la septième sonate avant de se rasseoir, tête baissée, mais pas sans s’être fait remarqué. A noter également un léger déséquilibre ponctuel des flûtes lorsque le nombre d’instruments est réduit, mais peut-être était-ce uniquement dû à l’acoustique de la place.
Enfin, le dernier mouvement, ce fameux Tremblement de terre : William Christie tape du pied gauche, et c’est alors la déferlante musicale absolument grandiose, nous emportant au passage, et à laquelle le public, conquis, répondra par un tonnerre d’applaudissement qui résonnera aussi fort que si la salle était comble.
Le moment des saluts laisse alors voir pleinement ce que l’on avait senti avant : un chef d’orchestre d’une grande bienveillance pour ses musiciens mais qui, malheureusement, n’offre pas de rappel. C’est d’ailleurs là le seul regret de ce fabuleux concert qui permit de redécouvrir un Haydn magnifié par Christie et l’Orchestre de l’Opéra de Lyon!